King Kong théorie : Virginie Despentes

J’ai beaucoup aimé ce que j’ai lu (avant le blog) de Virginie Despentes : « Les jolies choses », « Bye bye Blondie » et « Teen Spirit ». J’étais curieuse de lire « King Kong théorie » qui est un essai ou un témoignage de l’auteur sur sa vision de ce que c’est d’être une femme et sur le féminisme.
 
Je suis très éloignée de Virginie Despentes en tant que femme. Je n’étais pas une ado punk et rebelle (je n’étais même pas rebelle tout court!), je ne me suis pas faite violer, je ne me suis jamais tournée vers la prostitution occasionnelle et ceci explique sans doute que je n’ai pas une vision aussi tranchée de la place des femmes par rapport aux hommes.
 
Dans ce livre, elle expose ses opinions -basées en grande partie sur son expérience personnelle- sur le féminisme (historique et actuel), sur le viol et la façon de « gérer » cet acte, sur la prostitution et la pornographie.
 
Je ne suis pas forcément d’accord sur tout ce qu’elle dit mais ses réflexions m’ont amenées à penser à des aspects de ces « thèmes » auxquels je n’avais pas pensé avant et j’ai trouvé que ce qu’elle avait à dire était très intéressant, m’obligeant à sortir du chemin de pensée traditionnel et « bien pensant ».
 
Elle donne aussi son opinion sur la vision de la féminité et de la maternité qui semble imposée par la société.
 
C’est un livre sur les femmes, pour les femmes et pour notre société.
 
P145 : « Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air. »

Gloire : Daniel Kehlmann

Repéré chez Orchidée pour qui c’est un coup de coeur, je me suis donc laissée tenter par ce « roman en neuf histoires ».

J’ai beaucoup aimé ce curieux petit roman, cet ovni, car c’est un peu un recueil de nouvelles – 9 histoires écrites avec chacune son style- mais c’est malgré tout un roman avec des personnages que l’on croise (directement ou non) d’une histoire à l’autre. Autre fil conducteur entre ces histoires : la communication moderne du téléphone portable.

Il y a aussi cette réflexion sur la réalité et la fiction, certains personnages étant des auteurs ou des acteurs (et même des personnages de roman) et tous à leur manière jouent des rôles.

C’est un petit bijou d’écriture qui tisse des liens entre chaque histoire pour faire un bel ensemble. Chaque histoire a aussi son individualité, de belles pages, angoissantes parfois!

A lire!

Par un matin d’automne : Robert Goddard

Dans les années 90, sur un registre Leonora Galloway montre à sa fille le nom de son père, mort en France durant la 1ère guerre mondiale et surtout la date de son décès : plus d’un an avant la naissance de Leonora.
Cette information va entraîner les confidences de Leonora sur les secrets qu’elle a gardé toute sa vie : le secret de son enfance et de ses origines. Elle raconte comment elle a grandi dans une famille noble auprès de son grand-père distant et de la deuxième épouse de ce dernier, une femme odieuse qui lui fait mener la vie dure. Très jeune, Leonora savait que sa mère était morte en lui donnant naissance et que son père ne pouvait pas être son père. Cette première partie du roman met en place une ambiance pleine de non-dits et de mystères autour de cette famille.
La deuxième partie du roman est le récit qu’un certain Franklin a fait à Leonora alors qu’elle était déjà adulte. Il lui a raconté la vie dans la maison où elle avait grandit mais avant sa naissance alors que la 1ère guerre mondiale se déroulait en Europe. Au-delà de la vérité sur l’identité de son père, il lève en partie le mystère autour du meurtre d’un invité américain qui est au coeur de cette histoire.
Ce que j’ai vraiment apprécié dans ce roman c’est que c’est une histoire « à tiroirs », d’autres témoignages suivants celui de Franklin. Chaque récit apporte des informations supplémentaires sur la situation globale. On croit que certaines « pistes » sont fermées et le point de vue suivant apporte un autre éclairage et d’autres issues.
Ambiance Agatha Christie pour l’époque et le milieu social et surtout le fait que tout le monde soit potentiellement suspect. C’est un roman qui repose beaucoup sur l’ambiance pesante d’une époque « d’entre deux » : alors qu’une guerre inhumaine casse de jeunes hommes qui ne savent pas vraiment pourquoi ils se battent, des drames se jouent dans l’univers protégé de l’Angleterre. Et sur les travers de la nature humaine.
C’était une lecture très agréable et accrocheuse, j’avais vraiment envie d’en savoir plus! (même si une partie du mystère a été un peu gâchée pour moi à cause d’une comparaison avec un autre roman cité dans la 4ème de couverture… Je ne dirai pas lequel évidement!)

« Arthur & George » de Julian Barnes

Ce roman raconte l’histoire vraie de la rencontre entre George Edalji et Arthur Conan Doyle lorsque ce dernier a décidé de défendre la cause de cet homme condamné injustement.

Le roman commence par des biographies croisées des deux hommes depuis l’enfance, dans leur deux mondes très différents.

George Edalji est le fils d’un pasteur anglican, parsi né à Bombay, et d’une mère écossaise, vivant dans un petit village anglais rural (et très peu ouvert sur les différences). Sa famille et lui subissent des lettres anonymes insultantes et des plaisanteries de très mauvais goût. Ils ne sont jamais pris au sérieux par la police locale, au contraire. Un jour, des animaux de ferme sont tués et George est accusé sans preuves solides et condamné.

Arthur Conan Doyle, le célébre créateur de Sherlock, mène l’enquête.

Ce roman, entre biographie et roman policier est très intéressant mais surtout parce que c’est le portrait d’une époque : la fin du 19ème et le début du 20ème siècle en Angleterre. On y découvre la vie sociale de l’époque que ce soit dans le milieux rural ou dans la vie aisée et citadine de Arthur Conan Doyle.

Il y a malgré tout quelques longueurs (surtout à la fin) quand l’auteur se plonge dans le spiritisme -qui si c’est un domaine qui a passionné Conan Doyle, n’apportait pas grand chose au récit.

 Merci à Kristina pour ce prêt!

Tom petit Tom tout petit homme Tom : Barbara Constantine

Voici l’histoire de Tom, un garçon de 11 ans qui vit avec sa mère Joss qui l’a eu quand elle avait 13 ans et avec qui il vit de façon précaire dans une caravane. Tom vole des légumes dans les jardins de ses voisins pour se nourrir. C’est comme ça qu’il fait la connaissance de Madeleine une vieille femme de 93 ans qu’il sauve un soir où elle avait fait un malaise. Entre aussi dans l’histoire Samy, une ancienne connaissance de Joss qu’elle a connu il y a un peu plus de 11 ans…

Comme j’avais beaucoup aimé « Allumer le chat » du même auteur et que j’avais lu du bien de celui-ci sur la blogosphère et que c’était un coup de coeur de la médiathèque je me suis laissée tentée mais je dois dire que j’ai été déçue.

J’ai trouvé ce roman un peu trop facile, un peu trop « sucré » et mièvre. Je dois dire que je n’y ai pas cru : le petit garçon de 11 ans qui s’intéresse au jardinage, la mère de 25 ans qui vit comme une gamine de 15 ans et qui se prive pour mettre de l’argent de côté pour une réduction mammaire, l’ancien copain qui débarque de prison, plutôt violent à la première rencontre qui se transforme en père idéal, la grand-mère qui sort de l’hôpital en douce et qui se porte comme un charme… Bref, trop « culcul la praline » à mon goût!

Et puis j’ai trouvé aussi l’écriture un peu légère, j’avais parfois l’impression de lire un roman jeunesse. Et puis la fin est vraiment téléphonée, tout tombe en place de façon un peu bâclée ou alors laisse une grande porte ouverte à une suite…

J’ai quand même apprécié l’humour, particulièrement le couple franco-anglais ravi de voir son jardin pillé par Tom car cela crée un peu d’animation dans leur vie. A noter qu’il y a aussi quelques allusions aux autres romans de Barbara Constantine comme des clins d’oeil.

Donc, ce n’est pas un mauvais livre mais pour moi c’est juste « mignon ». Peut-être un petit livre à lire entre deux plus gros!

Happy Birthday Bastien! 10 mois!

Ce mois-ci nous lui avons acheté un parc, un vrai et du coup il se tient très bien assis et joue avec plein de nouveaux jouets! Nous lui avons mis des coussins, mais maintenant c’est très rare qu’il tombe! Et puis quand on le tient debout il force bien sur ses jambes (mais il ne se tient pas debout tout seul quand même..)

Il aime beaucoup communiquer (même s’il ne dit pas encore de mots) mais il répète des sons et il module beaucoup les intonations, il claque la langue. Il aime rire : il se cache, il tend des objets (mais ne les donne pas) et il joue aussi à tirer sur l’objet qu’il vient de tendre! Il a appris à applaudir et il tape sur le dessus de ses mains quand on dit « Bravo! ». Il commence aussi à faire un signe de la main pour dire « au revoir » ou « à bientôt ». Il a découvert qu’il avait un index et pointe tout du doigt! Il aime bien faire rire ses parents!

Par contre, on s’est rendu compte pendant les vacances qu’il n’aimait pas la nature et l’herbe en particulier… C’est un petit citadin!

Il a maintenant 2 dents qui se voient bien et d’ailleurs il y eu quelques crises de « grognonitude » où il a été bougon et désagréable… qui m’ont beaucoup angoissée car c’est un bébé qui ne pleure presque jamais et nous avons attribué cela à la « poussée dentaire » (mais ça n’a pas duré trop longtemps!)

Au niveau des nouvelles expériences, il a découvert la vie à l’hôtel pendant nos vacances en Bourgogne (et les très mauvaises nuits dans le lit parapluie!) mais la journée il a charmé tous ceux qu’il a croisé… Nous ne comptons plus les gens qui ont dit de lui qu’il était « gracieux »! Nous avons aussi profité qu’il faisait moins chaud pour l’emmener à la plage et il a commencé à jouer avec le sable!

Bref, il grandit (il est d’ailleurs passé aux couches en taille 4!!)

Et même s’il ne montre aucune envie de se déplacer, il manipule très bien les objets avec ses doigts et il est très observateur.

Nous sommes toujours très heureux tous les 3!

Toujours aussi espiègle

« Où on va, papa? » de Jean-Louis Fournier

Jean-Louis Fournier a eu trois enfants dont deux fils lourdement handicapés. Dans ce livre, il leur parle et évoque la vie hors du commun qu’il a eu avec eux.

Il y a de l’humour noir : il ose dire à quel point c’était difficile et différent de vivre avec ces fils qui ne grandissent pas et n’évoluent pas. C’est très grinçant parfois mais derrière l’humour et la provoc’ on sent énormément d’amour, de tendresse et de tristesse.

Ce livre est vraiment très émouvant, c’est vraiment une lettre d’amour à des enfants qui n’ont pas pu communiquer avec leur père.

Merci à L’Homme pour ce cadeau.

Le site de la maman qui donne son point de vue sur leur vie…

Ce que je sais de Vera Candida : Véronique Ovaldé

Ce roman est une histoire de femmes, d’une famille de femmes… Celle de Vera Candida qui a quitté son île où ces femmes, elle comprise, semblaient condamnées à subir la vie, subir les hommes.
 
Les 15 premières années de Vera Candida furent des années difficiles, des années où elle n’avait pas vraiment de place auprès d’une mère incapable d’être mère et d’une grand-mère qui ne savait pas forcément s’occuper d’elle non plus.
 
Quand elle quitte l’île à l’âge de 15 ans pour se débarrasser d’un enfant impossible à porter et quitter une vie trop difficile à vivre, elle découvre qu’une autre voie est possible. Elle construit alors son existence autour d’une indépendance farouche.
 
Presque malgré elle, elle se laisse aller à rencontrer un vrai amour auprès d’un homme qui sait lui laisser toute la place qu’elle mérite. C’est une très belle relation.
 
Au moment de mourir, elle repart vers ses racines, faire le deuil de sa vie passée.
 
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Un roman sur la fatalité et la possibilité d’y échapper, un roman sur l’indépendance et sur l’amour.
 
Très belle écriture qui nous emmène dans un univers de femmes, très réussi.
 
Je n’avais pas adoré « Et mon coeur transparent » du même auteur mais je vous recommande vraiment celui-ci qui est un coup de coeur (même si j’arrive sûrement après la bataille et que toute la blogosphère l’a sans doute déjà lu 😉
 
ma collègue Kristina : Merci pour ce prêt!
 2010

Paul à Québec : Michel Rabagliati

J’avais déjà entendu parler de la série des « Paul » sur les blogs québécois mais j’ai commencé par le dernier car c’est le seul qui était disponible à la médiathèque (sans doute car il a obtenu le Prix du Jury (prix du public)(Fauve Fnac-SNCF) à Angoulême.
Je ne savais donc rien de l’histoire de ce personnage récurrent qui semble avoir la quarantaine, marié et une petite fille. On entre dans l’histoire en découvrant la famille de sa femme qui habite juste à côté de Québec : une famille étendue et très joyeuse et proche. On goûte aux souvenirs d’enfance, on observe le beau-père et la belle-mère très heureux de réunir leur famille.
Puis, on suit Paul et Lucie lors de l’achat d’une maison, les agents immobiliers, les travaux de rénovation, les aventures informatiques de Paul etc…
C’est amusant, c’est ancré dans le quotidien.
Et puis, il y a un bouleversement dans cette vie qui suit son petit bonhomme de chemin : Roland, le beau-père est mourant. On entre alors dans une autre dimension : celle du décompte du temps qui reste à vivre ensemble. L’envie d’entourer cet homme fort et aimant. Et c’est très touchant.
Michel Rabagliati sait mélanger l’humour et l’émotion. Le dessin au trait noir est un peu vieillot mais l’album se lit vraiment bien. Et pour moi, française, j’avais l’impression d’entendre du québécois!

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Tamara Drewe : Posy Simmonds

Voici une BD d’un autre genre… Il s’agit presque plus d’un roman illustré de bandes dessinées puisque le texte prend une large place et que les dessins illustrent parfois les parties de textes, parfois apportent une continuité au récit.
 
Nous sommes à Stonefield, dans la campagne anglaise de carte postale. Beth, la cinquantaine, tient une sorte de gîte chic et rural, une « retraite » pour écrivains en mal de calme et d’inspiration. Elle subvient aussi à tous les besoins matériels de son mari Nicholas, auteur de polar reconnu et coureur de jupons.
 
On y croise aussi Glen, un universitaire américain qui depuis des années écrit son « chef d’oeuvre » et qui a trouvé un second foyer confortable dans le havre de paix de Beth.
 
Andy, le jardinier, est finalement le seul représentant des habitants de souche de ce village tellement calme que les jeunes s’y ennuient à mourir.
 
Cet équilibre (plus ou moins stable en ce qui concerne Beth et Nicholas) se trouve bouleversé quand arrive au village une belle jeune femme sexy. Tamara Drewe, jeune journaliste à Londres, vient vivre dans la maison héritée de sa mère. Elle s’est fait une réputation après s’être fait opérée du nez et avoir gagné une confiance en elle qu’elle ne semble pas savoir très bien gérer.
 
Andy, qui la connaissait « avant le nouveau nez » et l’appréciait déjà beaucoup. La nouvelle Tamara attire les hommes et semble se complaire dans le rôle de la bimbo sexy malgré elle tout en cherchant un peu plus de profondeur dans son travail et dans sa vie.
 
Derrière cette comédie de moeurs, on a aussi un portrait de l’Angleterre rurale avec les bobos qui vivent à mi-temps à la campagne dans une sorte de rêve idéalisé et les jeunes du village qui n’ont d’autres rêves que ce qu’ils voient dans les magazine à scandale. Deux mondes qui se télescopent.
 
BD très réussie (librement inspirée de « Loin de la foule déchaînée » de Thomas Hardy… Mais ne l’ayant pas lu, je ne pourrais pas dire quels sont les points communs).
 
Stephen Frears en a fait un film qui est sur les écrans actuellement et d’après la bande annonce, je trouve que le choix des acteurs correspond bien aux dessins!

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