I am not your Negro : James Baldwin et Raoul Peck

Résumé de l’éditeur : « Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d’un livre sur l’Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s’aidant des notes prises par l’écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire – salué dans le monde entier et sélectionné aux Oscars – aujourd’hui devenu un livre, formidable introduction à l’oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d’humanité de l’histoire des Noirs aux États-Unis et de l’aveuglement de l’Occident. »

Avant de lire ce texte je n’avais jamais lu James Baldwin et j’ai découvert un homme engagé et à la plume à la fois incisive et poétique. Le travail de Raoul Peck a été de reprendre des textes écrits par James Baldwin pour un livre resté inachevé, des passages de lettres, des extraits d’interviews ou d’émissions de télévision où James Baldwin échangeaient avec d’autres interlocuteurs et de saupoudrer le tout de citations de films, photos…

Ce livre est un témoignage très fort de ce qu’était (et est encore) la question de la place des Noirs aux Etats-Unis. James Baldwin évoque ses amitiés avec des hommes qui ont eu une place majeure dans l’histoire de son pays mais il parle aussi des gens ordinaires qui vivaient le racisme ordinaire et institutionnalisé dans le pays.

J’ai adoré. C’est un document passionnant et émouvant. Historiquement c’est très intéressant, et surtout, c’est encore malheureusement encore tellement actuel.

Après avoir lu ce livre, j’ai tout de suite eu envie de voir le film (j’ai fait une suggestion d’achat à la médiathèque et la bibliothécaire m’a sous-entendu que c’était tout à fait ce genre de films qui pourrait être acheté!). Voici la bande annonce :

Et le hasard a voulu que dans la revue « America », il y avait une article de James Baldwin où il parle du « Blues » (mais pas le Blues musical), et de la place des Noirs dans la société américaine et c’est passionnant!

Pour l’anecdote, cet article, inédit en France apparemment, avait été publié en dans Playboy… Je trouve cela assez incroyable de penser qu’un magazine plutôt léger sur le plan de ses photos, publiait de longs articles de fond  sur un sujet qui en  1964 était loin d’être consensuel aux Etats-Unis par auteur lui aussi loin d’être politiquement correct…. C’est étonnant! En tout cas cet article aurait pu être écrit hier plutôt que 55 ans auparavant!

ligne « gros mot »

Confessions de Nat Turner (recueillies par Thomas R. Gray)

Attention, il ne faut pas confondre ce texte avec « Les Confessions de Nat Turner » de William Styron. Ici, il ne s’agit pas de fiction mais des vraies confessions de Nat Turner, recueillies en prison par Thomas R. Gray en 1831 auprès de l’homme ayant conduit une révolte d’esclave qui a entraîné un terrible massacre parmi les Blancs (hommes, femmes et enfants) de plusieurs plantations en Virginie.

Difficile de savoir si Nat Turner était uniquement un fanatique religieux persuadé d’être un prophète sujet à des visions ou un homme ne pouvant plus supporter sa condition d’esclave. Mais ce texte a le mérite de montrer les conditions de désespoir d’hommes qui n’avaient plus rien à perdre et qui ont préféré tuer et mourir que de subir…

Le texte est suivi de « Une révolte en noir et blanc » de Michael Roy qui apporte un éclairage historique et sociologique très intéressant sur l’esclavage et les révoltes.

Ces « confessions » ont été ensuite reprises et romancées par William Styron en 1967 et d’après ce que j’ai lu, ses choix sont aujourd’hui assez controversés car l’auteur aurait choisi de dépeindre Nat Turner à charge, comme un illuminé mystique mais aussi obsédé sexuel allant jusqu’au viol ce qui  n’apparaît pas du tout dans « Confessions » et qui a participé à véhiculer le mythe de l’esclave noir pervers envers les femmes blanches.

Et plus récemment, un film a été adapté de ces confessions. Il s’agit de « The Birth of a Nation » réalisé par Nate Parker mais cette fois, le parti pris du réalisateur est de montrer Nat Turner comme un héros, un penseur politique qu’il n’était pas forcément.

Et pour approfondir sur l’esclavage, je vous conseille l’article  de la revue « America« , qui est très intéressant.