Aujourd’hui, je vous reparle de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Harper Lee dans son adaptation en BD car les deux livres sont particulièrement liés.

En effet, « Va et poste une sentinelle » est « vendu » comme étant la suite de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » car on retrouve le personnage de Jean Louise (surnommée Scout), la petite fille et Atticus Finch, son père, 20 ans plus tard dans les années 1950. Mais d’après ce que j’ai lu, l’autrice l’a en réalité écrit AVANT « l’oiseau moqueur » et c’était même la première version, soit sous forme de brouillon ou d’une nouvelle qu’elle a ensuite adapté. D’ailleurs, il y a non seulement des personnages communs mais la construction (souvenirs d’enfance et point dramatique autour du racisme) est très similaire et il y a même certains passages qui sont tout simplement communs et d’autres qui sont en contradiction avec le « premier » roman…

Je pense que ceci est important à savoir avant de lire « Va et poste une sentinelle » surtout si on a aimé le premier roman car on va être surpris… Certains ont d’ailleurs été choqués ou déçus par la plus grande différence entre les deux textes. J’y reviendrai…

Jean Louise a 26 ans et elle vit et travaille à New York. Elle revient en vacances à Maycomb sa ville d’enfance. Elle retrouve son amoureux et son père, homme âgé perclus de rhumatismes qui vit avec sa soeur Alexandra (personnage qui était aussi dans l’autre roman).

La jeune femme va découvrir que son père est en faveur des idées ségrégationnistes du Sud des Etats-Unis et Jean Louise, elle, est beaucoup plus progressiste : elle a connu autre chose à New York, elle est au fait des combats pour les droits civiques, elle a le sentiment de ne pas voir de différences entre les Noirs et les Blancs. Son père lui, est tout à fait à l’aise avec le « separate but equal » que sont les lois Jim Crow : il estime que les Noirs sont comme des enfants qui ne peuvent pas avoir la même éducation et qu’il n’aimerait pas voir comme ses égaux…. Cela va créer un énorme conflit entre le père et la fille…

Alors, je reviens sur la déception de certains quant au « revirement moral » d’Atticus Finch qui est connu comme l’avocat blanc qui a défendu l’accusé noir… Mais pour avoir lu 3 fois « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », je ne pense pas qu’une seule fois dans ce roman, Atticus Finch soit présenté comment un défenseur des droits civiques, c’est juste un homme qui croit en la justice, à la défense de l’innocence de quelqu’un qu’il soit Noir ou Blanc mais pas au point de renverser les règles ancestrales de son Etat.

Quant à mon avis sur ce texte : personnellement je suis un peu déçue, mais pas pour les mêmes raisons. J’ai trouvé que c’était trop similaire à L’oiseau moqueur. Les anecdotes d’enfances qui m’avaient un peu lassées au bout d’une moment m’ont aussi lassées cette fois-ci et j’ai trouvé que le conflit entre la fille et le père était intéressant parce qu’il représentait le conflit de génération, le tournant entre l’homme âgé et coincé dans ses traditions et la jeune femme qui vit dans une nouvelle époque plus ouverte sur les autres mais qu’il était traité de façon très verbeuse et trop longue.

Je m’interroge vraiment sur la légitimité à avoir publié ce roman écrit une soixantaine d’années avant alors que son autrice avait déjà 88 ans … A-t-elle eu l’opportunité de corriger, adapter, améliorer son texte? A-t-elle vraiment voulu qu’il soit publié en l’état? Le doute que j’ai ressenti m’a un peu mise mal à l’aise d’autant qu’il n’y a pas de préface qui explique la situation dans ce livre…

Vous l’aurez compris, je suis mitigée… même si j’ai trouvé la version audio réussie!

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8 commentaires sur « Va et poste une sentinelle : Harper Lee (Lu par Cachou Kirsch) »

  1. J’avais été très déçue par cette « suite » qui est tout simplement pour moi, inutile, et en plus bancale et assez mal écrite, l’affrontement père fille est simpliste. On peut effectivement se poser la question de l’intérêt de cette publication.

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    1. Si encore Harper Lee l’avait ressorti plus tôt dans sa vie en le retravaillant, là on a un peu l’impression qu’à la toute fin de sa vie on a ressorti le texte tel quel sans même vérifier les redondances et les incohérences…

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  2. J’ai bien aimé « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » et j’avais envie de lire cette « suite », mais en regardant les critiques je me suis abstenue… Et visiblement, j’ai bien fait ! 😉

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