Samedi 23 avril, Julie Wolkenstein été invitée à la médiathèque de Saint-Pair-sur-Mer qui est une ville au centre de nombreux de ses romans et où elle a une maison, car elle a gagné le prix littéraire du Cotentin 2020 (la remise des prix ayant été décalée à cause du covid etc, même si le bandeau de l’éditeur a été imprimé avec la mauvaise date ;-)) pour le roman « Et toujours en été« . Ce roman présente sous la forme d’un escape game qui décrit sa maison de famille, sa famille, leurs relations familiales et leur histoire…
Elle commence par annoncer qu’elle a commencé un nouveau livre même si elle n’a écrit que 12 pages. Elle a expliqué que pour elle, le moment le plus agréable quand elle écrit, c’est quand elle approche de la fin parce que tous les fils qu’elle a lancés se nouent presque malgré elle et elle trouve cela très agréable. Pour elle, le début est laborieux. Avant de commencer, elle ressent de l’appréhension, une période d’angoisse et de fragilité qui accompagne le démarrage de l’écriture.
Elle précise que le prochain livre ne sera pas de la fiction : elle ne dira rien qui ne soit pas la réalité. Cela parlera de l’autoroute qui va jusqu’à la Manche mais ce sera un prétexte pour parler de Saint-Pair-sur-Mer. Mais elle raconte qu’elle a commencé à lire le roman « Confiteor » de Jaume Cabré qu’elle aime tellement qu’il lui a redonné le goût de la fiction et qu’il lui donne envie d’écrire à nouveau elle-même un roman car si elle trouve intéressant le parti pris de la vérité, la fiction lui manque.
La discussion a ensuite porté sur « Et toujours en été ». Avec du recul elle pense que le choix de faire de son dernier roman un « escape game » était sans doute pour s’extraire inconsciemment d’un moment très sombre de sa vie. Elle venait de voir mourir de façon très brutale des personnes très chères (son demi-frère et son éditeur). Elle a appris cela par téléphone et en plus de la douleur, du manque et du deuil, elle ressenti la sensation que le sol pouvait s’ouvrir sous soi sans prévenir. En apparence, il ne lui arrivait pas grand-chose, la vie continuait, elle n’était pas directement impliquée comme l’étaient les veuves. Elle était meurtrie mais elle ne se sentait pas légitime de se plaindre. Elle était cadenassée, blindée. Et 4 ans après elle s’autorise enfin à se plaindre, à dire que ça va et elle remarque qu’on dit souvent que ça ne va pas quand ça commence à aller mieux.
Elle allait donc très mal à l’époque de ce livre et le format du jeu de l’escape game était une façon de se sortir de ce marasme. La maison au coeur de l’histoire était une maison qu’elle partageait avec son demi-frère. Habituellement, c’était une maison où elle se sentait sereine et elle s’est retrouvée enfermée dedans pendant le confinement. Elle a l’impression que c’est la maison qui a une force. Elle parle à cette maison. Elle explique que tous ceux qui sont venus ressentent cette force. Elle y entretient une forme de passéisme en la rénovant à l’identique car elle ne veut pas la changer, c’est une forme de fétichisme ! Mais s’amuse du fait que si elle devait refaire l’escape game maintenant, ce serait moins drôle parce qu’elle a profité du confinement pour réparer et nettoyer la maison !
À la question de savoir si elle aurait écrit sans la maison de Saint-Pair (qui est au cœur de nombreux romans), Julie Wolkenstein répond qu’elle n’aurait peut-être pas écrit du tout si elle n’avait pas eu cette maison, elle ne serait peut-être jamais devenu écrivaine ou alors elle aurait écrit sur autre chose mais les maisons auraient certainement été l’honneur par car elle aime les maisons.
J’ai fait dédicacé « Adèle et moi » qui est le premier roman que j’ai lu d’elle pour lequel j’avais eu un coup de coeur et je lui ai même raconté que pour mon billet de blog j’avais fait une petite enquête pour retrouver les maisons et que j’avais adoré retrouver les lieux que je connaissais (les lieux de jogging par exemple!). Elle m’a raconté qu’au début, elle voulait faire une biographie de cette aïeule mais quand elle s’est rendue compte qu’elle n’aurait pas assez de documentations et comme son père n’était pas très élogieux à son sujet, elle a préféré en faire un personnage de fiction. Je lui aussi dit que j’avais aimé « Les vacances » et je lui ai avoué que je n’avais pas fini « Et toujours en été » car je suis plus une adepte de fiction et que j’avais eu un peu de mal avec la forme d’escape game, même si j’avais aimé les passages sur la maison et sur les personnes parce qu’il y avait un côté universel. Elle m’a dit qu’elle était très étonnée que ce texte plaise autant et qu’elle ne s’y attendait pas et qu’effectivement, les gens semblaient y retrouver des thèmes qui leur parlaient même s’ils ne sont pas forcément de la Manche ou du bord de mer mais que le côté mason de famille et histoire de famille plaisaient. C’était un moment d’échange très agréable!