Cris : Laurent Gaudé

Résumé de l’éditeur : « Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore, retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front, « l’homme-cochon ». À l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix de ses compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité.« 

*

Laurent Gaudé est un auteur que j’aime beaucoup (parmi les romans de lui que j’ai lus, j’ai juste abandonné « Ecoutez nos défaites ».) J’ai découvert après ma lecture que « Cris » était son premier roman et même si ce n’est pas mon roman préféré au niveau du style, c’est quand même un sacré tour de force pour un premier roman.

Ce roman est court mais très intense. Il raconte l’histoire poignante des tranchées pendant la 1er guerre mondiale mais au-delà de la guerre, c’est des hommes qu’il s’agit et surtout de la folie crée par cette guerre atroce.

L’auteur donne la parole aux soldats au coeur des conflits : simples soldats, officiers, médecin, un gazé coincé dans le no man’s land, un permissionnaire… C’est un témoignage de l’inhumanité de cette guerre qui transforme ses êtres humains et les plonge tous les uns après les autres dans une forme de folie…

C’est fort et cela fait vraiment prendre conscience de ce que traversent des soldat dans des combats si terribles (l’évocation des combats à la baïonnette fait froid dans le dos) et cette folie qui fait des hommes ordinaires des bêtes qui crient…

Dans le recueil « Les oliviers du Negus« , Laurent Gaudé a aussi parlé de la 1er guerre mondiale dans la nouvelle : « Je finirai à terre« , c’est donc sans doute un sujet qui lui tient à coeur.

Ce roman est parfait pour « De 14-18 à Nous – Challenge Première Guerre Mondiale 2023 » chez Blandine.

The wych elm (L’arbre du mal) : Tana French

Ce roman est pavé d’environ 500 pages dans la version anglais (mais j’ai vu qu’il faisait 800 pages en poche français!) qui m’a beaucoup plu et même si j’ai trouvé qu’il était un peu lent au démarrage, le rythme s’accélère à la moitié.

Le roman commence avec Toby Hennessy, un jeune irlandais qui vit une vie plutôt réussie et facile entre son travail, des copains de lycée avec qui il est toujours resté proche, une petite amie adorable avec qui il ne vit pas encore mais qu’il envisage d’épouser et une famille plutôt unie. Après une soirée très arrosée avec ses deux amis qui conclut une période compliquée au travail, il subit une terrible agression dans son appartement par deux cambrioleurs. Laissé pour mort, il va s’en sortir mais devra accepter de vivre diminué, notamment par des pertes de mémoires qui affectent tant ses souvenirs récents ou anciens que son vocabulaire.

Le hasard fait que son oncle Hugo vient d’être diagnostiqué d’un cancer incurable au cerveau et ses cousins Leon et Susanna l’encouragent à venir s’installer avec leur oncle pour l’accompagner dans ses derniers instants. Les trois cousins ont toujours passé toutes leurs vacances dans la maison de famille où habite leur oncle Hugo : Ivy House. Adolescents, ils étaient au lycée ensemble, même s’ils se voyaient surtout les étés qu’ils passaient ensemble. Ne pouvant pas travailler et traumatisé à l’idée de vivre dans son appartement, Toby s’installe à Ivy House avec sa petite amie Melissa et tous les trois avec Hugo prennent leurs marques pour vivre ensemble paisiblement.

Et puis un jour où les 3 cousins étaient réunis avec leur oncle, les enfants de Susanna font une découverte macabre : dans le tronc creux d’un orme (« wych elm » en anglais) ils découvrent un crane humain…

La police entre en jeu et très vite découvre qu’il s’agit du cadavre vieux de 10 ans de Dominic, un camarde de lycée des trois cousins. Evidemment, la police s’intéresse particulièrement à ce jardin, cette maison et cette famille. Et cela va perturber particulièrement Toby qui ne semble pas avoir les mêmes souvenirs de cette époque et de Dominic que les autres …

Espérant retrouver des informations et comprendre ce qui s’est passé à l’époque, Toby va mener sa propre enquête mais va découvrir plus qu’il ne l’imaginait… Les inspecteurs de police jouent aussi avec les nerfs de tous les personnages…

C’est un polar très psychologique qui interroge sur le passé, les souvenirs que l’on peut avoir sur les événements. Il est question de loyauté et de famille et interroge aussi sur ce que c’est d’être une bonne personne.

Il y a aussi quelques histoires parallèles, peut-être pas toutes essentielles, mais l’ensemble m’a plu car ce n’est pas une histoire avec des personnages manichéens et la fin, qui n’est pas une résolution d’enquête ordinaire, était aussi intéressante.

J’avais déjà lu un roman de Tana French et j’avais aussi aimé : « La maison des absents » et j’ai aussi « La mort dans les bois » dans ma PAL!

catégorie végétal

par ma maman

Chavirer : Lola Lafon

Il n’est vraiment pas facile de parler de ce roman, d’autant que je n’ai pas aimé la quatrième de couverture qui parle de certains éléments qui n’apparaissent qu’à la toute fin du roman. Il faut dire que la construction est loin d’être linéaire et que les personnages sont évoqués à différents moments de leur vie avec des allers-retours dans le passé, certains personnages sont introduits sans qu’on sache tout de suite quel lien ils ont avec les personnages principaux. Et pourtant, je n’ai pas été perdue dans ma lecture et j’ai beaucoup aimé cette construction (mais ça ne me facilite pas la tache pour vous en parler sans trop en dire!)

Dans les années 1980, Cléo, 13 ans, fait de la danse moderne jazz dans une MJC de banlieue. Elle vit une vie plutôt ordinaire avec ses parents et n’est pas malheureuse. Un jour, une femme l’approche suite à un cours de danse en lui disant qu’elle l’a remarquée car elle est douée et lui parle d’une bourse au mérite attribuée par la fondation Galatée qui s’adresse aux jeunes filles qui peuvent avoir des destins exceptionnels. Cathy est une femme qui présente bien, elle donne une image de quelqu’un d’aisé et cultivé et surtout elle s’intéresse beaucoup à Cléo, et fait découvrir un autre monde à la jeune ado : elle a du charme et elle entraîne Cléo dans le rêve d’être sélectionnée pour la bourse en lui offrant des vêtements, du parfum et même de l’argent. Même les parents lui font confiance. Quand Cléo rencontre les jurés de la fondation Galatée, tous des hommes plus très jeunes, elle découvre assez vite -sans tout à fait comprendre- l’envers du décors… Ils cherchent bien des jeunes filles mais pas forcément pour leurs capacités exceptionnelles mais plus pour leur jeunesse…

Cléo va alors devenir l’assistante de Cathy et changer de rôle tout en ayant conscience de ce que vont vivre les jeunes filles qu’elle présente à Cathy. Elles tombent sous le charme aussi… Notamment, Betty, une fille de 12 ans, danseuse classique très douée, que Cléo refuse de voir s’engager dans ce système mais Betty est très déterminée…

Et puis on va (re)découvrir Cléo plus tard dans sa vie, par ses expériences ou par la visions que d’autres ont eu d’elle, sa vie de danseuse de variété dans l’émission « Champs Elysées » ou en dans cabaret style Lido et on va aussi retrouver indirectement la trace de Betty…

C’est un roman très réussi et très fort sur les abus sexuels, sur la manière dont les jeunes filles ont subi le « grooming » d’une personne charismatique ce qui a entraîné la culpabilité, le déni de ces dernière et puis la résilience… C’est vraiment très intéressant et très bien écrit et construit, j’ai vraiment aimé, c’est très touchant et réaliste.

De cette autrice j’ai aussi lu « La petite communiste qui ne souriait jamais« .

chez Mélanie et @mel_coccinelle : danse

Le violoniste : Mechtild Borrmann

Résumé de l’éditeur : « Moscou, 1948. Alors que le violoniste virtuose Ilja Grenko quitte la salle de concert sous des tonnerres d’applaudissements, son stradivarius à la main, il est arrêté et conduit à la terrifiante Loubianka, le siège du KGB, sans comprendre ce qu’on lui reproche. Après des jours de privations, d’humiliations et d’interrogatoires, Ilja signe des aveux absurdes qui le condamnent à vingt ans de goulag, après qu’on lui a promis que sa femme Galina et leurs deux très jeunes enfants ne seront pas inquiétés. Mais sa famille est envoyée en exil au bout du monde, dans un enfer à ciel ouvert, le Kazakhstan. Le violon de Grenko d’une valeur inestimable disparaît à jamais. Deux générations et quelques meurtres plus tard, le petit-fils de Ilja, Sasha, se met en quête du stradivarius et apprend les heures les plus sombres de l’histoire de sa famille, broyée par le régime totalitaire et ses hommes de main, indifférents à toute dignité humaine.« 

La quatrième de couverture résume bien le début du roman. L’histoire alterne donc trois points de vue : dans le passé, on a l’histoire de Ilja Grenko, le violoniste virtuose qui a été condamné au goulag sous prétexte qu’il aurait voulu fuir en Europe. On va découvrir l’horreur de ces camps de travail où chacun est déshumanisé. Puis nous suivons aussi Galina, sa femme qui a été condamnée à l’exil avec ses fils, punie pour la faute de son mari, le traitre à la patrie. Elle va souffrir également et devoir se refaire une vie de travail et de conditions très difficiles… Et en plus elle est persuadée que son mari les a abandonnés… Evidemment, si les vies des deux personnages sont bien celles décrites dans le roman, tout part d’un mensonge car Ilja n’a jamais voulu s’enfuir et il n’a jamais été un traitre …

Au présent, Sacha, le petit fils d’Ilja et Galina, vit en Allemagne et n’a pas une vie facile : il n’a jamais connu son grand-père et a du quitter sa grand-mère pour aller en Allemagne avec ses parents et sa petite soeur. Mais ses parents sont morts dans un accident de voiture et il s’est retrouvé séparé de sa soeur et a été placé en foyer… Des années plus tard, il est contacté par sa soeur qu’il n’a jamais revue depuis l’enfance… A partir de là, il va se trouver confronté à des assassinats et découvrir que l’histoire de son grand-père n’était pas celle qu’il avait toujours connue et que son père avait commencé des démarches pour retrouver le Stradivarius (un violon d’une grand valeur) de son grand-père… Tous les non-dits et les secrets (et bien d’autres) vont être mis à jour mais cela met Sacha en danger…

Tout d’abord, si j’ai acheté ce livre c’est parce que j’ai vu qu’il avait eu le prix de ELLE et que je m’étais dit que ça ferait un livre de plus à ajouter à mon challenge « Prix des lectrices de ELLE« . Mais après l’avoir lu, je m’étonne de sa classification dans la catégorie « Polar » car ce n’est pas vraiment un polar pour moi mais plus un roman historique avec quelques aspects presque d’espionnage (ça c’est pour avertir les fans de polars!)

J’ai beaucoup aimé les parties dans le passé qui m’ont fait découvrir un aspect de l’histoire soviétique que je connaissais très mal. J’ai trouvé que c’était bien écrit et bien amené. Par contre, je suis beaucoup moins convaincue par la partie actuelle, qui manquait de réalisme pour moi, j’ai trouvé ça assez confus, proche du roman d’espionnage, j’ai trouvé trop d’incohérences et j’ai eu du mal à comprendre les tenants et les aboutissants de cette partie.

Cependant, je vous recommande quand même ce roman malgré mes petits bémols.

chez Mélanie et @mel_coccinelle : Musique

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Polar 2015

60 minutes : M.J. Arlidge

J’avais lu le premier roman de cet auteur : « Am stram Gram » et j’avais bien aimé alors j’étais contente de recevoir le dernier (enfin, avant dernier, car le dernier n’est sorti qu’en février 2023). Le personnage principal, Helen Grace, est un personnage récurrent mais franchement, ça ne pose aucun problème de compréhension dans ce roman.

Le roman d’environ 540 pages raconte 6 journées (bien remplies!) et se découpe en chapitre très courts qui alternent les points de vue de tous les personnages -policiers, victimes et autres- et mêlent l’enquête à proprement parler et les aspects plus personnels.

L’histoire commence avec un jeune homme qui reçoit un coup de téléphone lui annonçant qu’il lui reste une heure à vivre… Il a le temps de prévenir son compagnon alors qu’il est sur le chemin du retour mais n’arrivera jamais car il est assassiné, 60 minutes après le coup de téléphone…

L’enquête de police commence et il s’avère que ce jeune homme faisait partie d’un groupe de 5 jeunes ayant été kidnappés et torturés par un fou 8 ans auparavant. D’ailleurs, une des quatre survivants, est sur le point de sortir une livre témoignage sur leur expérience (et des extraits sont reproduits dans le roman). Ce n’est que quand un deuxième rescapé de Daniel King, le psychopathe, est assassiné après avoir reçu un coup de téléphone que les policiers commencent à s’intéresser à leur passé.

Ajoutez à cela des collusions entre la police et la presse avec une journaliste aux dents longues prête à tout pour un scoop et un officier de police qui a des choses à prouver ainsi que des histoires sentimentales entre deux policiers et vous aurez un roman rythmé et accrocheur jusqu’au bout! Je l’ai dévoré!

Merci aux Editions 10-18 et Babelio pour cet envoi!

Catégorie moment de la journée

La petite robe de Paul : Philippe Grimbert

Je ne sais plus où j’avais repéré ce titre, mais quand je l’ai acheté sur un marché du livre d’occasion, il était noté dans ma LAL. De Philippe Grimbert, j’avais aimé « Un secret » et moins « La mauvaise rencontre » alors je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant ce roman, même si plusieurs personnes m’avaient dit avoir beaucoup aimé.

L’histoire commence quand Paul, la cinquantaine, en formation dans un autre quartier que le sien, profite chaque midi de son temps de pause pour se promener comme un touriste dans sa ville et il est irrésistiblement attiré par la vitrine d’une boutique de vêtements pour enfants qui présente une petite robe blanche avec des roses et sans vraiment y réfléchir, il finit par l’acheter, en taille 6 ans, tout en se rendant compte qu’il cède à une pulsion incompréhensible.

Cela lui est tellement incompréhensible que quand il rentre chez lui, il n’en parle pas à sa femme Irène avec qui il a pourtant une très bonne relation. Il cache cette robe dans son armoire sans pour autant arriver à se la sortir de la tête.

Irène découvre cette robe par hasard et elle est choquée, tant par sa présence que par le fait qu’elle est clairement cachée. Elle imagine que Paul a soit une double vie et une fille de 6 ans quelque part soit qu’il a une attirance pour les vêtements de petite fille… Pour autant, elle ne le confronte pas à sa découverte…

A partir de là, chacun de son côté va traverser des bouleversements personnels : l’un repensant à son père, en rêvant même et allant jusqu’à littéralement creuser pour en savoir plus sur lui et l’autre, orpheline dès l’enfance, repensant aux mensonges qui ont accompagnés cette perte mais également revenant sur sa fausse couche et les tentatives infructueuses d’avoir un autre enfant par procréation assistée, tout cela réveillant une dépression latente.

Ce couple pourtant soudé va donc, par ce non dit, par ce silence qui hurle entre eux, d’abord plonger dans le silence puis exploser. C’est une robe qui déclenche tant de choses et qui va les faire se perdre et se retrouver.

En préparant ce billet, j’ai découvert que Philippe Grimbert était psychanalyste et cela explique sans doute sa bonne maîtrise de tous les méandres psychologiques de ses personnages.

C’est un très court roman en nombre de pages (environ 150) mais c’est un roman très intense.

Catégorie objet

Le silence et la colère : Pierre Lemaitre

Ma collègue Coralie m’ayant prêté « Le Grand Monde » et ce deuxième tome de la nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre, je me suis empressée de lire « Le silence et la colère » dans la foulée! J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai dévoré en peu de temps (mettant à profit mon arrêt maladie pour lire ce pavé en continu!) mais je pense que je ne conseillerai pas forcément de les lire immédiatement l’un après l’autre car Pierre Lemaitre fait quelques rappels et allusions au premier tome, qui sont bien entendu intéressants quand on a laissé passer du temps entre les deux, mais un peu répétitifs quand on vient de fermer le roman précédant.

Ce roman est une vraie suite, 4 ans plus tard, en 1952. On retrouve donc Louis et Angèle Pelletier, les parents, qui vivent toujours à Beyrouth et leurs enfants, qui vivent à Paris. Jean qui est toujours marié à Geneviève, enceinte, et papa d’une petite Colette de 3 ans, François qui est en couple avec Nine, Hélène qui est toujours officiellement célibataire.

Comme la dernière fois, je ne veux pas trop en dire, d’une part parce que de nombreux éléments de l’histoire sont liés au tome précédant et d’autre part car certaines choses qui arrivent aux uns et aux autres ont des conséquences sur d’autres personnages… Car encore une fois, ce roman est un vrai patchwork !

Cependant, il y a quelques grands sujets qui vont occuper les personnages pendant la durée du roman. La plus anecdotique (mais je sens qu’on en entendra parler dans le 3e tome) c’est la passion avec laquelle Louis, le père, s’est attaché à soutenir les ambitions de boxeur de Lucien, un ouvrier de sa savonnerie. Puis, il y a Jean, qui vit toujours avec sa femme égoïste et autoritaire avec qui, après avoir ouvert une première boutique, il se lance dans la création d’un grand magasin bon marché, « Dixie » (qui ressemblent à « Tatie »). On comprend vite que Geneviève est loin d’être douce avec sa petite fille et cela aura des conséquences dans la suite du roman. François est toujours journaliste au « Journal du Soir ». Il devient responsable des faits divers et pour trouver sa place il va rouvrir l’enquête sur la mort de l’actrice à laquelle lui et son frère avaient été mêlés 4 ans auparavant. Il vit une histoire d’amour tumultueuse avec Nine, une jeune femme sourde très secrète. François a dû aussi accepter que sa soeur Hélène prenne plus de place comme journaliste dans son journal. Elle commence d’abord par une enquête sur la propreté des françaises (enquête qui a réellement existée dans le magasine Elle et qui est reproduite à la fin du roman) puis, elle est envoyée dans un village sur le point d’être noyé pour la mise en place d’un barrage. Elle va être amenée à parler à tous les habitants du village qui s’opposent sur ce projet.

Il est aussi question d’avortements clandestins, de rupture familiale, de maltraitance envers un enfant, de crimes non résolus, d’ouvrières exploitées, de grèves, de relents de Vichy, de manipulation de la presse, l’évolution du commerce, d’une grand-mère qui prend le relais, d’un couple âgé qui traverse les années en s’aimant…

Les personnages sont attachants (sauf Geneviève, il faut bien le dire!) et même un des personnages qui a fait des choses terribles devient touchant (mais je me demande comment Pierre Lemaitre va traiter ce personnage dans le 3e tome).

Bref, j’ai beaucoup aimé la suite de cette saga familiale qui est surtout un roman social, une incursion dans la France des années d’après guerre et c’est vraiment très vivant et intéressant!

A lire APRES avoir lu « Le Grand Monde »!

par ma collègue Coralie

Le Grand Monde : Pierre Lemaitre

Pierre Lemaitre est un auteur que j’aime beaucoup. J’ai lu ses polars et romans noirs (La trilogie « Verhoeven » : Travail soigné, Alex (Lu par Philippe Résimont) et Sacrifices (lu par Lionel Epaillard), Trois jours et une vie (Lu par Philippe Torreton), Robe de marié et Le Serpent majuscule (Lu par Nicolas Djermag) et sa trilogie « Les enfants du désastre » : Au revoir là-haut, Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines (les trois en audio parfaitement lus par l’auteur) et deux adaptations BD : Au revoir là-haut et Couleurs de l’incendie par Christian De Metter.

Cet auteur est un conteur né, il sait vraiment raconter des histoires (déjà quand il écrivait des polars) et ses romans de « littérature blanche » -comme on dit- à partir de « Au revoir là-haut », sont comme une seule grande histoire qu’il déroule au travers des époques, faisant rebondir les lecteurs et les personnages d’aventures en aventures et de faits historiques en faits historiques tout en prenant soin de dessiner des personnages complexes dans des relations fouillées (et vice versa) ce qui fait qu’à chaque fois il arrive à mélanger les genres : ce sont des romans historiques, des romans d’aventures, des romans d’amour, des polars, des romans psychologiques… C’est très dur à classer et très dur à raconter!

Ce roman, qui est le premier d’une nouvelle trilogie, « Les Années glorieuses », est dans la même veine! Et je peux vous dire que c’est un roman que je n’ai pas pu lâcher! Par contre, au moment de commencer à écrire, je ne sais pas par quel bout raconter! D’autant que la 4e de couverture n’aide pas, elle-même reprenant des bribes de ce qu’on peut rencontrer dans le roman comme si l’éditeur lui-même ne savait pas non plus comment résumer 😉

Au centre de cette histoire, qui commence en 1948, il y a la famille Pelletier. Les parents Louis et Angèle ont une savonnerie à Beyrouth et 4 enfants adultes. L’aîné, Jean, qui n’est pas très dégourdi, marié à Geneviève qui le mène par le bout du nez et qui vit à Paris après avoir échoué à reprendre la savonnerie. François est lui aussi parti à Paris pour poursuivre ses études. Etienne, amoureux de Raymond, un légionnaire Belge, va trouver un poste dans une administration à Saïgon pour pouvoir rejoindre ce dernier et enfin, Hélène la petite soeur de 18 ans qui est assez indépendante et qui sur un coup de tête, parce qu’elle s’ennuie un peu à Beyrouth, va rejoindre ses frères à Paris. Chaque personnage va vivre des aventures, rencontrer de gens et faire des actions qui auront des répercutions sur les vies de tous les membres de la famille. Il y a des mensonges et des non-dits, des secrets et des arrangements avec la vérité…

Comme dans les précédents romans de Pierre Lemaitre, ces histoires personnelles et humaines qui sont le coeur du roman sont intégrées dans un contexte historique et géographique qui a son importance mais qui sert surtout de prétexte à faire avancer le récit.

Vie de colons à Beyrouth, guerre entre la France et les Viêt-Minh en Indochine et corruption à Saïgon, l’après-guerre en France et à Paris avec l’évocation notamment des privations et des problèmes de logement et l’évocation des profiteurs de guerre et la spoliation des juifs, des grèves et des manifestations d’anciens combattants, une police répressive, des politiques qui ne veulent pas qu’on creuse dans leurs petites magouilles (tiens, tiens, tout ca n’aurait-il pas beaucoup changé?). Et puis il y a aussi des meurtres, des enquêtes par un juge incompétent et des articles de presse par un journaliste talentueux…

Je n’en dirai pas plus : j’ai essayé de tout vous dire sans rien vous dévoiler 😉 Je vous encourage vivement à la lire et même si on n’a pas lu la première trilogie, on peut très bien lire ce roman mais si vous avez lu « Au revoir là-haut » vous aurez une sacrée surprise dans ce roman, on pourrait même dire que ce roman est le 4e tome de la trilogie précédente ;-)!

par ma collègue Coralie
catégorie lieu

La petite menteuse : Pascale Robert-Diard

Le roman commence quand Lisa Charvet rencontre Alice Keridreux pour qu’elle devienne son avocate lors du procès en appel de Marco Lange qui a été condamné à 10 ans de prison pour le viol de Lisa. Elle explique à l’avocate qu’elle veut « être défendue par une femme » et le choix des mots n’est pas anodin puisqu’elle est censée être la victime …

Le titre est important et dévoile une partie de l’histoire car très vite, après avoir raconté à Alice ce qui s’est passé quand elle avait 15 ans et qui a entraîné ce procès pour viol, Lisa va avouer que Marco Lange est innocent…

Alice Keridreux va creuser la vie de l’adolescente perturbée qu’était Lisa pour comprendre : comment a-t-elle pu mentir à ce point et surtout pourquoi avoir menti sur ce sujet. Car c’est plus profond que juste un mensonge en l’air…

Le procès et les réflexions de l’avocate vont faire réfléchir tout le monde : parents, professeurs, amis, professionnels de la justice sur la place que les adultes ont donné à ce que ressentait l’adolescente et qui ont transformé tout cela en un crime…

Un des personnages secondaires n’apprécie pas que l’avocate défende une personne qui avoue avoir menti sur un viol car cela risque de décrédibiliser toutes les femmes violées en plein au moment où elles commencent juste à oser parler plus librement mais en réalité, ce procès va permettre de mettre en avant un autre problème qui est que parfois l’enfer est pavé de bonnes intentions et que les victimes ne le sont pas toujours du crime que l’on imagine…

Je n’en dis pas plus car ce court roman est assez intense et rythmé. Une grande partie de l’histoire revient sur la période du collège de Lisa et cela m’a beaucoup parlé en tant qu’enseignante, je crois que je garderai certains aspects en tête longtemps.

Je vous conseille ce roman que j’ai beaucoup aimé.

Catégorie Gros Mot

Blackwater (série en 6 tomes) : Michael McDowell

L’été dernier j’avais eu très envie de découvrir cette série dont j’avais vu fleurir les magnifiques couvertures de la maison d’édition « Monsieur Toussaint Louverture » sur les réseaux sociaux et les avis enthousiastes de nombreuses copines sur internet me faisaient très envie. Cependant, le succès avait été si grand que le tome 1 était en rupture. J’ai donc attendu Noël en glissant l’idée à L’Homme pour un cadeau! Une fois que j’ai dévoré le premier tome pendant les vacances de février, j’ai acheté les 5 autres tomes dans la foulée et je les ai dévorés les uns à la suite des autres. Cela fait que j’ai lu les 6 tomes un peu comme un seul livre alors je vais essayer de vous en parler sans trop vous dévoiler de choses si vous les lisez de façon plus espacée que moi. En tout cas, sachez que ce sont des livres courts qui se lisent très bien.

Pour résumer rapidement le fond de cette série, il s’agit d’une saga familiale qui va commencer en 1919 dans une petite ville du Sud des Etats-Unis et se termine en 1969. C’est avant tout une histoire de famille, les relations entre les différents membres, les amours et les ressentiments, les arrivées d’enfants, la richesse, les relations avec le personnel noir… C’est un vrai portrait des Etats-Unis au fil des années et c’est vraiment une très bonne série. Mais en plus de cet aspect très réaliste, il y a une touche de fantastique avec un personnage qui n’est pas humain mais qui s’intègre dans la vie de la ville et de la famille et qui apporte une touche assez noire par moments, à la limite de l’horreur mais jamais trop. D’ailleurs, je vais proposer à Bastien de les lire aussi!

Le premier tome s’ouvre sur la petite ville de Perdido complétement sous les eaux après la crue des rivières Perdido et Blackwater. Oscar Caskey va sauver Elinor Dammert, une mystérieuse jeune femme apparue là par hasard (ou pas…). On va alors découvrir la famille Caskey, propriétaires de la scierie locale, avec à sa tête Marie Love une matriarche manipulatrice, James, son beau-frère, plus effacé, Oscar et Sister ses deux enfants adultes sur qui elle a la main mise. Elinor va complétement changer l’équilibre de la famille.

Je pensais dire quelques mots sur chaque tome mais en fait je me suis rendue compte que je n’arrivais pas à me souvenir exactement à quel tome apparentaient les éléments dont j’allais parler.

Ce que je peux dire c’est que ce seront toujours des femmes de la famille Caskey qui mèneront la famille, peu importe les générations, que les enfants passeront de foyer en foyer, que l’homosexualité n’est pas quelque chose de mal perçu, que les relations avec les employés noirs seront parfois plus fortes qu’avec des membres de la famille, que l’argent est très important, que les relations familiales sont très compliquées…

J’ajouterai qu’on traverse l’histoire des Etats-Unis avec la crise de 1929, puis les profits apportés par la seconde guerre mondiale à la scierie et la découverte de pétrole.

Concernant l’aspect fantastique, il commence par des petites touches, presque imperceptibles puis de plus en plus importantes, parfois assez spectaculaires…

C’est un savant mélange qui passe vraiment très bien, très addictif! Je ne peux que vous les conseiller!

Tome 1 : La crue
tome 2 : la digue
Tome 3 : la maison
tome 4 : la guerre
tome 5 : la fortune
tome 6 : pluie

Pour en savoir plus sur les couvertures, je conseille cette vidéo sur le site de Monsieur Toussaint Louverture :

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