State of wonder (Anatomie de la stupeur) : Ann Patchett

Quand Mrs B, ma copine m’a parlé de ce livre qu’elle avait tant aimé, elle disait qu’elle avait du mal à le raconter… et me voilà, au moment d’écrire mon billet, coincée de la même manière car j’ai peur de trop réduire ce livre très riche…

Marina Singh, qui travaille dans une grosse entreprise pharmaceutique, doit aller au Brésil sur les traces de son collègue et ami Anders Eckman qui a été déclaré mort et enterré dans la forêt Amazonienne. Il était allé là-bas pour voir comment avançaient les recherches du Docteur Annick Swensons auprès d’une tribu amazonienne, car elle ne donnait aucne nouvelle depuis des mois et n’était pas joignable.

Cette femme est une chercheuse qui a découvert que dans la tribu des Lakashi, les femmes peuvent avoir des bébés jusqu’à la vieillesse et ses recherches au nom de la compagnie pharmaceutique ont pour but de découvrir comment créer un médicament pour recréer cette fertilité tardive. Il se trouve qu’avant de devenir pharmacienne, Marina était étudiante en obstétrique et avait eu comme professeur, comme mentor même, le Docteur Swenson, une femme impressionnante et dure. Elle appréhende de la retrouver mais elle veut aller en Amazonie pour aider Karen la femme de Anders à faire son deuil.

Une fois en Amazonie, il y a une longue attente à Manaus auprès d’un jeune couple qui essaie de décourager Marina de retrouver le Dr Swenson, car cette dernière fait tout pour éviter d’être dérangée dans son travail qui semble entouré de mystères. Cette période commence à changer l’état d’esprit de la femme qui est coupée du reste du monde.

Elle finit par arriver dans la jungle et travaille avec l’équipe de chercheurs, découvre un monde à la fois hostile mais qui curieusement lui apporte aussi beaucoup. Coupée du monde, ayant perdu ses bagages, vivant plus comme une indigène qu’une américaine, sa vision de son monde change beaucoup…

Ce roman est un roman à la fois axé sur des considérations scientifiques et humanistes vraiment intéressantes. Il y a aussi une réflexion sur l’intervention de la société « occidentale », moderne, sur des sociétés primitives. Il y a aussi toute une partie sur la maternité, et aussi sur l’influence que certaines personnes peuvent avoir sur d’autres, consciemment ou pas. Il y a aussi un aspect « aventure » car on vit vraiment dans la jungle avec l’équipe de chercheurs tout en ayant une grande partie d’introspection de la part de Marina.

J’ai beaucoup aimé ce roman aux multiples facettes que je ne veux pas trop dévoiler mais j’ai apprécié le mélange des genres…C’est plein de rebondissements, les personnages sont vraiment intéressants. Comme vous pouvez le constater j’ai aussi du mal à être claire dans mon appréciation… mais je vous le conseille si vous lisez en anglais… J’espère qu’il sera traduit un jour. (Edit : j’ai découvert depuis, qu’il était traduit sous le titre « Anatomie de la stupeur ».

Ce roman est ma 2ème lecture « Lieu »  pour le Challenge Petit Bac 2012

par Mrs B… Merci! 

« La belle au bois dormant ou Songe de la vive ensommeillée » de Jean-Jacques Fdida et Delphine Jacquot (illustrations)

Cet album au format inhabituel (petit livre « à l’ancienne » à la couverture rose très épaisse) est très joliment illustré d’un petit tableau par page qui me faisait un peu penser à Chagall.

En préface et en postface, il y a des explications (très « universitaires », uniquement adressées aux adultes à mon avis), sur le propos de cet album : raconter le « vrai » conte qui aurait inspiré Charles Perrault, c’est à dire raconter une « Belle au bois dormant » plus proche des contes oraux et traditionnels qui ont précédés Perrault.

C’est presque la même histoire que celle que nous connaissons tous sauf que le prince « profite » du sommeil de la Belle qui ne se réveille pas au premier baiser et que cette dernière met au monde des jumeaux… (je me vois bien expliquer à des CM2-6ème : « Oui, alors, elle dormait et le prince lui a fait l’amour alors qu’elle était inconsciente… donc il l’a violée… et elle a mis au monde des jumeaux toute seule tout en dormant … ») Cet aspect-là m’a mise très mal à l’aise!

Je comprends bien l’idée de présenter le folklore traditionnel mais je ne vois pas bien l’intérêt pour des plus jeunes, même si le conte est au programme de la 6ème… Mais pour des adultes qui s’intéressent aux contes c’est un livre qui vaut le coup d’oeil.

 

                  Pré-sélection CM2-6ème pour  2013-2014 

 de Liyha :  rose

 

« Yeghvala La belle sorcière » de Catherine Gendrin, illustrations de Nathalie Novi

C’est un très bel album jeunesse aux peintures vraiment belles, aux couleurs chaudes, pleines de mouvements. C’est très esthétique.

Ce conte est celui de Yeghvala, née sorcière dans une roulotte Tsigane. De nombreuses sorcières puissantes se sont penchées sur son berceau pour lui attribuer toutes sortes de pouvoirs.

Elle grandit, tombe amoureuse et jette un sort à l’homme qu’elle aime, a de nombreux enfants tout en restant jeune et belle. Son mari découvre un jour que c’est une sorcière et la prophétie du jour de sa naissance qui disait que « l’homme qui l’aimera voudra la tuer » se révèle vraie puisqu’il essaie de la brûler vive.

Ne craignant pas le feu, elle s’échappe et est sauvée par un vieil homme riche qui « lui offre tout ce qu’elle désire ». Mais elle s’ennuie : « Elle aimerait, elle aussi savourer cette vie de luxe où tout est facile et doux. Mais elle s’ennuie. »  Elle finit par retrouver sa famille mais son mari ne la reprend avec lui qu’après lui avoir coupé les cheveux par surprise car il savait que sa chevelure renfermait ses pouvoirs…

J’ai bien aimé la première partie du conte, particulièrement la scène où les sorcières de tous les horizons se réunissent autour de Yeghvala et le fait que le mari, par peur, se laisse influencer et décide de brûler sa femme malgré l’amour qu’il ressent pour elle…

Mais je dois avouer que je n’ai pas aimé la deuxième moitié, après que Yeghvala ait quitté sa famille. Elle vit avec cet homme riche qui semble aimant et mon impression est qu’elle profite de lui sans éprouver le moindre regret de ne plus voir son mari et ses enfants jusqu’à ce qu’elle s’ennuie de cette vie de luxe puis elle le quitte sans un mot… Cet aspect là me semble un peu amoral et égoïste car ce n’était pas un mauvais homme qui lui faisait du mal et Yeghvala ne semble pas très malheureuse sans sans famille…

L’autre aspect qui m’a un peu gênée, c’est que pour avoir le droit de rejoindre sa famille, son mari lui coupe les cheveux et par conséquent lui retire une partie d’elle, sa magie, sans lui demander son avis et cela m’a laissée un petit goût amer… pour être aimée par un homme, elle ne peut pas être elle-même? Il faut qu’elle renonce à sa personnalité, à ce qu’elle est? Ce n’est à mon avis pas une morale très féministe

J’ai lu ici ou là que ce conte était une magnifique histoire d’amour… Mais je ne suis pas tout à fait d’accord car cette histoire d’amour est fausse au départ, puisque Yeghvala obtient l’amour de l’homme par la magie, puis elle semble avoir oublié sa famille, et le mari ne l’accepte pas telle qu’elle est …

Mais je suis peut-être le vilain petit canard et la seule à avoir eu ces impressions là… Je précise que je ne suis pas une féministe militante mais vraiment en tant que femme ce conte ne m’a pas fait rêver et en tant que prof qui essaie d’inculquer un peu de respect entre les garçons et les filles, ça m’a un peu mise mal à l’aise…  Vive les bêtises et de ma collègue de français ont eu un peu le même ressenti et mais il faudrait avoir l’avis de jeunes lecteurs qui auront peut-être une toute autre lecture 😉

                 Pré-sélection CM2-6ème pour  2013-2014

« Les yeux au ciel » de Karine Reysset

Ce roman raconte un week end à Saint Lunaire, près de Saint Malo, dans la maison de famille où tout le monde -parents, enfants adultes avec ou sans conjoints et petits enfants, sont réunis pour l’anniversaire du patriarche.

Chaque chapitre correspond au point de vue d’un protagoniste de l’histoire, celle qui se déroule pendant ces quelques jours ensemble mais aussi l’histoire plus vaste de cette famille. Petit à petit, pièce par pièce, le puzzle de cette famille se met en place. Je ne vais pas rentrer dans les détails pour ne pas révéler les histoires dans l’histoire (le roman est court, pas la peine de le déflorer) mais je peux juste vous dire que c’est une famille qui a bien des problèmes à régler et qui cumule les situations particulières : familles recomposées, deuil d’un enfant, dépression post natale, homosexualité, immaturité de certains adultes et grande maturité des plus jeunes, désir d’être reconnu par ses parents…

Bref, c’est une famille plutôt ordinaire mais qui concentre des problèmes relationnels et les difficultés de communication.

J’ai bien aimé le style, l’écriture est simple et fluide que j’avais déjà apprécié dans « Comme une mère« . J’ai aussi bien aimé le fait de découvrir l’histoire globale d’une famille au travers des différents points de vue des membres de celle-ci. (J’avais déjà aimé ce procédé dans « Family Affairs » de Penelope Lively)

J’ai juste trouvé que c’était un peu « trop »… Cette famille ferait le bonheur des psychologues et thérapeutes familiaux tant il y a de choses à régler entre eux et d’un point de vue personnel…et chaque point d’achoppement n’est qu’effleuré et du coup, j’ai trouvé que cela manquait un peu de profondeur. Je reste sur une bonne impression du roman et de l’auteur mais j’en aurai voulu plus.

Repéré chez Canel. Merci à  Clara chez qui j’ai gagné ce roman!

   avec Géraldine ,  Aproposdelivres et Sandrine … Allons voir ce qu’elles en ont pensé!

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 Ceci est ma 2ème lecture « partie du corps » pour le  

 

 

Par ici la bonne soupe! Soupe au potiron

Cette recette a été inspirée (et librement adaptée en fonction des ingrédients disponibles!) de la recette donnée par M.Liliba (qui est aussi traiteur dans le Nord!)

Ingrédients pour 6 personnes : 1 potiron moyen / 1 carotte / 1 gros oignon / 3 gousses d’ail / 1 cube de bouillon / 1 C à S de moutarde / 3 C à S de crème fraiche / parmesan râpé

> Couper tous les légumes grossièrement (je vous conseille d’enlever aussi grossièrement la peau du potiron si celle-ci est épaisse. Je ne l’ai pas fait et c’était bon quand même mais je pense que ça aurait été meilleur sans la peau)

> Faire revenir les légumes dans la cocotte avec de l’huile d’olive, saler et poivrer

> Ajouter un litre de bouillon de poule.

> Faire cuire 40 mn à couvert (ou 20 mn à la cocotte minute)

> Après la cuisson, ajouter 1 C à S de moutarde,  3 C à S de crème fraiche et 3 C à S de parmesan râpé et mixer la soupe

> Avant de servir, pour ceux qui aiment (Bastien et moi mais pas L’Homme), saupoudrer l’assiette de parmesan râpé

Les cinq sens du mois de décembre

 

Depuis la première année du blog, je vous donne rendez-vous tous les 8 du mois… D’abord c’était avec les « Curiosités bloguesques », puis « Une année en couleur« ,  « Des titres et des textes » et enfin « Ce mois-ci, j’ai aimé, je n’ai pas aimé »… Voici le rendez-vous de cette 4ème année!

J’évoquerai les 5 sensL’ouïe, avec de la musique ou des voix, la vue avec une image, une photo ou une vidéo, l’odorat avec une odeur ou un parfum, le toucher avec un objet ou un ressenti physique et le goût avec un aliment ou une recette.

En tout cas, si vous aussi vous souhaitez évoquer vos 5 sens, n’hésitez pas à le faire dans les commentaires!

 : L’Homme m’a invitée au concert de Arthur H et c’était une soirée particulièrement importante car c’était aussi la première fois en plus de 3 ans que nous prenions une babysitter (les autres fois où nous sommes sortis sans Bastien, nous comptions sur les grands-parents…)

 

  

Le concert était vraiment bien. Arthur H (que j’allais voir sans vraiment le connaître pour faire plaisir à L’Homme) est plein d’énergie et d’humour. Il y a une vraie cohésion avec son groupe (les musiciens sont excellents). Et puis il est très généreux, car il a fait deux rappels, il parle vraiment au public en adaptant ses interventions au lieu où il est, faisant des plaisanteries adaptées… Sa musique bouge bien, il a une voix vraiment intéressante, très rocailleuse…Bref, on a passé une très bonne soirée!

 

 

 : Une vidéo qui m’a beaucoup plu et qui montre que les caméras de surveillance ne voient pas de des voleurs mais aussi des choses très positives! 

 

 : Nous avons laisser traîner un peu parce qu’on avait un paquet entamé et qu’on voulait vraiment être sûr que ce n’était pas un hasard mais cela faisait plusieurs semaines que Bastien ne faisait plus pipi la nuit (ni dans sa couche, ni au milieu de la nuit en me réveillant) et donc ça y est : on ne devrait plus voir de couches chez nous!

 

: Ma bouteille de parfum est presque vide… Opération Recherche du Prochain Parfum… Le problème c’est que mon nez sature très vite! Et je suis horrifiée par les prix (et je ne regarde que les eaux de toilette…) Je rêve ou ça a augmenté??

 

 

 : Pour se réchauffer : une soupe au potiron (inspirée et librement adaptée d’une recette de M. Liliba!) 

Cliquez sur la photo pour la recette

 

 

Et vous?

Une comète vous a parlé de ses 5 sens au mois d’octobre et au mois de novembre et au mois de décembre

Catherine vous a parlé de ses 5 sens au mois d’octobre et au mois de novembre et au mois de décembre

Evalire vous a parlé de ses 5 sens au mois de novembre et au mois de décembre

 

Des titres et un texte! Rendez-vous du mois de décembre

  

Voici le rendez-vous mensuel : il s’agit écrire un texte en intégrant tous les titres des livres chroniqués sur mon blog le mois précédant (ou le votre si vous souhaitez jouer avec moi). L’idée vient de Gwenaëlle qui a plein de jeux d’écriture à vous proposer!

Voici ma liste de titres :

Mon petit doigt m’a dit

Blast La tête la première

La vie rêvée d’Ernesto G

La mort du roi Tsongor

Home

Les compagnons de la lune rouge

La liste de mes envies

Whitethorn woods

Les chimères de la mort

State of wonder

Saba Ange de la mort

 

 

 

Et voici mon texte  :

« Mon équipe était prête. Nous avions décidé que nous ferions tout ce qui était en notre pouvoir pour vaincre… Nous quitterions « Home« , notre repaire, à la nuit tombée pour rejoindre l’état voisin, « State of Wonder« , où nos ennemis nous attendaient.

Nous nous étions baptisés « Les compagnons de la lune rouge » et nous allions à la rencontre de ceux qui se faisaient appeler « Les chimères de la mort« . Depuis la mort du roi Tsongor, les combats faisaient rage dans le bois de Whitethorn Woods pour essayer de prendre le pouvoir sur Saba, ange de la mort, qui régnait maintenant sans pitié.

J’avançais avec mes hommes, avec au poing mon arme puissante et destructrice, le Blast. La tête la première, déterminés, nous allions gagner cette fois! Nous serions …

« Ernesto!

-…

-Ernesto! Réponds moi!

(Merde… Ma reum…Il est déjà 20h…)

-Ernesto! Viens manger TOUT DE SUITE! J’en ai assez de t’appeler! Ça suffit de passer des heures devant tes jeux vidéos débiles! Tu as fait tes devoirs au moins?? »

Mon petit doigt m’a dit que la liste de mes envies établie pour Noël allait me passer sous le nez…  Je m’en fous de toute façon! Tout ce qui m’interesse, moi, c’est la vie rêvée d’Eresto G, celle que je vis quand je deviens un chef guerrier qui dirige son équipe de tueurs dans la Royaume de Klaast… Le reste…pff…quel intérêt? »

Vous trouverez tous mes textes dans la rubrique « des titres et des textes »

Vive les bêtises a joué en novembre , en décembre, en février , en mars, en avril, en mai , en juillet, en août, en  septembre, en octobre,  en novembre, en décembre

Véronique a joué dans les commentaires du mois de janvier, dans les commentaires du mois de février, dans les commentaires du mois de mars, dans les commentaires du mois d’avril, dans les commentaires du mois de mai, dans les commentaires du mois de juin,dans les commentaires du mois de juillet, dans les commentaires du mois d’août, dans les commentaires du mois de septembre, dans les commentaires du mois d’octobre, dans les commentaires du mois de novembre, dans les commentaires de décembre

Home : Toni Morrison

Avant de dire quoi que ce soit sur le contenu, je dois dire que le style de ce roman est merveilleux. Ce roman court, à plusieurs voix, plusieurs points de vue, va droit au but, fait parfaitement vivre ses personnages les uns par rapport aux autres. Il y a une vraie concision dans le choix des mots, ils sont tous justes, pas une phrase en trop, on sent que ce qui est écrit devait être écrit comme cela et pas autrement… Il y a une vraie musicalité du texte, un caractère très « oral » : je l’imaginais d’ailleurs très bien lu à voix haute (pourquoi pas par Pierre-François Garel 😉 Je félicite au passage Christine Laferrière qui a traduit ce texte.
 
L’histoire est celle de la vie de Frank Money et de sa famille, de son enfance et de sa sœur, Cee,  dans un trou paumé des États Unis. Ce n’est jamais clairement dit mais on comprend que Frank est noir, on le ressent dans les rapports qui existent entre certaines personnes. L’histoire est celle de sa fuite en avant quand il a tout quitté pour échapper à une vie dans avenir et est parti à la guerre en Corée pour en revenir détruit. Au fil du récit, on va le voir se reconstruire petit à petit. Il s’agit d’un homme qui touche le fond et qui remonte à la surface, et les personnages qui gravitent autour de lui passent tous plus ou moins par le même processus, notamment Cee, qui elle-aussi évolue tout au long du roman. 
 
Ce sont des histoires subtiles de relations humaines, de rencontres et d’espoirs- d’abord écrasés puis qui renaissent. Ce n’est pas uniquement l’histoire des Noirs aux États Unis dans les années 50 mais la vie de ces personnages en particulier permet d’évoquer toute une population au sens large… C’est l’histoire de la famille que soit dans les belles relations ou dans les mauvaises. C’est aussi l’histoire de femmes, fortes malgré les difficultés auxquelles elles sont confrontées, solidaires aussi… 
 
p 53 : « Telle était, selon Cee, la raison pour laquelle elle s’étaie enfuie avec un salaud. Si elle n’avait pas été à ce point ignorante, à vivre dans un trou perdu qui n’était même pas une ville, avec seulement des corvées ménagères, une église pour école et rien, d’autre à faire, elle ne se serait pas laissée avoir. »
 
p 130 : « Il n’y avait rien de superflu dans leur jardin car elles partageaient tout. Il n’y avait pas d’ordures ni de déchets dans leur maison car elles savaient faire usage de tout. Elles assumaient la responsabilité de leur vie et de toute autre chose ou toute autre personne ayant besoin d’elles. Le manque de bon sens les irritait mais ne les surprenait pas. La paresse était plus qu’intolérable à leurs yeux : elle était inhumaine. Que l’ont fut au champ, à la maison ou dans son propre jardin, il fallait s’occuper. Le sommeil n’était pas fait pour rêver : il servait à rassembler des forces pour le jour à venir. La conversation s’accompagnait de tâches : repasser, éplucher, écosser, trier, coudre, réparer, laver ou soigner. »
 
p 133 : « Tu vois ce que je veux dire? Ne compte que sur toi-même. Tu es libre. Rien ni personne n’est obligé de te secourir à par toi. Sème dans ton propre jardin. Tu es jeune, tu es une femme, ce qui implique de sérieuse restriction dans les deux cas, ais tu es aussi une personne. Ne laisse pas Lenore ni un petit ami insignifiant, et surement pas un médecin démoniaque, décider qui tu es. C’est ça l’esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde. »
 
Pour mon avis sur la version audio, cliquez sur la couverture 

avec SaxaoulMidolaMrs B , Valérie et Tiphanie… Allons voir leurs avis!

La mort du roi Tsongor : Laurent Gaudé (lu par Pierre-François Garel)

Cela faisait des années que j’entendais du bien de ce roman de Laurent Gaudé et je comptais le lire pour le Challenge Goncourt des Lycéens. Quand j’ai vu que les Éditions Thélème proposait une version audio de ce roman lu par Pierre-François Garel (que j’ai déjà écouté lire « Ouragan » et « Les amants du Spoutnik » et que j’avais beaucoup apprécié), j’ai osé les contacter pour le leur demander…
Alors que dire sur ce roman sans trop en dire? Je ne savais presque rien de l’histoire avant de le commencer à part que le roi Tsongor mourrait le jour  du mariage de sa fille… Depuis j’ai lu des commentaires qui font une comparaison avec des tragédies Grecques mais comme je ne suis pas du tout calée dans ce domaine, ce n’est pas un rapprochement que j’ai fait…
Le roi Tsongor qui a été un guerrier impitoyable pendant des années et qui a construit un empire puis est devenu un roi respecté est sur le point de marier sa fille Samilia dans le royaume de Massaba. Son fidèle serviteur Katabolonga décide pour lui de sa mort quand deux hommes se disputent la main de Samilia :  Kouame, celui à qui le roi à promis sa fille et Sango Kerim, celui qui vient réclamer celle qui s’est promise à lui dans leur jeunesse… Alors le roi meurt en souhaitant épargner des morts car il sentait que deux prétendants se livreraient une guerre sanglante pour la conquérir…
Malheureusement au lieu d’éviter une guerre, la mort du roi entraîne un long et très violent carnage qui durera des années…
Pendant ce temps, Souba, le fils cadet du roi obéit à ses dernières volontés en parcourant tout le royaume pour construire 7 tombeaux et en choisir un pour enterrer son père, même si cela prend des années… En chemin il apprend à connaitre son père et lui-même…
Cette histoire c’est comme une saga, une légende africaine chantée sur la grandeur et la décadence d’un empire, sur la nature humaine qui finit par vouloir tout détruire sur son passage par vanité.
J’ai du mal a exprimer ce que j’ai ressenti en écoutant cette histoire mais une chose est sure j’ai vraiment ressenti des choses fortes : on connait la peur, la haine, l’humiliation, la fierté, la violence (il y a des passages très violents), la honte, des forces presque mystiques qui poussent les hommes les uns contre les autres…
C’est donc un roman que je vous conseille vraiment et particulièrement en version audio car, la voix et la manière de lire de Pierre-François Garel sont excellentes et donne réellement une grande force à ce récit,  une musique… Il sert vraiment le texte en y apportant une dimension « orale » à ce roman qui se rapproche du conte initiatique.

Merci aux 

 2002

La vie rêvée d’Ernesto G : Jean-Michel Guenassia

Comme je vais avoir du mal à parler de ce roman, ce gros roman de 535 pages que j’ai dévoré sans voir le temps passer… Ce roman à l’écriture fluide, simple, facile (sans être simpliste) nous fait voyager à travers le 20ème siècle, entre Paris, Alger et le bled et Prague et même indirectement en Amérique du Sud.
 
Ce roman riche nous fait passer d’un événement historique à un autre, de la deuxième guerre mondiale au communisme sans que ce soit pesant du tout car ce qui compte vraiment dans ces histoires ce sont les personnages et leurs relations les uns aux autres et les répercussions de la grande Histoire sur leurs vies.
 
Je ne veux pas trop en dire car quand je l’ai commencé, je ne savais rien sur le contenu (je voulais le lire car j’avais déjà eu un coup de cœur pour « Le club des incorrigibles optimistes« ) et j’ai plongé dans la vie de Joseph Kaplan que l’on voit évoluer, grandir, murir au milieu de ses amis, ses amours, sa famille, ses passions, « ses » pays… (Ernesto G est bien un personnage du roman mais il n’arrive pas avant les alentours de la page 400…)
 
C’est un roman résolument humain qui raconte la vie des gens ordinaires qui traversent des moments historiques extraordinaires. J’ai aimé les personnages, les histoires, le style (et les petites pointes d’humour pince sans rire de l’auteur qui s’égrainent au fil du texte.)
 
p 27 : « En vérité, Joseph était affligé d’un handicap qui le gênait énormément, il n’était pas physionomiste. un vrai talon d’Achille. »
 
p 32 : « Mon Dieu, protégez-nous des femmes au nez retroussé qui ont un petit cul tout rond, perchées sur des talons hauts et maquillées comme des actrices de cinéma. »
 
p 361 : « Il ne supportait plus l’optimisme gluant de ce catéchisme socialiste qui les ensevelissait dans une tombe collective. Intolérable aussi la foi obligatoire en un avenir radieux,  l’interdiction d’émettre le moindre doute pour ne pas passer pour une traitre et le devoir de s’extasier sur les réussite d’un régime dont il ne voyait que les échecs. »
 
p 423 : « Ce dont les exploités ont besoin, c’est de pouvoir nourrir leur famille sans mourir au travail, de se soigner et d’éduquer leurs enfants gratuitement, la liberté d’expression viendra plus tard. Elle est surtout utilisée par nos ennemis pour nous attaquer.
 
Tu te trompes complètement Ramon. C’est aussi important de se sentir libre que de manger à sa faim. »

  avec Sandrine et Vive les bêtises … Allons voir leurs avis!

Merci à   et aux éditions Albin Michel pour cette belle découverte!