Mais leurs yeux dardaient sur Dieu ou Une femme noire (Their eyes were watching God) : Zora Neale Hurston

(Un petit Book Face pour la route 😉

Le personnage principal, Janie Crawford revient dans sa ville et son retour éveille les ragots de ses voisins… Janie va alors se confier à sa meilleure amie en lui racontant toute son histoire jusqu’à ce jour.

La grand-mère de Janie était esclave et eut une fille par son maître. Sa fille fut violée par le maître d’école et accoucha de Janie. La petite fille fut élevée par sa grand-mère parmi les enfants du patron de celle que tout le monde -même Janie-appelait « Nanny ». Elle était tellement intégrée au groupe qu’elle raconte avoir découvert qu’elle n’était pas blanche en voyant une photo d’elle avec les petits Blancs.

A l’entrée dans l’adolescence, sa grand-mère la voir embrasser un garçon et craignant qu’elle ne se « perde », elle arrange un mariage avec un fermier voisin. Mais Logan Killicks ne correspond pas à ce dont rêvait Janie : il n’y a pas d’amour ou d’étincelle mais plus un arrangement pratique pour lui, une aide pour la ferme.

Un jour, elle croise la route de Joe Starks, un homme charmant, qui présente bien, plein d’assurance. Elle quitte la ferme pour le suivre à Eatonville (la première ville des États-Unis uniquement habitée par des Noirs). Là, l’esprit d’entreprise de Joe s’épanouit et il permet à la ville de se développer, il devient le maire et monte un magasin général avant d’acheter et vendre des terres. Janie est petit à petit reléguée à la boutique et comme Janie est très belle et qu’elle attire le regard des hommes, il l’efface en commençant par l’obligeant à porter un foulard pour cacher ses cheveux…

Janie n’a pas la langue dans sa poche et elle aimerait pouvoir s’exprimer et participer à la vie de la communauté aussi librement que les hommes mais son mari ne le permet pas. Pour lui, elle n’a qu’à être la femme du maire et vivre une vie aisée. Mais elle veut plus que cela.

Et puis, à la mort de son mari, elle fait la connaissance de Tea Cake, un homme beaucoup plus jeune qu’elle et sans le sou. Il la fait rire, il la traite d’égal à égal et surtout lui redonne le goût de la liberté. Elle est indépendante financièrement et Tea Cake ne cherche pas à abuser d’elle, il est courageux et très bon joueur de dés et vit de ses paris. Alors, faisant fi de l’opinion des autres, elle le suit et quitte tout pour une vie plus simple mais plus heureuse.

Malheureusement, un ouragan terrassa les Everglades où le couple vivait alors et si Janie et Tea Cake en réchappent en vie, un drame va pourtant les séparer et entraîner le retour de Janie seule…

Cette histoire est une histoire de femme forte qui petit à petit prend le pouvoir sur sa vie. Janie est un personnage féministe, ce qui pour une femme noire de son époque n’était pas une mince affaire. C’est aussi une histoire d’amour très forte entre Janie et Tea Cake, une vraie passion.

La langue est très particulière, du langue vernaculaire de la communauté noire de cette région. Ce n’est pas très facile à lire et j’ai souvent lu à mi-voix pour entendre ce que l’écriture phonétique et grammaticalement incorrecte donnait et pourtant, c’est une langue que j’entendais (et que je connais pour avoir pas mal lu de littérature afro-américaine, comme Alice Walker). Et en écrivant ce billet, j’ai trouvé cette version audio et je me demande si je ne l’audiolirai pas un de ces jour, rien que pour la musique de la langue!

 Zora Neale Hurston était une figure importante du « Harlem Renaissance » dans les années 1920 (cliquez sur la première photo pour trouver une biographie en français et sur la deuxième pour une biographie en anglais) 

C’est Alice Walker qui a œuvré pour remettre Zora Neale Hurston sur la scène littéraire après qu’elle ait été oubliée et c’est grâce à elle que j’ai entendu parler de « Their eyes were watching God » quand j’ai lu toute l’oeuvre d’Alice Walker quand j’ai écrit mon mémoire de DEA sur trois de ses romans. D’ailleurs, j’aurais dû le lire en 1996 mais il fallu que j’attende tout ce temps! Maintenant que j’ai lu ce roman, je comprends l’influence qu’il a eu sur elle quand elle écrit « La couleur pourpre ». Alors je suis très touchée quand j’entends Alice Walker lire un bel extrait de ce roman :

Il existe un film (ou téléfilm?) tiré du roman (avec Halle Berry) et d’après la bande annonce, il semble fidèle au roman (mais je ne sais pas s’il a été doublé en français) :

 avec Anne: Allons voir son avis!

 chez Antigone

ma maman qui sait que la thématique des Afro-Américains m’intéresse

catégorie « partie du corps »

« Green Book, sur les routes du Sud » de Peter Farrelly (film) (+les Green books et Don Shirley)

C’est mon amie et collègue Titi qui m’a parlé de ce film fin janvier car elle pensait que ça m’intéresserait par son lien avec l’African American History Month challenge et elle avait bien raison! Nous sommes d’ailleurs allées ensemble le voir en VO avec Mrs B une autre amie et collègue qui s’intéresse à ce sujet!

Résumé de Allociné : « En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.

Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.  »

*

J’ai beaucoup aimé ce film! D’abord avec les acteurs sont vraiment bons : Viggo Mortensen, Mahershala Ali sont vraiment excellents!

J’ai aussi aimé voir le Sud des Etats-Unis de cette période dans toutes ses contradictions : il y a la ségrégation partout mais les riches blancs s’enorgueillissent de revoir ce pianiste réputé pour faire bonne impression tout en lui refusant les mêmes droits que s’il était Blanc. C’est assez terrible… Il y a aussi le problème de voyager quand on est Noir aux Etats-Unis : le fait de devoir « choisir » ses logements et restaurants en fonction des lois régissant la séparation des Blancs et des Noirs et le fameux « Green Book » mais aussi la manière dont la police traitent différemment les gens selon qu’ils soient Blancs ou Noirs dans le Sud…

Mais surtout ce que j’ai aimé c’est le renversement des clichés : le Blanc ici est plutôt rustre, c’est un Italo-Américain du Bronx, qui ne s’exprime pas avec beaucoup de finesse et qui a le coup de poing facile et le Noir est un homme riche, cultivé et très raffiné. Ils sont en contraste total avec les clichés de l’époque. Et d’ailleurs, Tony, le chauffeur / garde du corps s’étonne que Don, le pianiste réputé ne soit pas plus comme les autres Noirs mais Don, lui souffre de n’avoir sa place nulle part : pas assez « noir » dans sa façon d’être pour se sentir de points communs avec sa « communauté » et trop noir pour être accepté par les Blancs… Et pourtant, à sa façon, il lutte, choisissant de venir dans le Sud pour montrer qu’un Noir peut jouer cette musique différente de celle que l’on pouvait imaginer qu’il joue.

Au fil du film, Tony va dépasser ses propres préjugés (lui qui ne n’avait au début pas beaucoup de tolérance pour qui que ce soit qui ne soit pas italien et encore moins un Noir).

C’est un film historique et drôle par moments mais aussi très touchant quand il s’agit de constater les injustices liées à la ségrégation et aussi émouvant quand on se penche sur la psychologie du personnage de Don.

Pour revenir sur le vrai « Green Book » ou « The Negro Motorist Green-Book », , vous pourrez trouver des informations plus précises en cliquant sur la photo. Dans la vidéo suivante (en anglais mais vous pouvez activer la traduction automatique en français) vous pourrez en apprendre plus sur la traversée des villes sur la Route 66 qui étaient régies par les lois Jim Crow en les informant de tous les commerces acceptant de servir les Noirs et aussi sur les « Sundown Towns » (les villes à couvre feu) c’est à dire les villes qui n’acceptaient pas que des Noirs soient sur la route après la tombée de la nuit.

L’histoire est basée sur l’histoire vraie entre Don Shirley et Tony « Lip » Vallelonga, raconté par Nick Vallelonga d’après les histoires racontée par son père et l’artiste. Ils étaient amis dans la vraie vie.  (Cliquez pour voir un article de Paris Match sur les deux hommes).

Dans cette vidéo (en anglais mais vous pouvez activer la traduction automatique en français), on peut écouter Don Shirley raconter sa vie d’artiste noir aux Etats-Unis et voir des images et des films d’époque, c’est vraiment intéressant après avoir vu le film!