Tant que je serai noire : Maya Angelou

Livre lu pour la sélection de janvier du Prix des Lectrices de ELLE, catégorie « documentaire ».
L’histoire de Maya Angelou est l’histoire d’une femme racontée par elle-même mais c’est aussi un peu de l’histoire des femmes Afro-américaines, une histoire des femmes noires en général, et finalement, une histoire de toutes les femmes.
Maya Angelou est une femme entière qui a toujours eu du mal à n’être vu que sous un angle de son identité –une Noire aux yeux des Blancs ou une femme aux yeux des hommes. Indépendante et forte, elle élève seule son fils. Artiste, elle s’engage dans les mouvements des droits civiques qui se développent à cette époque autour de Martin Luther King ou de Malcom X.
Mariée à Vismuzi Make –combattant pour la liberté des Noirs d’Afrique du Sud- elle découvre alors l’Afrique et les Africaines, elles aussi des femmes fortes. Elle est en quelque sorte une sorte de trait d’union entre cette Afrique des années 60 qui cherche à devenir indépendante et les Afro-américains descendants des esclaves.
« Les Africaines répondirent par des récits de reines et  de princesses, de jeunes filles et de marchandes qui  déjouaient les Britanniques, les Français ou les Boers. A mon tour, je racontais l’histoire de Harriet Tubman […] esclave, […] Libre enfin, sous un ciel libre, à des centaines de kilomètres des chaînes et des coups de fouets de l’esclavage. […] elle fit à maintes reprises l’aller-retour entre le pays de la liberté et le pays de l’esclavage et affranchit des centaines des siens. » Page 188
Cette autobiographie qui se lit comme un roman est passionnante et bien écrite. Maya Angelou est une femme aux multiples facettes qui semble avoir vécu plusieurs vies en une seule. Avec son caractère bien trempé, elle traverse une époque extrêmement riche politiquement et humainement. Elle nous apporte un éclairage personnel et historique sur une société en pleine mutation.
C’est l’histoire d’une femme qui évolue, qui se pose des questions sur sa place dans la société, sur les relations entre Blancs et Noirs, sur sa place de femme et de mère…Gardant toujours à l’esprit ce que sa mère lui a dit un jour :
« Ne laisse jamais les autres voir que tu as peur sous aucun prétexte. A plus forte raison lorsqu’ils sont nombreux. La peur fait ressortir ce qu’il y a de plus vil chez l’homme. » Page 41.
C’est mon premier « coup de coeur » pour un documentaire du Prix de Elle. La femme, l’époque, l’écriture m’ont plu!

9 commentaires sur « Tant que je serai noire : Maya Angelou »

  1. @antigone : Je me suis vraiment plongée dedans avec grand intérêt, mais j’ai beaucoup travaillé sur les femmes afro-américaines pour mes études, et la femme et son époque m’ont interessés et j’avais vraiment l’impression que c’était un plus. Je ne la connaissais pas du tout et je n’en attendais rien, peut-être effectivement que du coup je me suis plus facilement laissé emporter …
    @leiloona : Personnellement je n’aime pas trop les documentaires, et d’habitude je vais au bout en me forçant un peu ou je les finis « en diagonale » mais là je l’ai dévoré en 3 jours! C’est un signe!

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  2. j’ai hâte de le recevoir( le mois prochain pour mon jury), tu me mets l’eau à la bouche. En ce moment, je suis sur ma sélection de mars et je suis en train de lire un roman de + de 700p., mais c’est un bonheur. Je vous en dis plus quand j’ai tout fini (après celui-là, il me reste le Simone Veille de Laure Adler).

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    1. Oui, ce documentaire m’a beaucoup plu…pour plein de raisons, entre autre parce que je l’ai lu comme un roman tout en gardant à l’esprit que c’était une « vraie » femme et une « vraie » époque!
      700 pages…dur dur,j’ai eu ça aussi, quand c’est bien, ça va, quand c’est long, ça parait encore plus long

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    1. Je comprends, mais, c’est vrai que je me suis vraiment plongée dedans. Comme j’ai déjà dû le dire à quelqu’un, c’était tout à fait un prolongement de mon DEA sur l’évolution de l’identité des femmes afro-américaines (dans mon cas, dans chez personnages de romans) …J’avais l’impression qu’elle me parlait de plein de choses qui m’étaient assez familières et j’ai vraiment accroché.
      C’est la première fois qu’un documentaire m’a autant plu!

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