Ce roman se situe sur deux époques : en 1980, Anna, une jeune documentaliste est envoyée par son patron à l’IAS (Institut de Recherche Avancée) de Princeton dans la maison de retraite où vit la veuve d’un génie mathématique afin de récupérer les documents de son mari. Adèle Gödel était la femme de Kurt Gödel, un spécialiste de la logique, et son héritage intellectuel est très recherché. Mais Mme Gödel est loin d’être prête à se laisser déposséder de ces documents facilement… Elle compte bien profiter des visites de la jeune Anna… Elle a besoin de compagnie et elle va lui raconter la vie du grand homme mais surtout la sienne.

Et c’est ainsi que s’alternent les passages de 1980 dans la maison de retraite de Princeton avec ceux qui commencent dans les années 30 à Vienne puis plus tard aux Etats-Unis. Avec Adèle, on voit la rencontre d’un génie scientifique avec une jeune fille plutôt libérée et loin d’être intellectuelle. Leur amour est particulier, secret d’abord, puis ils se marient pour pouvoir émigrer aux Etats-Unis afin de fuir la guerre et pouvoir poursuivre son travail de mathématicien. Il y a ensuite la vie à Princeton dans les années 50 avec Einstein…

Mais Kurt Gödel n’est pas facile à vivre, son génie frôle régulièrement avec la dépression et la folie et Adèle doit le materner et le protéger de lui-même. Elle a passé sa vie à être une aide pour un homme qui était sans doute tellement intelligent que ça le rendait terriblement égoïste mais pourtant elle a donné beaucoup par amour.

Cette histoire est à la fois vraie et à la fois fictive car Kurt Gödel, le génie mathématique et sa femme, la petite danseuse, ont bien existé, il a bien révolutionné les maths et ils ont bien fréquenté Einstein. Mais si Yannick Grannec a pris des libertés littéraires, elles sont toutes vraisemblables.

J’ai trouvé ce roman assez passionnant et pourtant, je ne comprends pas un mots de maths et je n’aurais jamais imaginé autant aimer un roman ayant pour toile de fond les mathématiques! Et puis j’y ai retrouvé un petit côté « The Big Bang Theory » pour ceux qui connaissent la série, avec un petit côté Sheldon (en plus psychotique) pour Kurt et un côté Penny pour Adèle.

Et puis il y a un aspect historique vraiment intéressant aussi, avec la montée du nazisme, l’Anschluss, l’émigration, les travaux sur la bombe atomique, le maccarthysme.

J’ai aussi beaucoup aimé l’Adèle âgée, vieille dame indigne qui n’a rien à perdre et qui n’a pas besoin de plaire à qui que ce soit et qui n’a pas sa langue dans sa poche (d’ailleurs, même jeune elle avait ce tempérament de feu!) et sa relation avec la jeune Anna, un peu coincée qui semble déjà ankylosée dans sa propre vie qui sera dépoussiérée par sa rencontre avec Adèle.

Le seul bémol que j’évoquerais dans ce roman, c’est qu’il n’était peut-être pas nécessaire de donner trop d’importance à la vie privée d’Anna, ça m’a beaucoup moins intéressé et ce n’était pas utile au récit. Mais si on considère que c’est un premier roman, je dois dire que ce n’est pas non plus un trop gros défaut et il m’a totalement emporté (je l’ai même conseillé à ma collègue de maths qui grâce à moi va écouter son premier livre audio 😉

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8 commentaires sur « La Déesse des petites victoires : Yannick Grannier (lu par Flora Brunier) »

  1. oui on se posait la question faut-il etre un tantinet fou pour etre tres tres bon en maths….c de la folie de voir les exemples de despressions, schizophrenie etc dans le ce monde
    en tout cas il semble bien malgre la vie privee d’anna….je pense que je serais du meme avis que toi…;)

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