Ce roman est très important pour moi. Je l’ai lu la première fois quand j’étais étudiante en licence en Irlande dans le cadre d’un cours où on s’intéressait aux problèmes entre les races et les sexes. Quand j’ai réfléchi à mon sujet de DEA (diplôme universitaire équivalent du Master 2 il me semble, seuls les anciens sauront de quoi je parle 😉 ) j’ai choisi de retourner vers ce roman pour traiter le sujet de « l’affirmation de l’identité de femmes afro-américaines » dans trois romans d’Alice Walker (dont « La couleur pourpre »). Je l’ai donc lu de nombreuses fois en 1995-1996 et puis plus jamais mais il restait dans mon top des lectures essentielles. Cela faisait un moment que j’avais envie de le relire pour en parler sur le blog et « l’African American History Month Challenge » semblait bien être le moment idéal!

Alors, c’est compliqué pour moi d’écrire ce billet car en le relisant je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’un billet ne serait pas suffisant pour dire tout ce qu’il y avait à dire et pour autant je ne peux pas non plus écrire un mémoire universitaire 😉

Le roman se passe au début du 20ème siècle dans le Sud des Etats-Unis. Célie a 14 ans quand elle commence à raconter son histoire par des lettres qu’elle écrit à Dieu.  C’est une jeune fille Noire dans une famille empreinte de violence morale, physique et sexuelle : elle est violée par « Pa' » de qui elle a deux enfants que ce dernier lui retire très vite, lui faisant croire qu’ils sont morts. Elle est mariée de force à un homme lui aussi violent et elle doit s’occuper de ses enfants. A cause de Mister (son mari) elle doit se séparer de sa sœur Nettie qui était le seul aspect positif de sa vie. Elle se sent alors terriblement seule.

Puis, au fil des années et des rencontres, Célie évolue. Elle va s’affirmer au contact de femmes d’une grande force. Il y a Shug Avery, la maîtresse de Mister, une chanteuse de blues excentrique et indépendante qui va bouleverser la vie de Célie. Il y a aussi Sophia, la femme du fils de Mister, une femme forte et indomptable -sauf par les Blancs qui reproduisent un esclavage sans qu’il en ait le nom.

Plus tard dans le roman, nous avons des nouvelles de Nettie qui est missionnaire en Afrique et ces passages, s’ils sont très éloignés de la vie du Sud des Etats-Unis, apportent malgré tout un éclairage très intéressant sur la race aussi puisque les Noirs Américains, missionnaires, se retrouvent parmi les Africains et sont pleins de questionnements sur leur identité car ils sont associés aux Blancs dans l’esprit des Africains.

Ce roman est vraiment très riche. On y voit la place des Noirs aux Etats-Unis mais aussi (et peut-être surtout) la place des femmes noires qui doivent supporter un double combat : elles sont noires et doivent subir les affres d’une société qui sépare les races en dénigrant la leur et elles sont femmes et doivent supporter les injustices d’une société patriarcale dans laquelle elles dépendent du bon vouloir des hommes… Comme le dit Mister à Celie : « You black, you pore, you ugly, you a woman. Goddam, he say, you nothing at all. » (« Tu es noire, tu es pauvre, tu es moche, tu es une femmes. Bon dieu, dit-il, tu n’es rien du tout. »)

Je profite de cette citation pour parler de la langue de ce roman qui est très particulière. En effet, Celie et la majorité des personnages noirs parlent un anglais issu de l’esclavage et du manque d’éducation, un anglais incorrect mais qui est une vraie identité de ce Sud des Etats-Unis, une langue qu’Alice Walker appelle le « black folk speech ». Je ne sais pas du tout comment cette langue a été traduite en français et je ne sais pas du tout si cela sonne juste mais en anglais, c’est réellement une « voix » afro-américaine que l’on entend en lisant ce roman.

Il existe une excellente adaptation cinématographique tournée par Steven Spielberg. Les personnages sont très fidèles à ceux du roman, ils sont tous excellents (Whoppy Goldberg dans le rôle de Celie et Oprah Winfrey dans le rôle de Sophia m’ont particulièrement marqué). Je vous recommande vraiment de voir ce film (en VO of course pour entendre la langue!) mais je ne vous mets pas la bande annonce en lien car je l’ai trouvée absolument nulle et sans intérêt!) Le film est disponible en DVD!

(Vidéo en anglais mais vous pouvez activer les sous-titres et la traduction automatique en français)

Je pense que si je renouvelle ce challenge de février l’an prochain, j’aurai le choix dans ma « PAL Alice Walker » pour relire un autre titre et vous en parler :

16 commentaires sur « The color purple (La couleur pourpre) : Alice Walker »

    1. Oui, le film et le livre sont très forts. Je suis contente de l’avoir relu et d’avoir pu constater qu’il me plaisait et m’impressionnait toujours autant plus de 20 ans plus tard!

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    1. Pourtant le livre est vraiment merveilleux (mais en anglais, je ne sais pas pour la version française). Le film est très bon (mais je ne l’ai pas revu depuis longtemps) je te le conseille aussi

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  1. Le film a été un de mes gros coups de coeur d’enfance/adolescence ! J’ai du le voir 5 ou 6 fois. J’ai tilté plus tard que c’était Whoopi Goldberg qui jouait Celie, mais c’est seulement maintenant que je tilte pour Oprah Winfrey !!! Et je revois très bien son personnage aussi. Un livre qui est sur ma LAL depuis des années mais je n’ai pas encore sauté le pas. Tu m’as bien motivée là !

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    1. Je n’ai pas revu le film depuis longtemps mais je l’ai en DVD alors ça ne saurait tarder car j’en garde un excellent souvenir! Les acteurs sont vraiment bon! Le livre est tellement riche! J’espère juste qu’il est bien traduit 😉

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  2. Un classique que je devrais lire !! en tout cas, ton billet me donne envie de le découvrir, de même que le film dont j’avais beaucoup entendu parler sans jamais le voir… Quant au DEA, ah la belle époque ! mais je me suis arrête après la maîtrise 🙂 Bon mercredi et bonne suite de challenge, Enna!

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    1. Ca me fait plaisir de te donner envie! J’espère que tu aimeras aussi (et le film vaut vraiment le coup!) ON prend un coup de vieux quand nos diplômes n’existent plus, hein 😉

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  3. Vraiment très tentée, par la lecture bien sûr, mais aussi le film vu ce que tu en dis (mais en français hein! ma connaissance de l’anglais est nulle, donc de là à reconnaître les accents…)

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