Ce roman est une histoires de femmes. A Paris, au 19e siècle, il ne fait pas bon être épileptique, perturbée psychologiquement par les violences familiales et/ou sexuelles ou encore moins voir des esprits. Que l’ont soit pauvre ou de bonne famille, quand on est une femme à cette époque, on est vite envoyée à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Là-bas, le professeur Charcot, le médecin qui s’occupe de « soigner » les hystériques, fait fureur avec ses salons où il exhibe les malades et fait des séances d’hypnose sur ces femmes…

Il y a Louise, une jeune fille qui est là depuis plusieurs années et dont les crises font qu’elle est une des patientes préférées du Dr Charcot mais qui a l’innocence de croire que le jeune interne qui la séduit va la faire sortir de là… Il y a des anonymes qui forment un bataillon de femmes qui se sont habituées à leurs conditions de vie, celles qui rêvent de guérir et celles qui sont trop anéanties. Et puis, il y a Eugénie, jeune femme de bonne famille, assez intelligente pour rêver de faire des études et qui pourtant se retrouve là car elle voit des esprits.

Un autre personnage féminin important, c’est l’infirmière, Mme Geneviève, qui avant de rencontrer Eugénie faisait une confiance aveugle aux médecins mais dont les certitudes vont être ébranlées.

Je trouve que beaucoup d’avis sur ce roman focalisent trop sur le titre. On critique souvent le fait que le fameux bal qui se tient chaque année à la mi-carême entre les pensionnaires de l’hôpital et des invités du public triés sur le volet, n’est qu’évoqué mais qu’on ne le voit jamais. Personnellement, je n’ai pas perçu le titre comme une allusion à ce bal mais plus pour parler de la manière dont les femmes décrites dans ce roman semblent suivre toutes une danse… Qu’elles soient réellement aliénées, ou traumatisées par la vie ou simplement n’entrant pas dans le moule de la société de l’époque, elles sont considérées comme folles et entrent dans une sorte de danse entre faux semblants et une instrumentalisation de ces « folles » qui sont montrées en spectacle par le professeur Charcot, ou par le photographe qui vient les immortaliser jusque sur leurs lits… Ces femmes sont toutes prises dans une sorte de tourbillon duquel elles ne peuvent s’échapper, dépendantes pour leur malheur ou leur bonheur (illusoire) des hommes qui la plupart du temps les utilisent ou les maltraitent.

J’ai beaucoup aimé la manière dont il était lu pour la version audio.

J’ai beaucoup aimé cette histoire que j’ai préférée à « La salle de bal » auquel j’ai vu qu’il était souvent comparé. J’ai aussi souvent pensé au film « The Magdalen Sisters » dans lequel les femmes étaient mises de côté quand elles dérangeaient. Et en préparant ce billet, je découvre qu’il y a un film sur Charcot et les femmes qu’ils soignait :

 Chez Sylire

Catégorie « son » de ma ligne audio

15 commentaires sur « Le Bal des folles : Victoria Mas (lu par Audrey Sourdive) »

  1. J’ai beaucoup aimé aussi. C’est terrible ce qu’on pu vivre les femmes « différentes » ou qui dérangeaient à cette époque. De mon côté, j’ai pensé à Camille Claudel.
    Le sujet est bien traité et la version audio est très bien, oui. J’aime bien la lectrice (que l’on retrouve dans « ici n’est plus ici ».

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  2. Tu vois, moi, ce n’Est pas le bal (ou le manque de bal) qui m’a dérangée car je l’ai pris comme toi. C’est plutôt le choix du personnage principal. Je l’aurais trouvée plus forte sans le côté médium…

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  3. J’ai l’impression que le format joue un peu. Je ne lisais que des billets mitigés sur ce livre alors que Maggie, Sylire et toi êtes enthousiastes. Ça m’intrigue et me rassure car c’est vraiment une thématique qui me passionne.

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