Et mon coeur transparent : Véronique Ovaldé

Livre lu dans le cadre du jury de Septembre pour le Prix des lectrices de ELLE.  
 
Lancelot perd sa femme Irina dans des circonstances étranges puisqu’elle meurt à un endroit où elle n’aurait pas dû être, dans une voiture qui ne lui appartient pas. Il doit alors faire face à une succession de découvertes. Un beau-père apparaît alors qu’on le croyait mort, un ancien voisin refait surface et il se rend compte que la femme qu’il adorait était en réalité un mystère pour lui.
 
Je suis très partagée sur ce roman.
 
J’ai beaucoup aimé la manière dont Véronique Ovaldé parle du deuil de Lancelot, de la perte de sa femme qui le fait se perdre un peu, et de son adaptation à l’absence. Il y a de très belles phrases et de belles images sur ce thème (Page 80 « Quand j’étais avec Irina, je ne ressentais jamais la solitude comme je la ressens maintenant. Elle m’empêche de respirer et d’imaginer ce qui va se passer dans les heures à venir. Elle me bloque dans le présent. Me goudronne les plumes. » et aussi le « mini » chapitre 31, page 175, entre autres.)
J’ai aussi bien aimé le fait (poussé ici à l’extrême) que l’on ne connaît pas vraiment les gens avec qui on vit, et les découvertes en chaîne qui suivent la mort d’Irina.
Malgré cela, j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman étrange, avec ses petites touches d’irréel comme les meubles qui disparaissent, les rencontres incongrues et l’absence d’étonnement de Lancelot. Mais c’est le style qui m’a surtout posé problème. Les phrases très longues entrecoupées de digressions entre parenthèses et les citations au style direct sans guillemets au milieu de phrases au style direct m’ont beaucoup gênées. J’ai trouvé que cela cassait le rythme de la lecture et détachait trop la forme du fond.
Au bout du compte je me suis un peu ennuyée et à partir de la moitié du roman, mon intérêt s’est émoussé, particulièrement quand Lancelot vit avec « Klaus » et que je ne trouvais plus l’émotion du début.

Adoptez un légume : le céleri rave.

S’il y a bien un légume qui ne paie pas de mine, c’est bien le céleri rave…Il n’est pas beau, on ne sait pas trop quoi en faire…Mais je suis contre la discrimination physique!

Alors essayez mon « Gratin de Céleri Rave »! C’est une recette que je tiens de ma maman qui est une très bonne cuisinière, mais je ne pense pas qu’on puisse parler de recette de famille car ma mère tient tout son savoir de livres et de magazines, ma grand-mère n’ayant pas été un modèle dans ce domaine!!

Bref, bref : petite opération chirurgicale :

AVANT :                                                                                           

 

APRÈS :

Ingrédients pour 4 personnes :

1 céleri rave / 20cl de crème liquide / 25g de fromage râpé (moi j’en mets plus, au pif) / du beurre / 1dl de bouillon de volaille / sel, poivre / (facultatif : 1 paquet de lardons fumés)

Four th 7

Après avoir enlevé toute la peau moche du céleri rave (oui, on a le droit de dire qu’il est moche, c’est un légume, il ne sait pas lire!), couper en morceau de 1 cm d’épaisseur en triangles ou en lamelles.

Faire fondre le beurre dans une sauteuse, mélanger les morceaux de céleri, puis ajouter le bouillon, sel et poivre et faire cuire à feu doux et à couvert pendant 20 mn. Le céleri doit être tendre et le bouillon s’évaporer un peu.

Au bout de 20 mn, retirer le bouillon et mélanger le céleri avec la crème et le fromage râpé (et les lardons préalablement cuits à la poêle). Mettre le tout dans un plat allant au four, saupoudrer de fromage râpé et laisser 10 mn au fou, et peut-être un petit passage au grill pour gratiner.

Mmmmmmhhhhh…c’est bon!

« Des papillons sous la pluie » de Mira Maguen

Livre lu pour la séléction du mois d’octobre du Prix de ELLE catégorie Roman.

 

Des papillons sous la pluie

 

Dans « Des papillons sous la pluie », on suit pendant quelques jours les pensées, entre passé et présent, d’un homme de 35 ans, médecin généraliste à Jérusalem. L’élément déclencheur de ses réflexions est un message sur son répondeur : « Allo, c’est Eva, ta mère. ». Un message qu’il attendait -ou plutôt, qu’il n’attendait plus- depuis 25 ans, depuis qu’à 10 ans sa mère l’avait abandonné sans nouvelles à la charge de sa grand-mère.

Le roman est donc une suite de réflexions où se mêlent ses souvenirs d’une mère un peu trop jeune, un peu légère, originale et indomptée, de sa grand-mère, solide point d’ancrage et d’amour, de ses cousins qui lui enviaient parfois l’absence de mère et de ses sensations d’enfant solitaire. En parallèle le présent s’imbrique à ces pensées : sa vie actuelle, sa grand-mère aujourd’hui diminuée par une attaque qu’il voudrait voir vivre pour toujours, sa petite amie ambitieuse avec laquelle il n’arrive pas à s’engager, et sa condition d’homme adulte.

Une écriture fluide nous emmène dans la tête d’Adam. Des images et des sons qui ne l’ont jamais quittés lui remontent de l’enfance : un éclat de lumière dans un morceau de verre, les pas dans les escaliers, des ombres, des rires qui n’ont pu se libérer dans son esprit qu’avec le retour de sa mère. Il semble chercher à prouver à tout le monde que sa réapparition dans sa vie ne change rien, mais en réalité sa vie en est bouleversée, tout est remis en question et c’est dans la maison de son enfance qu’il cherche refuge.

Si au début, j’ai trouvé le roman plein de douceur et d’une lenteur propice à ce retour sur l’enfance, à ces journées de crise intérieure, j’ai fini par trouver le rythme trop lent  justement, avec des longueurs, particulièrement sur la description des relations entre Adam et Eliana, la petite amie, qui à mon avis n’apporte rien au récit. Par contre, le portrait de la grand-mère -dans le passé comme dans le présent- est très réussi, touchant et fort.

 

 

Grand prix des lectrices de ELLE : mois d’octobre

Début septembre, je reçois la lettre signée par « la Responsable du Prix Littéraire » (avec les majuscules et tout!) m’annonçant l’arrivée des prochains livres à lire, commenter et noter pour le 30 septembre…et là…panique à bord…il n’y a pas 3 livres comme prévu…mais 4!

Merde Zut et Flûte! (Je suis une fille polie!) Ça servait à quoi que je m’embête à comprendre le système d’élimination mathématique ?!) Et oui, le jury d’octobre nous a fait la gentillesse de mettre ex aequo les deux polars…

Non, mais ça va pas du tout ça, on n’a pas signé pour 4! On n’est pas au bagne! C’est du travail à la chaîne ou quoi?!

Bref, je râle, je râle mais au moins…moi…la Poste a été gentille et m’a apporté mon colis à temps…c’est pas comme d’autre, hein Renée?!

Et puis j’ai lu, j’ai lu et j’ai réussi à tout finir…et tout commenter et noter à temps.

Enfin… j’aurai eu le temps de tout finir, mais il a un livre que je n’ai pas réussi à lire parce qu’il me tombait des mains…Et comme je me forçais, avec conscience professionnelle (heu? professionnel, c’est quand on est payé, non?), mon homme m’a fait remarqué que quand on arrivait pas à lire un livre parce qu’on aimait pas le style et qu’on ne rentrait pas dedans, la critique était faite d’elle même, alors j’ai abandonné, en expliquant pourquoi…Je ne pense pas en parler ici mais sachez que c’est « Jusqu’à ce que mort s’ensuive » de Roger Martin…que j’avais envie d’aimer car le thème du racisme et de la ségrégation dans l’armée américaines pendant la deuxième guerre mondiale me paraissait intéressant…

Mon traître : Sorj Chalandon

« Mon traître » raconte l’histoire d’Antoine, un français qui entre 1977 et 2006 fut très lié à l’Irlande du Nord. On est immergé dans ses rencontres avec les gens de Belfast, son implication avec l’IRA et principalement sa relation amicale et presque filiale avec Tyrone Meehan une figure forte de cette communauté. Ces chapitres sont entrecoupés d’interrogatoires de celui-ci en 2006 dans lesquels on apprend qu’il a trahi la cause de l’IRA en étant un informateur pour l’Angleterre durant 25 ans.

Dès la première phrase du roman, Antoine, le narrateur, raconte son passé en surnommant Meehan « mon traître », choisissant par ces deux termes opposés de montrer que même s’il a trahi il n’en reste pas moins une figure importante de sa vie. Il dit « mon traître » comme il pourrait dire « mon père ». Quand il apprend la trahison politique de Tyrone, Antoine se sent personnellement « trahi » car il se met à douter de la valeur de son amitié et il sent qu’il perd « son » Irlande qui était incarnée par Meehan.

En effet, Antoine a trouvé une famille dans la communauté catholique de Belfast, une humanité et un sens à sa vie. Il se sent plus irlandais que français (« Mon nouveau pays » p 71, « Je retrouvais en moi quelque chose qui sommeillait depuis toujours. Quelque chose de moi sans que je le soupçonne.» p76). Il a trouvé dans cette population la chaleur que les gens savent donner malgré la dureté de la situation politique. Le roman rend vraiment cette chaleur et cette solidarité qu’on retrouve par exemple dans les scènes de rassemblements dans la rue, jeunes et vieux mélangés pour défier les soldats anglais, honorer les morts ou célébrer la trêve.

J’ai aussi beaucoup aimé les pages sur le travail de luthier d’Antoine, tout en précision et en douceur comme des moments de paix intérieure. Historiquement j’ai beaucoup appris sur l’Irlande du Nord, des faits dont j’avais des notions imprécises et qui sont présentées dans le roman du point  de vue des gens de la rue. Les questions de la cause politique, de l’engagement, de la recherche d’identité, de l’amitié et de la paix sont à mon avis très bien traitées.

Le style m’a beaucoup plu ; fluide, rythmé mais plein de douceur. On sent que l’auteur aime ses personnages car il en brosse des portraits tout en nuance, plein d’affection. C’est aussi un roman d’atmosphère, d’émotion et de sentiments forts tout en étant proche d’un quotidien souvent très grave. J’y ai trouvé de très belles images, dès la première rencontre avec Tyrone Meehan où celui-ci lui a « appris à pisser », ou quand Antoine découvre la trahison et la réaction physique que cela entraîne. J’avais souvent envie de noter des phrases qui me parlaient ou m’émouvaient…

Livre lu dans le cadre du prix des lectrices de ELLE 2009 catégorie « Roman ».


Commentaires laissés sur canalblog à l’époque :
  • le narrateur épouse par amitié la cause de l’IRA. Une histoire d’amitiés dans les tourments de cette guerre qu’on ne voyait pas finir.L’Irlande du Nord, les dessous de l’IRA, le métier de luthier, une écriture limpide et forte, un très beau livre. Posté par fantomette, jeudi 23 octobre 2008
  • Je suis tout à fait d’accord avec toi : limpide et fort. J’ai bien envie de lire autre chose de lui. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère qu’il a réussi a crér.

    Posté par Enna, jeudi 23 octobre 2008
  • Merci pour cette excellente lecture et je poursuivrai bien sûr avec « retour de Killybegs » Posté par Véronique, vendredi 24 février 2012
  • Je suis très touchée de me dire que tu l’as peut-être découvert en partie grâce à moi car c’est un livre qui m’a beaucoup marquée et c’est un des premiers billets que j’écrivais puisque c’était pour le prix de Elle. Je pense que tu aimeras beaucoup « retour à Killybegs » Posté par Enna, samedi 25 février 2012