« Like a King » de Ben Harper : Rodney King et les émeutes de Los Angeles de 1992

Alors que j’étais en train de lire « The Hate U Give« , cette chanson de Ben Harper est passée à la radio et j’ai trouvé que c’était un hasard très intéressant. En effet, c’est une chanson que j’ai utilisée une année avec mes 3e quand je parlais des droits des Noirs aux Etats-Unis et elle colle bien à la thématique du roman et toutes les recherches que j’ai fait es sur les émeutes de Los Angles en 1992 aussi.

Voici les paroles et une traduction :
« Like a King » de Ben Harper

Well Martin’s dream
Has become Rodney’s worst
Nightmare
Can’t walk the streets
To them we are fair game
Our lives don’t mean a thing

Like a king, like a king, like a king
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Like a king, like a king, like a king
How I wish you could help us Dr. King

Make sure it’s filmed
Shown on national T.V.
They’ll have no mercy
A legal lynch mob
Like the days strung up from the tree
The L.A.P.D.

Like a king, like a king, like a king
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Like a king, like a king, like a king
How I wish you could help us Dr. King

So if you catch yourself
Thinking it has changed for the best
You better second guess
Cause Martin’s dream
Has become Rodney’s worst
Nightmare

Like a king, like a king, like a king
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Like a king, like a king, like a king
How I wish you could help us Dr. King

*

Like A King (Comme Un Roi… ou comme un « King » (Martin ou Rodney)

Et bien le rêve de Martin
Est devenu le pire cauchemar de Rodney.
Impossible de marcher dans la rue,
Pour eux nous sommes des proies,
Nos vies ne signifient rien.

Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Comme j’aimerais que vous puissiez nous aider Docteur King.

Assurez-vous que ce soit filmé,
Montré à la télévision nationale.
Ils n’auront aucune pitié.
Un lynchage légal organisé,
Like the days strung up from the tree
Comme aux jours où l’on était pendus aux arbres
La police de Los Angeles.

Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Comme j’aimerais que vous puissiez nous aider Docteur King.

Si vous vous prenez
à penser que la situation s’est améliorée,
Vous feriez mieux d’y penser à deux fois
Parce que le rêve de Martin
Est devenu le pire cauchemar de Rodney.

Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Comme j’aimerais que vous puissiez nous aider Docteur King.

La chanson parle de Rodney King et des émeutes raciales et sociales de Los Angeles en 1992.

Voici un extrait d’un article qui explique la situation : « Le 3 mars 1991, Rodney King était arrêté en état d’ivresse après une course poursuite à plus de 160 km/h. Les quatre policiers font alors preuve d’une violence inouïe pour le maîtriser, lui assénant plus de cinquante coups de matraque et de coups de pied. […] ce jour-là, la scène est enregistrée. Un plombier, vidéaste amateur, alerté par le bruit, filme pendant dix minutes l’arrestation plus que musclée. Et apporte la cassette à une télévision locale. La vidéo est ensuite reprise par les grandes chaînes et scandalise l’opinion publique. Pour la première fois le pays entier se retrouve témoin du délit. Le procès est inévitable. […] Le jury est composé de dix Blancs, un Asiatique et un Hispanique. Rodney King, toxicomane, déjà condamné pour braquage, ne fait pas le poids. Les quatre policiers sont blanchis. »

Dans cet article du National Geographic, on peut lire : « Acquittés. La sentence résonne comme l’injustice de trop. Rodney King est devenu le symbole de la lutte contre les violences policières et la discrimination. Combien faudra-t-il encore de Rodney King pour que les Noirs soient traités avec le même respect que les autres citoyens ? Los Angeles s’embrase, les émeutes crient l’exaspération de la communauté afro-américaine. L’état d’urgence est déclaré. Les bâtiments sont détruits par le feu et les explosions, les coups sont rendus un à un, les forces de l’ordre prises à partie, tenues pour responsables. Le déchaînement de violence ne faiblit pas pendant six jours et se propage à Seattle, Oakland, San Francisco, Las Vegas, San Diego, New York, Philadelphie et Atlanta. Mais rien n’atteint la gravité des émeutes de Los Angeles. Trop de ressentiment, de frustration et d’espoirs meurtris ne peuvent être contenus. »

Voici la bande annonce d’un documentaire National Geographic intitulé « L.A 92 » (en cliquant sur le lien vous pourrez trouver le documentaire complet sur Youtube) constitué uniquement d’images d’archives et de documents authentiques de cette période. La bande annonce est doublée en français dans cet article du National Geographic. Je dois dire que rien que la bande annonce est impressionnante…

Il y a aussi le documentaire « Let It Fall : LA 1982-1992 », réalisé par John Ridley (le réalisateur de « Twelve years a slave) :

Et j’ai découvert le film « Kings »  de Deniz Gamze Ergüven qui se situe à Los Angles en plein dans cette période et qui a l’air très fort aussi :

The hate U give (THUG – La haine qu’on donne) : Angie Thomas (+ Black Lives Matter)

Un Book face!

Résumé de l’édition française (chez Nathan Traduction Nathalie Bru) : « Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. Mais tout vole en éclats le soir où son ami d’enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s’embrase, tandis que la police cherche à enterrer l’affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu’elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère ; et à redresser la tête. »

Le résumé est très bon, je ne vais pas chercher à en faire un autre mais plutôt tout de suite vous donner mon avis à chaud car j’écris ce billet après avoir dévoré le roman.

C’est un roman ado mais il peut sans complexe être lu par des adultes car il est loin d’être simpliste. La vie de Starr est loin d’être manichéenne. Elle est tiraillée entre la Starr du quartier où elle a grandi, la Starr Noire et la Starr qui est éduquée dans un lycée huppé, la Starr -certes toujours Noire mais pas du « ghetto »… C’est compliqué pour elle car elle a des amis dans les deux parties de sa vie mais elle ne peut pas les rassembler…

Son père, gangster réformé est très fidèle au quartier pour des raisons idéologiques et sa mère, elle, souhaite surtout protéger ses enfants de la violence toujours latente de l’endroit où ils vivent. Starr, elle, se partage, ne voulant pas choisir…

Tout bascule lors d’un drame à la fois terrible et pourtant assez ordinaire : un policier blanc tire sur un jeune noir, sans raison, et Starr, qui était là, peut témoigner… Mais sa parole aura-t-elle assez de force pour dépasser les stéréotypes et faire passer le message qu’être jeune, Noir et vivre dans un ghetto ne sont pas des raisons suffisantes pour être assassiné par la police?

Dans ce roman, on ne fait pas l’impasse sur la violence du quartier dans le quel Starr et sa famille vivent, on n’édulcore pas la place des gangs, l’importance de la drogue et la difficulté à s’élever de sa condition sociale quand on vient de ce genre de quartier. De même, le racisme sous-jacent et souvent lié à l’ignorance est aussi évoqué et j’ai aussi trouvé cela intéressant. En effet les relations amicales et amoureuses de Starr avec les jeunes qui ne sont pas de son milieu sont aussi l’occasion pour le lecteur blanc de s’interroger sur sa vision de la situation et c’est important aussi.

J’ai beaucoup aimé ce roman, j’ai trouvé qu’il sonnait juste et qu’il était aussi instructif sur certains aspects de la vie des Afro-Américains tout en étant contrebalancé par beaucoup d’amour (dans une famille qui se serre les coudes et qui fait tout pour dépasser les difficultés et les préjugés) et aussi de l’humour. Mais surtout qui développe une certaine conscience politique/activiste.

Un très bon roman jeunesse.

Un film tiré du livre vient de sortir (je vais attendre un peu avant de le voir, mais j’essaierai de le voir pour février 2020 😉 mais d’après la bande annonce, il semble fidèle au livre.)

Dès le deuxième chapitre, Starr évoque le fait que ses parents l’ont prévenue de faire attention si elle était arrêtée par la police, d’obéir, de ne pas bouger etc… J’ai immédiatement pensé à la vidéo qui suit, qui montre des parents noirs qui parlent à leurs enfants pour les encourager à avoir confiance en eux sans se préoccuper de ce les gens disent d’eux en raison de la couleur de leur peau ou pour les mettre en garde contre des dangers propres aux Noirs aux Etats-Unis et je trouve que cette vidéo a sa place dans ce challenge :

Cette version est plus courte mais elle est sous-titrée en français :

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« THUG » : la définition de Tupack qui est au coeur du roman est expliquée ici :

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Ce roman fait évidemment tout de suite penser au mouvement « Black lives matter » et si vous ne savez pas ce que c’est, voici une vidéo qui vous en parle :

A la fin du roman, Starr fait une liste de noms qui sont concernés par son engagement et ces noms, on les retrouve aussi dans cet article qui explique aussi de façon très claire ce qu’est le mouvement Black Lives Matter :

Le mouvement Black Lives Matter expliqué en trois minutes

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Pour rester dans la thématique des émeutes raciales et des injustices liées à la police -car ce n’est pas nouveau aux Etats-Unis- j’ai préparé un billet qui revient sur Rodney King et  les émeutes de Los Angeles de 1992.

 chez Antigone

 avec Blandine et Nath Sci 

catégorie «gros mot» pour ma ligne jeunesse

« Moonlight » de Barry Jenkins (film)

Résumé de Allociné :

« Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, un jeune homme tente de trouver sa place dans le monde. Moonlight évoque son parcours, de l’enfance à l’âge adulte. »

Tout d’abord, j’avais entendu parler de film au moment des Oscars 2017. En effet, « Moonlight » a reçu trois Oscars : Oscar du Meilleur film, Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle (Mahershala Ali : le personnage de Juan) et Oscar du Meilleur scénario adapté (Tarell Alvin McCraney et Barry Jenkins). Mais il avait aussi été nommé pour l’Oscar du Meilleur réalisateur (Barry Jenkins), Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle (Naomie Harris : la mère de Chiron), Oscar de la Meilleure photographie (James Laxton), Oscar du Meilleur montage (Joi McMillon et Nat Sanders), Oscar de la Meilleure musique (Nicholas Britell).

Et pourtant, je ne savais pas trop de quoi cela parlait et c’est en m’intéressant à « Si Beale Street pouvait parler » du même réalisateur que je me suis laissée tenter.

Le film est composé de trois parties dans lesquelles le personnage principal Chiron est joué par 3 acteurs différents : Alex R. Hibbert : « Little » (enfant), Ashton Sanders : « Black » (adolescent) et Trevante Rhodes : « Black » (adulte).

L’histoire est donc celle de Chiron, d’abord enfant, puis ado puis adulte, Afro-Américain qui grandit à Miami avec une mère droguée. Il est un petit garçon solitaire et silencieux qui est la cible de brimades des enfants du quartier et de l’école. Il rencontre par hasard un dealer du quartier, Juan, qui avec sa femme Teresa, va le prendre sous son aile et s’occuper de lui comme un père. Kevin, un garçon de sa classe lui fait comprendre qu’il ne doit pas se laisser faire par les autres.

Adolescent, Chiron est toujours un grand taiseux et un solitaire. Il est toujours pris à partie par des jeunes du lycée et sa mère est toujours droguée. Un soir, sa relation avec Kevin prend une tournure très intense et inattendue et révèle en lui des choses qu’il ne soupçonnait pas. Quand, poussé par la bande, Kevin participe aux brimade contre Chiron (qu’il surnomme « Black »), celui-ci finit par exploser.

Dix ans plus tard, Chiron est devenu une sorte d’armoire à glace et surtout un dealer. Sa mère s’est sortie de la drogue mais lui reste toujours aussi seul. Quand il reçoit un coup de fil de Kevin, il va prendre une décision presque malgré lui et qui va entraîner des retrouvailles et une fin vraiment extrêmement touchante, sensible et belle.

Je ne veux pas trop en dire sur ce film mais juste vous dire que c’est un très beau film, lent et poétique. C’est un film qui montre un portrait de l’Amérique avec ses problèmes de drogue, de harcèlement, de recherche d’identité. Les acteurs sont formidables, la lumière est belle et la musique habille bien l’ambiance… Bref, un film à voir!

Je trouve aussi l’affiche très belle car elle représente bien l’évolution du personnage car le visage qu’on y voit est composé de parties des visages des 3 acteurs.
(Anecdote relevée sur Allociné : Le réalisateur « n’a pas voulu que les comédiens choisis se croisent sur le plateau car il souhaitait que ces derniers ne s’influencent pas entre eux afin qu’ils livrent leur propre interprétation du rôle. Pour camper Chiron enfant, Jenkins voulait un jeune comédien issu de Miami. »)

Brown girl dreaming : Jacqueline Woodson

Il faut que je commence par vous dire que j’ai cherché partout et je n’ai pas trouvé trace d’une traduction de ce texte en français et ça m’a tellement choquée que j’ai écrit un mail à Stock, l’éditeur qui a publié « Un autre Brooklyn » pour leur suggérer de le faire! 😉 Ce texte a eu de nombreux prix prestigieux : le National Book Award, Newbery Honor Book, le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) Image Award et le Coretta Scott King Award.

Ce qui fait peut-être peur aux éditeurs français, c’est que ce texte est souvent associé à de la littérature jeunesse ou young adult et que c’est de la poésie alors j’imagine que les deux ensemble n’ont pas vraiment de public garanti mais ce n’est pas du tout cela… C’est une autobiographie en vers (libres) qui raconte la vie de Jacqueline Woodson du jour de sa naissance jusqu’à la pré-adolescence mais cela va bien au-delà de l’aspect « jeunesse ».

Ce texte, au-travers des souvenirs qui sont racontés, au-delà des anecdotes personnelles et familiales, drôles ou tristes, ce texte est une « petite » histoire des Etats-Unis, une « petite » histoire du Sud, un éclairage sur la place des Noirs aux Etats-Unis avant les mouvements pour les droits civiques et après… Il y a une vraie réflexion sur le monde qui entoure cette petite fille qui grandit au milieu du monde.

Et puis, il y a aussi la manière dont elle se situe au sein d’une famille et également, son amour de raconter des histoires qui ne la lâchera pas de toute sa vie.

Ce texte est très bien écrit, très beau et très abordable. Il est passionnant et je ne pouvais pas le lâcher. Et il plairait certainement aux adolescents comme aux adultes!

De plus, si vous avez lu « Un autre Brooklyn », « Brown girl dreaming » vous fera comprendre quelle est la part d’autobiographie dans ce roman.

Je vous propose quelques pages que j’ai particulièrement aimées et qui correspondent bien à mon African American History Month challenge. N’étant ni traductrice professionnelle, ni poète, je ne m’aventure pas à la traduire ici désolée 😉

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Une vidéo de Jacqueline Woodson qui parle de « Brown girl dreaming » (en anglais mais les sous-titres en français sont disponibles) :

Dans cette vidéo, Jacqueline Woodson lit certains passages de « Brown Girl Dreaming » (en anglais mais les sous-titres en français sont disponibles) :

Un article sur l’auteur dans Livres Hebdo.

D’autres billets chez moi sur des livres de Jacqueline Woodson (cliquez sur les couvertures pour voir mes avis) :

Et un roman jeunesse « Le garçon qui n’était pas noir » :

catégorie « couleur »

Henry et la liberté : Ellen Levine et Kadir Nelson (Illustrations)

Résumé de l’éditeur :

« Dans les années 1850, quatre millions d’esclaves vivaient aux États-Unis. Henry Brown était l’un d’entre eux. Son histoire est semblable à celle d’un grand nombre : petit, il a été séparé de ses parents afin d’être vendu à un autre maître ; adulte, sa femme et ses enfants ont subi le même sort et lui ont été arrachés. N’ayant plus rien à perdre, Henry décide de s’enfuir de l’État esclavagiste de Virginie pour gagner sa liberté. Son idée est tout simplement incroyable : il va se cacher dans une boîte et se faire poster dans l’État libre de Philadelphie. Après avoir passé 27 heures dans une caisse en bois, il parvient enfin à destination et est désormais libre !« 

Il faut tout d’abord dire que cet album est magnifiquement illustré par Nelson Kadir (dont je vous ai déjà parlé plus tôt dans le mois).

Quant à l’histoire, elle est très touchante et réaliste : on y voit bien que les êtres humains ne sont que des biens matériels qu’on peut donner à ses enfants ou vendre quand on le souhaite sans tenir compte de leurs sentiments, sans s’inquiéter de séparer les familles en vendant femmes et enfants à divers endroits… C’est terrible et poignant!

Et puis, il y a cette soif de liberté et l’évocation des abolitionnistes, Noirs et Blancs, qui luttent ensemble pour libérer des êtres humains de l’esclavage. C’est une première approche du sujet très intéressante.

Un album pour des plus grands, je dirai à partir de 8-9 ans, accompagnés, pour leur expliquer justement l’esclavage et les abolitionnistes.

Une belle découverte faite chez Mistikrak, une blogueuse que j’ai découverte cette année et qui a la particularité de parler de littérature jeunesse traitant de personnages noirs ou métisses et qui est une mine pour ceux qui cherchent des idées de lectures jeunesse pour le challenge 😉

Pour rester dans la thématique de l’esclavage, je vous renvoie aussi vers mon autre billet du jour sur la série « Racines.

Et pour poursuivre sur l’esclavage, je vous renvoie vers deux romans adultes que j’ai lus il y a quelques temps :

« Underground Railroad » de Colson Whitehead

et « No home » de Yaa Gyasi

 avec Blandine

Racines (Roots) saison 1 : série télévisée réalisée par Marvin J. Chomsky, John Erman, Gilbert Moses et David Greene (1977)

Informations techniques trouvées sur Wikipédia :
Aux États-Unis, la mini-série a été diffusée durant huit soirées consécutives, entre le 23 et le 30 janvier 1977, dont quatre épisodes de 90 minutes et quatre épisodes de 45 minutes. Elle a été ensuite ré-éditée en six épisodes de 90 minutes pour sa sortie en vidéo. À la surprise générale, le feuilleton a rencontré un succès considérable et a fait l’objet d’une suite (saison 2) de 7 épisodes qui se conclut lorsque l’auteur retrouve la trace de son ancêtre. En France, elle a été diffusée à partir du 10 janvier 1978.
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Cette série a été tirée d’un livre écrit par Alex Haley qui a fait des recherches sur ses ancêtres et qui a retrouvé la trace de son aïeul, esclave venu d’Afrique. C’est donc un récit proche de la réalité des esclaves aux Etats-Unis que l’on trouve dans cette série.
Je vais juste dire quelques mots sans trop rentrer dans les détails sur chaque épisode, juste pour situer géographiquement et dans le temps et l’évolution des personnages. J’ai regardé la première série en format DVD « L’édition du 30ème anniversaire  » composé de 6 épisodes. Ne sachant pas comment ils étaient découpés à l’origine, je vous dis quelques mots sur la série telle que je l’ai vue.
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Episode 1 : Nous sommes en 1767 en Gambie. Nous suivons la vie d’un village et plus particulièrement la famille de Kunta Kinte, un garçon qui grandit paisiblement. A l’adolescence, il passe les rituels traditionnels pour devenir un guerrier. Il est capturé ainsi que d’autres Africains par des négriers et vendu à un transporteur qui va les emmener en Amérique.
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Episode 2 : Kunta Kinte arrive à Annapolis et il est vendu à un planteur. Fiddler, un autre esclave de la plantation est chargé de lui apprendre les rudiments du travail et de le mater. Il est renommé « Toby » par son maître mais il ne l’accepte pas et ne se plie pas facilement à sa nouvelle vie d’esclave.
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Episode 3 : En 1776, toujours sur la plantation, Kunta Kinte s’évade mais quand il est retrouvé par des chasseur d’esclaves, il est amputé d’un pied pour le punir. De retour dans la plantation, il se marie et a une fille qu’il appelle Kizzy qui signifie « Tu ne partiras jamais » dans sa langue.
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Episode 4 : A 16 ans, Kizzy qui avait une relation privilégiée avec la nièce du maître a appris à lire et elle espère se marier avec Noah, un garçon de la plantation qui a des désirs d’évasion. Les révoltes d’esclaves et les abolitionnistes sont évoqués. Mais Kizzy est vendue et a un enfant de son nouveau maître. Ce fils, George, devient un proche du maître, loin d’avoir envie de s’émanciper, c’est un garçon insouciant, dresseur de coqs de combat. Kizzy qui a un espoir de nouvelle vie auprès de Sam est une femme forte et déterminée qui transmet l’histoire africaine de son père à son propre fils mais aussi le désir de liberté.
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Episode 5 : « Chicken George » rêve de liberté. Dans cet épisode, l’histoire de Nat Turner est évoquée car il est recherché juste après la rebellion contre les Blancs et cela renverse les relations entre George et Tom Moore son maître avec qui il avait jusqu’alors de bonnes relations. Plus tard, il est envoyé en Angleterre en paiement de dettes de son maître. Quatorze ans plus tard, il rentre chez lui libre mais il ne peut rester avec sa famille. Il continue la transmission de l’histoire de Kunte Kinte à ses fils adultes. La guerre de Sécession éclate et entraîne le chaos dans le Sud.
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Episode 6 : La guerre de Sécession est terminée et les esclaves commencent par se réjouir de l’abolition de l’esclavage mais il y a un vrai questionnement sur comment vivre après avec cette nouvelle liberté. Et finalement, la vie des anciens esclaves n’est pas si facile car les blancs du Sud ne sont pas prêts à accepter de partager leurs vies et encore moins leurs terres… Il y a beaucoup de terreurs et de dangers avec le prémices du Ku Klux Klan et les lynchages. Ce dernier épisode se termine par la transmission de l’histoire de Kunta Kinte au petit-fils de George.
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Ce DVD se termine par un bonus qui explique en quoi cette série a été un phénomène aux Etats-Unis à sa sortie. (Vous pouvez activer les sous-titres en français) :
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J’ai aussi lu un article très intéressant (en anglais) qui explique l’impact de cette série. J’ai aussi écouté une captation d’une table ronde au Festival America  (que j’avais ratée parce qu’il y avait trop de monde) « E… comme Esclavage : Un devoir de mémoire » où Colson Whitehead explique qu’il a pris conscience de ce qu’était l’esclavage à 8 ans, en regardant cette série avec ses parents.
Il faut bien se rendre compte que quand cette série a été diffusée, le 23 janvier 1977, elle a été regardée par 29 millions de foyers et au fil des 8 soirées consécutives, 36 millions de foyers regardaient soit environ 100 millions de personnes. Dans la vidéo au-dessus, on apprend que les gens regardaient la série tous les soirs, des restaurants fermaient ces soirs-là et certains bars diffusaient la séries. La série a aussi eu pour impact un grand intérêt pour la généalogie pour une grande partie de la population américaine. Cette série est considérée comme la première à mettre en avant l’histoire des Afro-Américains du point de vue des Noirs. A l’origine, le livre avait aussi été extrêmement bien accueilli :  il était resté 4 mois sur la liste des meilleures ventes du New York Times, vendant plus de  6 millions d’exemplaires et avait obtenu le National Book Award et le prix Pulitzer.
Introduction et final de la série :

 

Cette série, historique, à plus d’un titre, a été refilmée en 2016.

LeVar Burton, qui jouait le rôle de Kunta Kinte adolescent en 1977, en est un des producteur. Il explique que si la série de 1977 restait un incontournable, les jeunes d’aujourd’hui ont changé et la série d’origine avait un peu vieillie, elle était un peu datée (ce qui est aussi mon avis, au niveau des images, des costumes, il y a un petit côté vieillot qui ne passe moins bien aujourd’hui.). Or, il voulait que cette histoire puisse continuer à être vue et ils ont alors décidé de la retourner pour la mettre au goût du jour au niveau des images et des acteurs. Après avoir regardé la bande annonce, je pense pouvoir dire que la série de 2016 est très fidèle à la série d’origine au niveau du contenu mais qu’effectivement, les images sont plus modernes.
Dans la vidéo suivante (en anglais), on apprend notamment qu’à la suite de la diffusion de cette série, beaucoup de prénoms des personnages ont été donnés car ils représentaient des personnages forts.

Bande annonce de la nouvelle version :

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La table ronde  « E… comme Esclavage : Un devoir de mémoire » du festival America, qui donne la parole à plusieurs auteurs sur l’esclavage, est passionnante :

Et pour continuer sur la thématique de l’esclavage, je vous renvoie vers deux romans que j’ai lus il y a quelques temps (et dont les auteurs interviennent dans la vidéo au-dessus) :

« Underground Railroad » de Colson Whitehead

et « No home » de Yaa Gyasi

Mais aussi l’album jeunesse dont je parle aussi aujourd’hui :

Bluebird : Tristan Koëgel

Dans les années 40, dans le Sud des Etats-Unis, on rencontre d’abord Minnie une jeune fille noire de 13 ans qui parcourt le pays avec son père un « songster » qui chante tandis qu’elle joue de l’harmonica. Un jour, ils se retrouvent dans une plantation où les ouvriers sont traités de façon très rude par un patron qui se croit encore à l’époque de l’esclavage… Ils sont d’ailleurs « matés » par un contre-maître irlandais et son compagnon indien surnommé « Gros poings » à cause de sa force menaçante…

Minnie et son père trouvent un moment de repos auprès de Papy et les autres ouvriers, ils jouent leur musique et Minnie joue un peu à cache cache avec Elwyn, le fils du contre-maître, qui s’entraîne au violon. Ils apprennent à se connaître même si leur amitié semble impossible.

Pendant cette période, il y a aussi l’importance de la musique et notamment un homme qui vient enregistrer les chanteurs et les musiciens du cru (et cela m’a forcément fait penser à la BD « Lomax Collecteurs de Folk Songs » de Duchazeau, tirée d’une histoire vraie). Mais il y a aussi l’horreur de Ku Klux Klan qui va d’ailleurs causer la fuite de Minnie quand elle voit que son père a été massacré par les hommes encagoulés.

Puis, la parole est donnée à Elwyn, et on découvre que la situation perçue par Minnie n’était pas tout à fait celle qu’elle est vraiment car les Irlandais et l’Indien jouent des rôles et ils ne sont pas ceux que tout le monde croit. Au fil de l’histoire, ils vont d’ailleurs se révéler être de précieux alliés pour les ouvriers noirs qui vont vivre mieux petit à petit mais en secret. Le père de Minnie n’est pas mort comme elle l’avait cru mais personne ne sait où retrouver la jeune fille qui a disparu par le train de Chicago.

A Chicago, on va retrouver Minnie qui s’est fait des amis et qui mène son bonhomme de chemin en essayant d’oublier sa vie d’avant et la musique mais une rencontre avec une voisine lui redonnera envie d’espoir. Elle retrouvera par hasard un ancien du Sud devenu musicien et il lui mettra le pied à l’étrier de la chanson : elle deviendra Minnie Bluebird!

Il y a bien d’autres rebondissements (peut-être un peu trop parfois), c’est une histoire très riche et avec comme base des situations réelles avec la ségrégation, la différence entre les états du Sud et du Nord, la place de la musique. Il y a certaines exagérations et incohérences mais cela participe à l’aspect romanesque du livre. J’ai aimé les différents points de vue et l’atmosphère de ce roman et les personnages qui sont intéressants. J’ai juste moins aimé une partie qui se passe sur un bateau qui à mon avis n’apportait pas grand chose.  Une jolie histoire!

Ce livre regorge d’extraits de musique et j’avais prévu d’aller les rechercher sur internet pour en faire une playlist mais heureusement j’ai découvert qu’elle existait déjà! 

EDIT : Depuis que j’ai écrit ce billet, j’ai fini de visionner la série « Racines » et il y a un épisode où les ouvriers noirs s’allient avec un Blanc, ami avec eux, et le font passer pour quelqu’un de dur avec eux pour que le maître blanc le mette en charge de la surveillance mais dès que le maître n’est pas là, ils vivent en harmonie. Il y a donc peut-être un fond de vérité (même si dans le roman, c’est exagéré.) dans cet épisode.

 avec Nath Sci : allons voir son avis!

 catégorie « animal » de ma ligne jeunesse

Cours! : Davide Cali et Maurizio A.C.Quarello

Ray est un jeune garçon noir en colère… Il accepte mal sa pauvreté, l’absence de son père et toutes les autres brimades qu’un garçon noir doit subir dans une école mixte où il y a surtout des Blancs… Cette colère entraîne de la violence et il se bat sans cesse…

Jusqu’à ce qu’une rencontre avec le nouveau Principal de son collège, un Blanc fan de boxeurs noirs, l’entraîne presque malgré lui a canaliser sa colère pour la transformer en énergie positive et sportive. Il l’encourage tout d’abord à courir pour devenir un boxeur mais finalement ses pas, ses foulées, vont l’entraîner ailleurs mais surtout vers un destin positif dans lequel la course à pied sera un tremplin pour des études supérieures.

Il pourra ensuite prendre le rôle de son ancien Proviseur et transmettre la bienveillance qu’il a connue.

Cet album est vraiment formidable car il montre bien que l’attention que l’on porte aux autre peut avoir une répercussion positive et qu’il n’y a pas de fatalité à rester enfermé dans un rôle si on croise les bonnes personnes qui vous montrent la voie.

La race n’est pas au centre de cet album mais cela plante malgré tout le personnage de Ray qui quand il est jeune se sent stigmatisé et peu encouragé.

Blandine l’avait lu pour le challenge l’an dernier.

 chez Martine

Joséphine Baker : Catel et Bocquet

Résumé de l’éditeur : « Entre glamour et humanisme, la vie tumultueuse de la première star mondiale noire. 
Joséphie Baker a 20 ans quand elle débarque à Paris en 1925. En une seule nuit, la petite danseuse américaine devient l’idole des Années Folles, fascinant Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon. Dans le parfum de liberté des années 1930, Joséphine s’impose comme la première star noire à l’échelle mondiale, de Buenos Aires à Vienne, d’Alexandrie à Londres.
Après la guerre et son engagement dans le camp de la résistance française, Joséphine décide de se vouer à la lutte contre la ségrégation raciale. La preuve par l’exemple : au cours des années 1950, dans son château des Milandes, elle adopte douze orphelins d’origines différentes, la tribu arc-en-ciel.
Elle chantera l’amour et la liberté jusqu’à son dernier souffle. » 

Josephine Baker était une petite fille née de parents danseurs et grandit d’abord auprès de sa grand-mère afro américaine et sa grand-tante amérindienne. Puis elle retourne vivre chez sa mère et sa nouvelle famille. Josephine, appelée Tumpie par son entourage, aime plus que tout danser et faire le clown et faire rire les gens. Cela lui joue des tours à l’école mais elle commence à faire des spectacles dans une cave avec une amie et elle a du succès auprès du voisinage. Elle se marie à 13 ans puis devient danseuse professionnelle et finit par partir en tournée dans tous les Etats-Unis…

Elle connait la pauvreté, les violences, misogynes ou raciales, les injustices envers les femmes et les Noirs… Elle connait aussi la joie de vivre, l’amour de la danse et des hommes… Elle est belle, talentueuse, forte et drôle.

Un jour, elle est repérée par une américaine pour participer à ce qui deviendra la célèbre « Revue Nègre » à Paris. La vie de Joséphine deviendra foisonnante de rencontres de toutes sortes de personnalités du monde de la culture des années 20. Elle voyagera dans le monde entier.

Pendant la guerre, elle s’engagera pour la liberté jouant les espionnes et les pilotes d’avion. Puis plus, elle retournera aux Etats-Unis pour montrer son soutien aux mouvements des droits civiques. Elle adoptera 12 enfants de toutes les origines, sera une amoureuse, une artiste, gagnera beaucoup d’argent, perdra beaucoup d’argent…

Quelle femme! Quelle vie! Joséphine était une femme digne d’être un personnage de roman! J’ai adoré cette BD qui m’a donné envie d’en savoir plus sur elle, moi qui ne connaissais que quelques images et quelques chansons d’elle. Elle a eu une vie fascinante et improbable et elle vaut  vraiment le coup d’être connue!

  chez Noukette

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Billie Holiday : Muñoz et Sampayo

(Un petit Book Face pour la route)

Dans cette BD, un journaliste doit écrire un article pour commémorer les 30 ans de la mort de Billie Holiday. Il ne sait rien d’elle et mène donc son enquête et la BD raconte donc la vie de la chanteuse de Blues / Jazz mythique. Une vie assez terrible d’une femme noire née aux Etats-Unis en 1915 et décédée en 1959. Elle a bien entendu connu le racisme mais aussi une vie vraiment tragique… Entre la misère et la prostitution, la célébrité et les dépendances à la drogue et à l’alcool, Billie Holiday a été victime des hommes qui l’ont côtoyée, victime de la société dans laquelle elle vivait et victime de ses propres démons.

Les dessins très noirs et graphiques servent le destin de cette femme qui pourrait être l’héroïne d’un roman noir…

Pourtant, si j’ai apprécié de mieux connaître l’artiste, je ne suis pas tombée sous le charme des dessins et le choix narratif m’a paru un peu confus parfois avec les allers et retours dans le présent avec le journaliste. Dommage.

Pour un aperçu des dessins avec la voix de Billie Holiday en arrière plan :

Quelques chansons célèbres de Billie Holiday :

http://www.jazzradio.fr/son/freestyle-audio/30530/billie-holiday-en-cinq-titres-cultes

« Strange fruit » est une chanson poignante sur les lynchages de Noirs et j’ai trouvé un article très intéressant dans Télérama que je vous recommande.

Et enfin, un article très complet sur la biographie de Billie Holiday.

  chez Noukette