Ce marathon est le 4ème que je préparais et le troisième que je courais après Paris et Le Mont Saint Michel et l’abandon à La Rochelle pour cause de blessure).
Alors, comment ça s’est passé ? Mon expérience du marathon du Mont Saint Michel où j’avais mal géré la course, en partant trop vite, m’a fait complètement repenser ma préparation, en me forçant à courir plus doucement pendant l’entraînement et en étant plus « tactique » et en prévoyant à quelle allure je devais être kilomètre par kilomètre (je sais, quand on s’entraîne pour finir un marathon en 5h, ça parait un peu bizarre de parler de technique mais mine de rien, il faut finir et pour finir il ne faut pas se griller trop vite 😉
La veille comme les autres fois j’étais entre l’angoisse et l’euphorie, avec l’envie d’y être et la peur de ne pas y arriver. J’ai préparé mes affaires : j’avais prévu d’accrocher mon dossard avec les deux badges qui m’ont accompagnée sur tous mes marathons : « Keep calm and carry on » offert par ma Twin, mon soutien moral pour la course et « Vedette » offert par ma Best qui est aussi un clin d’œil car même quand on court doucement, on est un peu une vedette quand on finit un marathon, non ? Ma montre GPS est rechargée, mon livre audio (en prévision de l’attente) et mon ipod de musique avec des chansons pas trop rapides pour la première demie heure pour ne pas partir trop vite et une playlist « boost » à mettre en route quand ça començait à être dur. Symboliquement, Mrs B m’avait demandé de mettre une chanson pour qu’elle soit avec moi par la pensée au moment de la course où elle m’avait rejointe en 2014 au Mont Saint Michel pour que ce soit comme si elle m’encourageait (« Proud » de Heather Small : « So I step out of the ordinary, I can feel my soul ascending, I’m on my way, Can’t stop me now, And you can do the same, What have you done today to make you feel proud?» (« Alors je sors de l’ordinaire, je sens mon âme qui monte, je suis en route, rien ne m’arrête maintenant, et vous pouvez faire pareil, qu’avez vous fait aujourd’hui pour vous sentir fier de vous?« ) et j’avoue que ça m’a émue de l’écouter au kilomètre 25.
J’avais aussi mon pense-bête avec mes temps de passage et le téléphone portable (essentielle ligne de vie, même si pas un instant je n’ai pensé que je m’en servirais pour abandonner mais par contre j’ai pu prendre des photos et envoyer quelques sms programmés à l’avance à un groupe de copines qui ont transmis les infos à d’autres personnes. Je recevais aussi des sms pendant la course mais je ne les lisais pas (même si je n’allais pas vite) car je voulais rester concentrée mais savoir que des gens pensaient à moi me faisait beaucoup de bien !
Toujours pour rester dans le symbole, j’ai choisi de courir avec le tee-shirt que Mrs B et moi avions porté quand nous avons couru le marathon Duo du Mont Saint Michel au profit de l’association Roses en Baie qui lutte contre le cancer du sein.
C’était motivant de penser à mon amie Mrs B qui m’a tellement motivée au dernier marathon et aux Roses en Baie qui sont motivantes dans leur combat contre la maladie. Bastien m’avait préparé une étiquette pour m’encourager vu qu’il était en vacances chez ses grands-parents le jour J, (je suis la coureuse en rose et je ne suis pas la dernière à passer sous l’arche de l’arrivée!). Et puis je me suis fait une petite manucure spéciale marathon 😉
Je me suis levée à 5h25 (heureusement c’était le jour du changement à l’heure d’hiver car je n’ai dormi que 3 heures … toujours à cause de ce mélange d’excitation et d’angoisse 😉 ) J’ai déjeuné d’un gâteau énergétique (bio et sans lactose, bravo à la marque Punch Power), j’ai préparé ma potion magique pour mes gourdes, je me suis mise en tenue avec de la crème anti frottements à tous les endroits stratégiques (et c’est seulement quand on a déjà couru 2 marathons de plus de 5 heures qu’on sait qu’il faut en mettre dans le dos au niveau du soutif et autour de la taille au niveau de la ceinture 😉 A 6h20, j’ai rejoint mon co-voiturage avec des gars du club (ah oui, parce que figurez vous que je suis licenciée du club d’athlé en section loisir ;-). Le trajet a été très sympa car j’ai bavardé tout le long avec une fille à l’arrière.
Sur place j’ai récupéré mon dossard qui avait été pris par un autre coureur du club la veille (ces gars là courent le marathon entre 3h20 et 2h50 et pourtant ils sont vraiment très sympa avec les petits joueurs comme moi, il y a un vrai respect et une vraie gentillesse).
Puis j’ai rejoint l’arrière du peloton. J’aime cette ambiance d’avant la course, les gens sont joyeux, ça parle, ça rigole, il y a des gens déguisés, il y a une certaine fébrilité mais joyeuse (en même temps je suis toujours au fond, c’est peut-être plus tendu en tête de peloton ;-).
Une minute avant le départ, les organisateurs ont demandé un moment de silence en hommage aux familles des victimes l’accident de Puisseguin et c’était très touchant.
Le départ est donné et je me suis calé sur mon rythme de 6’’40 au kilomètre que je devais tenir jusqu’au km 25. Il faisait un temps magnifique, beau et pas trop chaud, avec des couleurs d’automne superbes dans la campagne bretonne. Je me suis très vite retrouvée dernière (ce qui ne me gênait pas, je ne comptais pas me laisser influencer).
La voiture balais me suivait de près et le conducteur devait en avoir assez car vers le km 6 ou 7 il m’a demandé d’un ton incrédule (et oserais-je dire un peu « négatif » : « Vous allez aller jusqu’au bout comme ça ? (avec l’air de dire « à cette vitesse d’escargot ? ») et je peux vous dire que ça m’a quelque peu énervée. J’étais à 6’’30 à ce moment là alors je lui ai répondu que oui, j’allais aller jusqu’au bout et qu’à vrai dire, là, j’étais même un peu rapide par rapport à ce que j’avais prévu et qu’il n’avait qu’à avancer car je n’avais pas besoin de lui, j’avais l’habitude de courir toute seule. Il a avancé un peu pour rejoindre les « autres derniers » après m’avoir demandé si j’avais un téléphone portable.Je dois dire que je l’ai trouvé quand même gonflé et je n’ai pas dit qu’au fond de moi je savais que j’allais finir par rattraper quelques coureurs en restant à mon rythme 😉 (ça se voit, là que je suis bonne dernière… loin de la voiture balais?? 😉
Et c’est ce qui s’est passé après le passage au km 10 j’ai commencé à compter les gens que je doublais 😉 Mais je dois dire qu’être dernière pendant les 10 premiers kilomètres n’a pas été un problème, au contraire, je me suis bien amusée. Les spectateurs étaient très sympathiques, m’encourageant en m’appelant par mon prénom écrit sur mon dossard (ça fait vraiment du bien, ça !) et je faisais des blagues en disant que je faisais partie de la sécurité ou bien faisant semblant de m’étonner de ne pas être la première. En traversant un village où il y avait beaucoup de spectateurs, j’ai même demandé aux gens de m’acclamer en disant qu’il fallait bien qu’il y ait quelques avantages à être dernière ce qui a fait rire les gens qui m’ont bel et bien acclamée 😉
La course s’est très bien passée, j’étais parfaitement dans mes temps prévus. L’Homme m’attendait après le km 30 mais il m’a fait peur en me prédisant une arrivée dans les 5h28… Vers le 33ème km j’ai commencé à avoir des crampes dans les mollets et autour des genoux mais je ne voulais surtout pas m’arrêter car je savais que le risque était de ne pas repartir. J’ai donc couru plus doucement avec des petits pas et en faisant des exercices de respiration évoqués avec la sophrologue pour « chasser » ces douleurs (et je crois que ça a marché !) Il faut dire qu’entre le kilomètre 25 et 35, à peu près au moment le plus dur de la course, ça montait beaucoup ! Donc entre les côtes et les crampes mon rythme a baissé un peu plus que ce que je m’étais autorisé…
Je dois avouer qu’à ce moment là, en plus des respirations de sophro je me suis mise à me parler à mi-voix pour me botter les fesses et m’encourager ! Mais contrairement au Mont Saint Michel, je ne me suis pas transformée en zombie qui voulait tout arrêter ! J’ai même cru que je pourrais être autour de 5h05-5h08 à l’arrivée mais c’était sans compter sur un grand découragement qui m’a saisi au kilomètre 40 environ quand je me suis retrouvée face à une dernière grande côte et j’ai bien cru que j’allais m’arrêter… Mais j’ai tenu bon !
(« Hey oh! Tu es arrivée jusqu’ici, tu ferais aussi bien de finir! ») : c’est exactement ce que je me suis dit!!
A 1 km de l’arrivée je me suis retrouvée entourée de tous les coureurs du relais qui se regroupaient pour finir ensemble. Et comme aucun n’avait couru plus de 10 km et que certains avaient eu le temps de se reposer, je peux vous dire que j’ai ressenti un certain contraste frustrant entre mon état lamentable et leur fraicheur et leur enthousiasme ! D’ailleurs L’Homme a pris une vidéo de moi à l’arrivée et si je garde le sourire, je suis quand même coupée du monde et j’avance aussi vite qu’un escargot, entourée de gens qui filent à toute vitesse à côté de moi ce qui me rend encore plus ridicule (même si Sandrine me dit qu’un escargot qui aurait parcouru 42 km serait très respectable 😉 Par contre, le fait d’être une dernière marathonienne à arriver m’a valu des encouragements de toute la foule (parce qu’ils se rendaient bien compte que j’avais plus de mérite que tous les relayeurs 😉 et plein de gens m’interpellaient pas mon nom, ça fait un bien fou ! Et le speaker a même cité mon nom à l’arrivée !
Comme je n’ai pas de fierté, je vous montre cette vidéo 😉
Je suis passée sous l’arche aux alentours de 5h13 mais mon temps réel (au passage sous l’arche du départ et sous l’arche d’arrivée) est de 05:12:29. J’ai donc gagné 12 mn sur mon dernier marathon et surtout je l’ai beaucoup plus apprécié. Et j’ai bon espoir de finir par en courir un en 5h 😉
Au moment de m’arrêter, j’étais un peu désorientée mais après avoir bu un « Breizh Cola » (Bretagne oblige!), j’ai retrouvé L’Homme et j’ai fait un petit passage chez les étudiants kinés et podologues, très sympathiques et qui m’ont fait beaucoup de bien !
Je tiens à remercier tous les bénévoles qui se sont montrés charmants, souriants et encourageants tout le long, ils étaient formidables !! Et le public aussi était vraiment sympa ! Je remercie aussi tous les amis qui m’ont envoyé des sms avant, pendant et après la course et toutes les personnes qui ont réagi sur Facebook ou sur Instagram ou sur le blog. J’ai le sentiment que plein de bonnes ondes sont arrivées jusqu’à moi et m’ont portée dans cette course ! Je remercie aussi L’Homme qui a supporté mes trois entraînements par semaine pendant les 10 semaines de la préparation et qui est venu m’encourager à Rennes !
Je suis plutôt fière de moi, même si personnellement j’ai conscience que finir le marathon avec seulement 16 personnes derrière moi et en plus de 5h n’est pas un exploit sportif, mais c’est sans doute un petit exploit humain 😉
Cette année je n’ai pas fait d’appel aux dons car le marathon en lui-même était solidaire puisque pour chaque kilomètre parcouru un arbre est planté en Ethiopie. Je l’ai déjà dit mais le fait que ce soit en Ethiopie est aussi symbolique pour moi car ma nièce et mes neveux viennent de ce pays 😉
Je suis donc aussi très fière d’avoir contribué à planter 42 arbres !
Et pour finir, je crois pouvoir dire que le pire moment du marathon, c’est en réalité le lendemain quand on peut à peine marcher et prendre les escaliers et s’asseoir et se relever 😉 mais une chose est sure, ça ne m’empêchera pas d’en courir un autre un jour 😉
Surtout que Bastien me dessine comme une championne!