Je ne partais pas avec un à priori très positif en ouvrant ce livre car je ne suis pas beaucoup l’actualité et je ne suis pas une grande fan de l’écriture journalistique et pourtant ce document m’a très agréablement surprise, je l’ai lu en ayant vraiment le sentiment d’apprendre des choses et en n’étant pas pour autant en train de lire un hebdomadaire d’actualités.
Caroline Poiron est photographe et journaliste et était la femme de Gilles Jacquier, lui-même grand reporter pour France 2 qui a été tué dans un attentat en Syrie lorsqu’ils étaient tous les deux en reportage là bas en janvier 2012.
Le livre commence par raconter (très bien, avec un style agréable) leur départ de France, les démarches suivies par Gilles Jacquier pour entreprendre leur séjour, grâce à une religieuse, soit disant neutre qui avait ses entrées officielles en Syrie. Une fois sur place, elle raconte leur parcours et l’impression grandissante qu’ils ont d’être « baladés », manipulés par cette religieuse et qu’on veut leur faire voir, leur faire dire des choses. Et puis, contre leur volonté on les emmène à Homs et un attentat se produit qui cause la mort de Gilles Jacquier. Les heures qui suivent sont dignes d’un film d’espionnage car Caroline Poiron et deux journalistes Suisses (Sid Ahmed Hammouch et Patrick Vallélian avec qui elle écrit ce livre) doivent se battre pour garder la main mise sur le corps de Gilles Jacquier.
Et puis la seconde partie du documentaire est une enquête sur cet attentat qui parait très suspect à ceux qui étaient présents, qui ressemble beaucoup à une mise en scène pour stigmatiser les rebelles anti-Bachard Al Assad et les pointer du doigt comme ceux qui ont tué un journaliste occidental. L’enquête porte sur la religieuse qui semble corrompue et sur les dirigeants syriens.
C’est un documentaire assez édifiant sur ce pays, sur cette dictature qui tente de manipuler le monde entier. C’est effrayant car c’est réel. C’est également un très bon documentaire sur les journalistes et reporters de guerre car on voit leur travail de l’intérieur. Et la manière qu’a Caroline Poiron d’aborder ce récit, cette enquête, de façon très personnelle, apporte pour moi un vrai plus.
Je suis contente d’avoir découvert ce livre, sans le Prix de ELLE, je dois avouer que je ne l’aurai sans doute pas lu.
« Le comité de la révolution d’Al-Khaldyé a décidé de baptiser une rue de notre quartier au nom de Gilles Jacquier. Son destin est à jamais lié à celui de la Syrie. Il fait partie de notre histoire désormais.
[…]
Cette marque de respect n’est pas une exception. Chaque fois que je rencontre des Syriens de l’intérieur du pays comme de l’extérieur, ils me prennent dans leurs bras et me présentent leurs condoléances en m’assurant que la Syrie nouvelle n’oubliera pas ses morts. Qu’elle n’oubliera pas mon mari.
Fallait-il aller en Syrie? Fallait-il prendre le risque de mourir pour Homs? Ma réponse, notre réponse à Patrick, Sid et moi est claire et nette : oui, oui et oui.
C’est notre métier. Il comporte des risques. nous les assumons. Mais nous refusons de fermer les yeux sur un crime dont nous avons été les témoins directs. » P 282
« Et, aujourd’hui qui couvre encore la Syrie? De moins en moins de médias internationaux. Du coup, l’opinion publique n’y comprend quasiment plus rien, simplifie en mettant face à face un régime laïc et des islamistes assoiffés de sang. La Syrie baigne désormais dans une mer de sang, dans l’indifférence de la communauté internationale. La situation pourrit. » p 283
Lu dans le cadre du
2014
D’ailleurs vous pouvez aller fouiner sur les blogs des copines jurées de ELLE :
Ankya, Awa, Bianca, Blandine
Eva, Fleur, Galéa, Kirili,
Marie, Meelly, Micmélo
Mior, Musme, Tynn,
Valérie, Virginie
L’avis de Micmélo est ici!
2ème titre de la catégorie « aliment/boisson » (un « express » = un café) » pour le 