La petite et le vieux : Marie-Renée Lavoie

Voici un roman que j’ai acheté au Québec sur les conseils de Karine et sachant qu’il n’y a pas de résumé sur la 4ème de couverture, je l’ai commencé sans idée préconçue!

La « petite » c’est Hélène, une petite fille de 8 ans qui voudrait qu’on l’appelle Jo et être un garçon ou plus exactement, elle aimerait être « Lady Oscar », le personnage de son dessin animé préféré. On est au coeur des années 80, elle vit avec son père, un prof un peu dépressif, sa mère, à la poigne de fer (quand elle dit «C’é toute», il n’y a pas argumenter!) et ses soeurs. Ils vivent dans un quartier populaire où semblent vivre pas mal de personnes sortant  de l’asile. Pour essayer de participer discrètement à la vie familiale et pour se montrer aussi chevaleresque que son modèle Lady Oscar, elle fait croire qu’elle a déjà 10 ans et livre des journaux tôt le matin puis plus tard devient serveuse dans un bingo.

Le « vieux » c’est Monsieur Roger, son nouveau voisin, un vieil homme assez bougon et solitaire qui passe son temps à « sacrer » (c’est à dire dire des gros mots en lien avec la religion, typiquement québécois) qui dit qu’il n’attend que de mourir.

Ces deux là s’apprivoisent et s’attachent! Ils deviennent important l’un pour l’autre, se surveillent, se protègent. Ils passent par des coups durs mais ils sont là l’un pour l’autre.

C’est une vraie belle histoire, très touchante. Tous les personnages sont vraiment attachants que ce soit les personnages principaux mais aussi aussi les personnages secondaires même juste croisés. J’ai beaucoup aimé l’écriture et les personnages et je lirai certainement un autre titre de l’auteur!

lectures communes   avec Aifelle et A Girl from Earth

et c’est presque une LC en différé avec Anne et Hélène qui l’ont lu pour Québec en Novembre aussi!

  chez Karine:) et  Yueyin

La marche en forêt : Catherine Leroux

J’ai acheté ce roman avec Karine au Québec après l’avoir noté dans ma LAL suite aux conseils de Yueyin lors d’une précédente édition de Québec en Novembre (cliquez sur leurs noms pour leurs avis).

Ça ne va pas être facile de vous parler de cette histoire car elle a une construction particulière faite d’allers et retours dans le temps, en passant d’une personne à une autre.

Le coeur du roman est l’histoire d’une grande famille élargie, les Brulé : parents, enfants, petits-enfants, oncles, tantes et cousins ainsi de les conjoints et une partie recomposée. Cette famille est loin d’être simple et épanouie. Ils traversent tous des drames, des crises, des moments de vie compliqués ou des relations particulières les uns avec les autres. Selon des différents membres de la famille et les moments de vie, ils sont proches ou en pleine tension. Il y a de l’amour, de la haine, des ressentiments, des attirances… On les suit dans leurs histoires familiales, amoureuses, dans leurs espoirs et leurs déceptions, dans leurs beaux moments et dans leurs périodes noires.

Il y a aussi des passages qui interrompent le récit sur la famille Brûlé et qui concernent une femme au 19 ème siècle : Alma. Une femme un peu sauvage qui finit en une sorte de Calamitiy Jane.

Comme je vous le disais, la construction n’est pas forcément simple à suivre, surtout au début car j’ai mis du temps à comprendre qui était qui. J’avais l’impression de trop zapper de l’un à l’autre. Il y a un arbre généalogique au début du roman mais il est plus trompeur qu’autre chose car certains personnages ne sont pas mentionnés et en fait, on n’en a pas pas besoin. Un passage du roman m’a fait sourire car c’est exactement ce que je ressentais à ce moment de ma lecture :

Mais, je dois aussi vous dire que le début de ma lecture correspondait à une période où je lisais moins par manque de temps et je « picorais » mon livre ce qui est une très mauvaise idée avec ce genre de roman. A partir de la moitié du roman, j’ai pu lire de manière plus continue et j’ai beaucoup plus apprécié!

Globalement j’ai bien aimé ce roman. J’ai beaucoup aimé le style, très poétique et j’ai aimé ce portrait de famille construit par des fragments de ses différents membres  comme des éclats de miroirs brisés car finalement, cette famille est pleine de fissures mais elle constitue malgré tout une unité. J’aurais sans doute encore plus aimé si mon début de lecture avait été moins haché mais je pense poursuivre ma découverte de l’auteur l’an prochain pour Québec en Novembre 2018 😉

Et pour en savoir plus sur la magnifique photos de couverture de ce roman, allez faire un tour chez Kathel!

  chez Karine:) et  Yueyin

Fèves au lard et à la mélasse

Tout d’abord, je tiens à dire que cette recette est une adaptation d’une recette que j’ai trouvé dans le livre de cuisine québécoise que Jules m’a offert cet été   (cliquez pour en savoir plus sur ce livre). Je n’ai pas suivi exactement la recette du livre à la lettre.

Ensuite, les vraies québécoises qui ont vu la photo de ma recette sur FB m’ont signalé que les « vraies » fèves au lard ne ressemblaient pas du tout à ça (normalement c’est avec des haricots blancs et ça ressemble plus à du cassoulet) mais je vous invite à regarder la photo illustrant la recette et mon plat et je pense qu’on peut dire que c’est quand même ressemblant 😉

Bref, on va dire que c’est une recette d’inspiration québécoise et nous avons aimé!

Ingrédients pour 6 personnes (pour la recette que moi j’ai faite, pas forcément les ingrédients du livre) :

  • 450g de fèves épluchées surgelées (de chez Picard pour ma part)
  • 1 tranche de poitrine fumée par personne (ou plus selon l’appétit)
  • 1 ou 2 oignons
  • Thym
  • Bouillon de volaille
  • 1 cuillère à soupe de moutarde
  • 2 cuillères à soupe de mélasse
  • sel, poivre

Préparation :

  • Couper la poitrine fumée en gros morceaux et faire revenir  dans une sauteuse dans de l’huile d’olive puis réserver.
  • Émincer les oignons, saupoudrer de thym (selon vos goûts) et faire revenir dans la sauteuse 5 mn.
  • Ajouter les morceaux de poitrine fumée.
  • Couvrir avec le bouillon.
  • Dans un petit bol, mélanger la moutarde et la mélasse et ajouter à la préparation en mélangeant avec une cuillère en bois
  • Ajouter les fèves (je ne les ai pas décongelée)
  • Laisser mijoter à couvert à feu doux pendant 20 mn

Pendant ce temps là, j’ai préparé une purée de pomme de terre.

Bon appétit!

 Les dimanches en cuisine chez Syl

  chez Karine:) et  Yueyin

A toi : Kim Thùy et Pascal Janovjak (lu par les auteurs)

Ce texte est en réalité une correspondance entre les deux auteurs. Ils sont tous les deux romanciers, ils se sont rencontrés à Cannes (si je ne me trompe pas, je n’ai pas le livre papier pour feuilleter et vérifier), ils se connaissent à peine mais ils ont envie d’échanger et de poursuivre une conversation commencée dans la vraie vie mais ils habitent l’une à Montréal et l’autre à Ramallah. Il n’y a pas d’histoire amoureuse ou de séduction entre les deux « personnages », non, ils sont vraiment dans un échange en tant qu’êtres humains.

Ils se parlent de toutes sortes de sujets, intimes ou universels, sur le passé avec les origines de Kim Thùy et de la famille de Pascal Janovjak, sur leur présent et particulièrement la vie de Pascal Janovjak. Il y a aussi des choses très quotidiennes et des réflexions très poétiques. Il y a comme une urgence à se livrer et à regarder le monde.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce texte, je ne saurai vous citer d’exemples (problème de l’audio) mais j’ai trouvé ça vraiment beau, très humain.

Je ne saurais que vous recommander de découvrir ces lettres en audio si vous aimez ce support de lecture car les auteurs lisent leurs lettres eux-même et j’avais vraiment l’impression d’être avec eux au moment où ils racontaient les différents événements ou livraient leurs réflexions.

Pour vous en savoir plus, voici ce que l’édition Libre Expression en dit :

« 8823 KM. Kim dort. Je suis seul face à ses derniers mots. Tous les jours, ils tombent dans ma boîte. Ce ne sont pas des lettres, juste des signes tapés sur un écran, envoyés à la vitesse de la lumière, par-delà mers et continents. Si cela avait été des lettres, il y aurait sur le papier des parfums d’océan, des traces de nuages. »

Et voici ce que l’édition Liana Levi en dit :

« Ils ne se connaissent pas, ils n’ont encore rien lu l’un de l’autre, lorsqu’un prix littéraire les réunit à l’automne 2010. Quelques heures entre parenthèses, à des milliers de kilomètres de leur quotidien respectif, durant lesquelles Kim Thúy et Pascal Janovjak nouent une complicité rare. Quand la première regagne Montréal et le second Ramallah, ils décident de poursuivre la conversation par-delà un océan et six fuseaux horaires. Au rythme des souvenirs et des anecdotes, leur correspondance esquisse le parcours de deux enfants de l’exil et du nomadisme. Elle aborde aussi le thème de la filiation et l’appétit d’écrire. 
Tissant adroitement l’intime et l’universel, À toi est une subtile méditation sur la fragilité de la vie et l’ouverture au monde. »

 Cliquez sur la photo pour lire un article intéressant sur les deux auteurs!

J’ai aussi lu « Ru » de Kim Thùy et je l’avais aussi écouté lire ce même texte.

Grâce à ICI-Radio-Canada qui propose (gratuitement) des livres québécois

  chez Karine:) et  Yueyin

Voyage au Québec : du côté du Saguenay et un tour chez les baleines

Suite de mon voyage au Québec, après mon passage à Québec avec Jules, nous voici avec Karine! Vous avez pu voir quelques photos de Karine et moi dans un premier billet mais voici maintenant un petit compte rendu en photos de la suite du voyage!

Le 14 août, nous avons quitté Québec dans la petite voiture de Karine (qui fonctionnait très bien, cette information aura son importance plus tard dans le voyage) pour prendre la route touristique jusqu’à La Baie dans le Saguenay.

Nous nous sommes arrêtés à Sainte Anne de Beaupré pour voir l’église assez impressionnante (par ses miracles et par le nombre de messes chaque jour!)

 

Puis nous sommes allés à Baie Saint Paul, une très jolie petite ville avec de belles maisons traditionnelles, beaucoup de galeries d’artistes et un glacier délicieux dans une boutiques de confiseries absolument hors du temps!

Le 14 août, Karine s’est renseignée et il y a une opportunité de voir les baleines aux Escoumins à condition de partir tout de suite au saut du lit alors nous sautons dans nos vêtements chauds  et dans la voiture et nous avons filé dans la voiture de Karine pour presque 200 km.

La route s’est bien passée et nous sommes arrivés juste à temps mais la voiture a commencé à peiner sur les derniers kilomètres, les vitesses semblant avoir du mal à se passer…

Nous nous sommes équipés de gros blousons et de gilets de sauvetage et avons rejoint une vingtaine de passager sur un bateau et nous avons attendu. Tout d’abord nous avons juste vu quelques souffles de baleines, je me disais qu’on devrait s’en contenter, après tout, la nature fait ce qu’elle veut mais nous avons eu la chance de voir quelques dos et à un moment, petit miracle, une baleine s’est approchée de notre bateau et elle est sortie tout près de nous! C’était magique! Plus tard nous avons pu voir aussi le dos d’une baleine bleue ce qui est encore plus rare! Une expérience géniale!

La vue sur la Baie des Escoumins est superbe!

Nous restons manger là-bas et quand nous reprenons la voiture nous constatons qu’elle n’allait plus bien du tout et elle a fini par complètement lâcher en haut d’une côte, Karine ayant juste réussi à la mettre sur le bas côté. A ce moment-là, un charmant policier a fait demi tour pour nous rejoindre et après avoir sécurisé la route, il a commencé par ouvrir le capot pour voir d’où venait le problème. Puis, il a amené Karine chez le garagiste puis quand ils sont revenus, il appelé le dépanneur et quand Karine et L’Homme sont partis avec la dépanneuse jusqu’à Tadoussac, il nous a emmené avec Bastien dans la voiture de police et il a même brièvement mis la sirène exprès pour Bastien! Nous avons eu une très bonne impression de la police québécoise!

 

La voiture devant rester chez le garagiste (pour ne jamais en sortir malheureusement), le père de Karine vient nous chercher à Tadoussac. Nous nous consolons en nous disant que nous sommes dans un magnifique endroit sous un beau soleil et que ça aurait pu être pire! Nous allons donc faire un tour à Tadoussac et nous finissons la journée chez un brasseur à dessiner avec Bastien, bavarder et boire des bières!

Au retour avec le père de Karine, nous avons pris le traversier (le bac) sur le Saguenay et la vue dans le soleil couchant était magnifique!

Cette journée a été extraordinaire, par la nature que nous avons vu mais aussi par « l’aventure » vécue avec Karine (elle est connue pour ses aventures rocambolesques et je suis contente d’en avoir vécue une avec elle, même si j’aurais préféré pour elle que sa voiture soit réparable!)

Karine a écrit un billet qui raconte cette journée « Miss Catastrophe » 😉

Le 15 août, le ciel était très couvert et il y avait du vent mais cela ne nous a pas empêchée, Karine et moi d’aller faire un petit jogging le long de la baie qui malgré les nuages était spectaculaire!

Puis nous sommes allés manger en ville mais admirez la vue en route :

L’après-midi, il s’est mis a pleuvoir sérieusement mais nous avons visité le Musée du Fjord pour le plus grand bonheur de Bastien qui aime tant les insectes et L’Homme et moi avons appris pas mal de choses sur le Québec.

Ensuite, nous avons rencontré un souffleur de verre qui était passionné.

Avant de rentrer, Karine nous a emmené à Chicoutimi pour qu’on prenne nos billets de bus pour le lendemain et pour nous montrer la « petite maison blanche » rescapée du déluge de Saguenay de 1996 dont nous avons entendu parler dans le musée et que Karine avait vécu en direct.

Et enfin, le soir, avant de rentrer, le ciel s’est dégagé pour nous offrir une belle dernière vue de La Baie

Le 16 au matin, Karine est retournée travailler et une amie de sa mère a eu la grande gentillesse de nous emmener à Chicoutimi pour notre car et elle a pris la peine de nous emmener par une route touristique pour finir notre voyage en beauté!

Le matin, en l’attendant, j’ai profité de la verrière de Karine pour bouquiner avec « sa » vue!

Passer du temps avec Karine, chez elle, fut un moment inoubliable de nos vacances. J’ai vraiment eu le sentiment qu’on se connaissait depuis longtemps « pour de vrai » et Bastien et L’Homme se sont sentis aussi « comme chez eux » (Bastien a adoré jouer au baby-foot et il a eu la chance de lire plein d’album et jouer avec les petites figurines de Karine!). Merci mille fois Karine!

 

chez Karine:) et  Yueyin

Quinze pour cent : Samuel Archibald (lu par Gildor Roy)

Ayant lu le recueil de nouvelles Arvida, j’ai profité des livres audio de Radio-Canada pour lire un autre titre de l’auteur en audio à l’occasion du rendez-vous autour des polars.

Il faut savoir que c’est un très court roman ou une longue nouvelle (je ne suis pas très douée en genre littéraire mais Le Quartanier, la maison d’édition parle de « novella »). C’est une enquête policière ou plutôt, la base de l’histoire est une enquête policière -assez simple finalement-il n’est pas question ici de deviner qui est le coupable, à vrai dire c’est presque anecdotique. Pour moi, plus qu’un polar, c’est un roman de personnages et d’ambiance ce qui explique sans doute pourquoi même si j’ai beaucoup apprécié cette histoire je dois avouer que maintenant que je dois écrire mon billet je n’ai pas de souvenirs précis sur lesquels m’appuyer (le fait que je l’ai lu en audio n’arrangeant rien car je ne peux pas feuilleter le livre).

Alors je vous donne le résumé de l’éditeur :

« Une violation de domicile a mal tourné quelque part au Lac. L’inspecteur-chef Leroux traque les tueurs, avec l’aide d’un sergent-détective Ilnu à la morale élastique. Il faut se méfier de Leroux. Moins molosse que vieux buck, il ne montre jamais les dents. Mais quand il se met à ruminer, les coupables n’ont aucune chance. Sauf bien sûr s’il s’égare, dans ses pensées ou les beaux yeux de Caroline. »

J’ai trouvé cette histoire à la fois très humaine et sombre avec des personnages réalistes et ordinaires, j’ai aimé le ton. J’y ai trouvé un côté « blues », presque « western ». C’est difficile à expliquer, c’était plus un ressenti.

Karine aussi l’a lu ce mois-ci, elle vous éclairera peut-être plus!

Grâce à ICI-Radio-Canada qui propose (gratuitement) des livres québécois enregistrés par des québécois

  chez Karine:) et  Yueyin

« polar »

Nous étions le sel de la mer : Roxanne Bouchard

J’ai choisi de lire ce roman pour la lecture commune autour du polar parce que j’avais vu sur internet qu’il y avait une enquête mais je dois vous dire que le côté « policier » est presque anecdotique et que le roman est vraiment très riche et que finalement, c’est plus une quête de soi, une recherche d’identité qu’une enquête policière.

Pas simple de vous en parler du coup  car je ne veux pas trop en dire… Alors, le roman commence avec la rencontre de Catherine qui ne va pas très bien, elle est déprimée et quitte la ville pour aller à Caplan en Gaspésie car elle a reçu une lettre dont nous ne savons rien au début.

Caplan est un petit port de pêche en peu en dehors des sentiers touristiques de la Gaspésie et les gens qui y vivent sont une petite communauté où tout le monde connaît tout le monde, avec des histoires un peu cachées, des hommes un peu bourrus, à l’accent et au patois assez prononcé (il y a un petit côté marins bretons chez ces pêcheurs de Gaspésie!) Catherine arrive et fait petit à petit sa place dans cet univers où on prône la lenteur et qui semble hors du temps. Elle n’est pas forcément acceptée facilement, surtout quand elle explique qui elle cherche…

Un pêcheur revient un jour avec un corps dans ses filets et cette personne est justement celle que Catherine voulait rencontrer…

Le sergent Moralès, qui vient de s’installer à Caplan, est d’office mis sur l’enquête mais il se trouve confronté à la difficulté d’essayer de mener une enquête dans un village où les gens ne veulent rien révéler.

J’ai beaucoup aimé ce roman. J’ai aimé la langue, le style qui est vraiment beau, souvent poétique. Il y a de très beaux passages sur le temps qui passe, sur les relations humaines, sur l’amour, que ce soit l’amour amoureux ou l’amour filial. La nature a une grande place aussi.

Je vous le recommande (peut-être après vous être peu familiarisé avec le québécois car il y a des passages qui sont peut-être difficiles à comprendre ou à apprécier pour une première incursion dans cette langue mais ça ne m’a pas gênée personnellement) et je pense que je lirai un autre roman de cette auteur! Si vous en avez un à me recommander pour Québec en novembre 2018, je suis preneuse 😉

  chez Karine:) et  Yueyin

« polar »

S’enfuir -Récit d’un otage : Guy Delisle

Christophe André travaille dans une ONG et il est enlevé en Tchétchénie. Guy Delisle raconte sa captivité, jour après jour (111 jours) en décrivant tout ce qui se passe … ou ne se passe pas, tout ce qui passe par la tête de l’otage.

Il pense d’abord que cela va être régler en quelques jours, puis il compte les jours, les semaines et les mois en commençant à croire qu’il ne sortira jamais.

Il ne comprend pas la langue de ses ravisseurs et ne peut donc ni nouer de contact ni comprendre ce qui se passe autour de lui. Il subit absolument tout.

Nous sommes à la place de l’otage, on n’en sait pas plus que lui sur sa situation. On est dans la même attente, dans le même ennui des jours qui se ressemblent et où il ne se passe rien pour ensuite accélérer au moment de la libération.

Je connaissais Guy Delisle pour « Pyongyang » (lu avant le blog), « Chroniques Birmanes », « Chroniques de Jérusalem » et j’avais beaucoup aimé ces récits très instructifs, réalistes et sérieux mais qui contenaient aussi une part de légèreté et d’humour qu’évidemment, vu le sujet, on ne trouve pas dans ce récit. « S’enfuir » est réellement le témoignage d’un otage mais le parti pris de l’auteur de nous montrer chaque journée m’a un peu ennuyée même si j’ai bien conscience que c’était sans doute nécessaire pour rendre compte de l’enfermement et de l’incertitude ressentie par Christophe André.

Alors c’est un sentiment un peu mitigé : l’effet recherché est atteint car on se met à la place de l’otage enfermé ce qui est vraiment intéressant mais cela a aussi pour conséquence une certaine lassitude pour le lecteur.

Sur le site de Guy Delisle (clic clic), il y une rubrique qui concerne cet album dans laquelle on peut entendre des témoignages audio de Christophe André.

    chez Mo

 chez Karine:) et  Yueyin

Conversation avec un enfant curieux : Michel Tremblay

Je connaissais Michel Tremblay de nom et je crois même avoir tenté de lire un de ces livres il y a longtemps mais je crois qu’à l’époque je n’étais pas assez familiarisée avec le « phrasé québécois » et la retranscription de l’accent et je n’avais pas dû le finir. Mais je suis ravie de lui avoir donné une nouvelle chance grâce à Québec en Novembre car j’ai beaucoup aimé!

Comme je le disais, la langue typiquement québécoise est forcément très présente dans ce récit d’enfance québécoise mais je pense aussi que j’ai plus apprécié car je connais mieux le Québec et son histoire, la place de l’église catholique par exemple, et du coup je comprenais mieux pas mal d’aspects de ce roman.

Donc, c’est l’histoire d’un certain Michel Tremblay (j’imagine que c’est autobiographique? mais est-ce romancé? je laisse les experts québécois me répondre!) un jeune garçon très très curieux, qui passe son temps à poser des question et à remettre en question tout ce qui lui est dit car il veut COMPRENDRE.

Il est question de la famille puisque la famille de Michel est très nombreuse et très présente. On parle beaucoup de la religion et de l’école (Michel ne passe pas loin de l’excommunication plus d’une fois à force de poser des questions pour mieux comprendre les incohérences de la religion, pour notre plus grand plaisir! D’autant plus que les parents seraient plutôt d’accord avec lui, mais il ne faudrait surtout pas aller trop loin et blasphémer… on ne sait jamais!) Le cinéma et la lecture sont aussi au coeur des préoccupations de Michel et de sa famille.

C’est vraiment drôle (le problème de lire sur ma liseuse c’est que je ne sais pas encore comment corner des pages et revenir en arrière pour copier des passages… Si c’est possible et que vous savez, dites le moi : j’ai une Kobo) mais c’est aussi une tranche de la vie au Québec à cette époque (les années 50 je pense) et c’est vraiment très intéressant de ce point de vue aussi!

Bref une très bonne découverte et je pense qu’en novembre prochain je lirai un autre titre de cet auteur québécois emblématique.

  chez Karine:) et  Yueyin

 autour de Michel Tremblay

Karine a d’ailleurs lu le même titre

Rencontre avec Didier Daeninckx

Encore une fois je mesure ma chance d’avoir une chouette librairie car j’ai pu rencontrer un auteur passionnant grâce à la librairie Le Détour. Je connaissais Didier Daeninckx pour ses romans noirs et polars avec un fond historique. Il y a quelques années j’avais participé à des lectures publiques dans le cadre d’un festival très intéressant (mais qui n’existe malheureusement plus) « Les visiteurs du Noir » où il avait une bonne place et pour lequel il était déjà venu à Granville. J’ai déjà lu « La mort n’oublie personne »  et la BD « Le Der des ders » avec Tardi.

La librairie étant toute petite, la rencontre a eu lieu dans la galerie « le Bazar » de Fabien Lefebvre, soudeur-sculpteur et peintre. Didier Daeninckx était présent dans le cadre des Joutes Poétiques Granvillaises.

Fanny, ma libraire, qui lance la discussion

Bastien, très sage en compagnie d’Astérix 😉 (je l’ai récompensé en lui offrant une BD de « Kiki et Alien » 😉

  • La discussion a commencé autour de « Meurtre pour mémoire » duquel Fanny dit qu’il a levé un pan de l’histoire pour un grand nombre de lecteurs même ceux qui ont connu les années 60. Il y a un engagement dans l’histoire. Didier Daeninckx a raconté la genèse de son envie d’écrire ce roman. Il a expliqué que la guerre d’Algérie avait accompagné son adolescence et qu’en 1962, une amie de sa mère, Suzanne Martorel, la mère d’un de ses copains de collège, avait été une des 9 personnes tuées lors de la manifestation de Charonne à Paris en 1962. Après que son premier roman ait été publié en 1977, il a eu le courage d’en écrire un deuxième et il s’est dit que s’il avait une chose à dire c’était qu’il y avait un assassin en liberté et qu’il était au gouvernement : c’était Maurice Papon. Ce livre, il l’a écrit pour fixer la responsabilité de Papon en 1962 et à la même époque le Canard enchaîné sortait des révélations sur sa responsabilité dans la déportation des Juifs en France. Il a fini par être condamné en 1998 pour complicité de crime contre l’humanité, la plus grave condamnation en France, peine incompressible. Pour lui, c’était inadmissible que symboliquement on ait eu un criminel contre l’humanité au gouvernement français.

Quand il a écrit « Meurtre pour mémoire », il voulait aussi dire que la littérature a un poids. Toutes les révolutions ont été accompagnées par des écrivains, la résistance accompagnée de poètes… En France, la littérature a une part différente que dans d’autres pays. L’Histoire et la littérature sont liées.

Pour lui, écrire contre Papon, c’était essentiel, il sentait que s’il n’écrivait pas, il était complice du silence. Quand quelqu’un lui demande si c’était une prise de risque, il répond qu’il y avait une part d’inconscience du danger, une nécessité. Le roman s’est retrouvé sur un bureau de « Série Noire », une collection de Gallimard qui a une forte histoire littéraire et Marcel Duhamel qui dirigeait la collection a choisi de s’engager en le soutenant. A la sortie du roman, il y a eu un silence absolu mais petit à petit, des profs ont mis ce roman dans leurs lectures conseillées et dans leurs cours de lycée et il a été réimprimé de nombreuses fois. Il a fait sa route grâce au bouche à oreille. « Meurtre pour mémoire » est devenu un incontournable pour parler de la guerre d’Algérie. L’auteur a beaucoup été invité dans des lycées mais régulièrement, les proviseurs s’y opposaient et le censuraient. Et puis, il y a eu le procès et la condamnation de Maurice Papon et le livre est devenu un livre recommandé par l’Education Nationale. Ce roman a eu un parcours curieux en très peu de temps.

 

  • Puis l’auteur a parlé d’un autre roman de lui : « Caché dans la maison des fous ». Ce roman a pour origine une rencontre avec un prof avec qui Didier Daeninckx s’est lié d’amitié et qui avait des liens à la maison d’édition « Bruno Doucey » spécialisée dans la poésie mais qui a voulu aussi publier des « romans où le destin d’un poète croise la grande Histoire ». Il explique que pour lui, la poésie c’est le diamant de la littérature, on ne triche pas avec la poésie. Il n’y a pas de masques et les poètes sont souvent les premiers à payer quand des dictatures se mettent en place. Didier Daeninckx nous a raconté toute une série de coïncidences qui le rapprochaient de Paul Eluard et qui ont fait qu’il a eu envie de parler de  lui et il a également parlé de la psychiatrie et des asiles psychiatriques pendant le guerre. C’est pour cela qu’il a eu envie de parler de Paul Eluard et faire le lien avec « Souvenirs de la maison des fous » que le poète avait écrit après avoir été caché l’asile de Saint-Alban et sa rencontre avec Denise Glaser. Didier Daeninckx  nous a aussi parlé de Lucien Bonnafé, un psychiatre résistant et moderne qui en pleine guerre a tenté des approches différentes comme les travaux manuels, le jardinage ou l’art thérapie.

 

  • Ensuite, il nous a parlé de ce qui l’a inspiré pour « La route du Rom ». Il a fait la rencontre d’un prof qui vivait très mal le fait que son lycée soit nommé d’après un homme politique local mais surtout une personne qui au moment de la deuxième guerre mondiale avait été nommée maire par le gouvernement de Vichy et aurait  été responsable de l’installation d’un camps de détention pour des Tziganes, des handicapés et même des « soldats indignes » de la Wehrmacht. Il a également parlé de tous les camps de Tziganes qui ont été construits, parfois après des concours architecturaux.

 

  • Concernant les « romans policiers / romans noirs », Didier Daeninckx raconte qu’au début, il y avait un mépris pour le genre mais que petit à petit, grâce à des éditeurs, des critiques, des libraires, il a été mis en avant et a pu évoluer comme un genre respecté. Il est revenu sur ce qui est considéré comme le premier roman policier  « Double assassinat dans la Rue Morgue » qui avait été traduit par Charles Baudelaire mais aussi « Justice sanglante » de Thomas De Quincey écrit peu près à la même époque. Il raconte que les surréalistes ont participé à mettre en avant les faits divers, à s’interroger sur la folie notamment dans la littérature. Mais il y a aussi eu une période où la littérature policière a perdu sa charge littéraire pendant assez longtemps mais depuis quelques temps, elle l’a retrouvée et a une réelle identité entière dans le paysage littéraire.

 

  • Suite à une question sur les ateliers d’écriture créative, il a expliqué que lui-même n’en faisait pas car pour lui l’écriture n’est pas quelque chose d’anodin, c’est un engagement de soi et ce n’est pas facile de les mener. L’expression artistique a la capacité de libérer la parole de nombreuses personnes qui se sentent enfermées dans des cadres. Il estime que tout le monde peut s’exprimer d’une façon ou d’une autre par l’art et que l’écriture permet de structurer ce que l’on veut exprimer par d’autres arts.

 

J’ai beaucoup aimé cette rencontre autour d’un homme passionné et passionnant qui maîtrise l’histoire et la littérature et qui a su nous parler simplement sans mettre de distance entre nous. Une belle rencontre! J’ai acheté et fait dédicacer « Meurtre pour mémoire » pour L’Homme (mais je le lirai aussi!) et « Caché dans la maison des fous » (pour moi). Si vous avez l’occasion de le rencontrer et de l’écouter : n’hésitez pas!

Merci encore à Raphaël et Fanny de la librairie Le Détour pour leur dynamisme!