« Like a King » de Ben Harper : Rodney King et les émeutes de Los Angeles de 1992

Alors que j’étais en train de lire « The Hate U Give« , cette chanson de Ben Harper est passée à la radio et j’ai trouvé que c’était un hasard très intéressant. En effet, c’est une chanson que j’ai utilisée une année avec mes 3e quand je parlais des droits des Noirs aux Etats-Unis et elle colle bien à la thématique du roman et toutes les recherches que j’ai fait es sur les émeutes de Los Angles en 1992 aussi.

Voici les paroles et une traduction :
« Like a King » de Ben Harper

Well Martin’s dream
Has become Rodney’s worst
Nightmare
Can’t walk the streets
To them we are fair game
Our lives don’t mean a thing

Like a king, like a king, like a king
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Like a king, like a king, like a king
How I wish you could help us Dr. King

Make sure it’s filmed
Shown on national T.V.
They’ll have no mercy
A legal lynch mob
Like the days strung up from the tree
The L.A.P.D.

Like a king, like a king, like a king
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Like a king, like a king, like a king
How I wish you could help us Dr. King

So if you catch yourself
Thinking it has changed for the best
You better second guess
Cause Martin’s dream
Has become Rodney’s worst
Nightmare

Like a king, like a king, like a king
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Like a king, like a king, like a king
How I wish you could help us Dr. King

*

Like A King (Comme Un Roi… ou comme un « King » (Martin ou Rodney)

Et bien le rêve de Martin
Est devenu le pire cauchemar de Rodney.
Impossible de marcher dans la rue,
Pour eux nous sommes des proies,
Nos vies ne signifient rien.

Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Comme j’aimerais que vous puissiez nous aider Docteur King.

Assurez-vous que ce soit filmé,
Montré à la télévision nationale.
Ils n’auront aucune pitié.
Un lynchage légal organisé,
Like the days strung up from the tree
Comme aux jours où l’on était pendus aux arbres
La police de Los Angeles.

Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Comme j’aimerais que vous puissiez nous aider Docteur King.

Si vous vous prenez
à penser que la situation s’est améliorée,
Vous feriez mieux d’y penser à deux fois
Parce que le rêve de Martin
Est devenu le pire cauchemar de Rodney.

Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Rodney King, Rodney King, Rodney King
Comme un roi, comme un roi, comme un roi.
Comme j’aimerais que vous puissiez nous aider Docteur King.

La chanson parle de Rodney King et des émeutes raciales et sociales de Los Angeles en 1992.

Voici un extrait d’un article qui explique la situation : « Le 3 mars 1991, Rodney King était arrêté en état d’ivresse après une course poursuite à plus de 160 km/h. Les quatre policiers font alors preuve d’une violence inouïe pour le maîtriser, lui assénant plus de cinquante coups de matraque et de coups de pied. […] ce jour-là, la scène est enregistrée. Un plombier, vidéaste amateur, alerté par le bruit, filme pendant dix minutes l’arrestation plus que musclée. Et apporte la cassette à une télévision locale. La vidéo est ensuite reprise par les grandes chaînes et scandalise l’opinion publique. Pour la première fois le pays entier se retrouve témoin du délit. Le procès est inévitable. […] Le jury est composé de dix Blancs, un Asiatique et un Hispanique. Rodney King, toxicomane, déjà condamné pour braquage, ne fait pas le poids. Les quatre policiers sont blanchis. »

Dans cet article du National Geographic, on peut lire : « Acquittés. La sentence résonne comme l’injustice de trop. Rodney King est devenu le symbole de la lutte contre les violences policières et la discrimination. Combien faudra-t-il encore de Rodney King pour que les Noirs soient traités avec le même respect que les autres citoyens ? Los Angeles s’embrase, les émeutes crient l’exaspération de la communauté afro-américaine. L’état d’urgence est déclaré. Les bâtiments sont détruits par le feu et les explosions, les coups sont rendus un à un, les forces de l’ordre prises à partie, tenues pour responsables. Le déchaînement de violence ne faiblit pas pendant six jours et se propage à Seattle, Oakland, San Francisco, Las Vegas, San Diego, New York, Philadelphie et Atlanta. Mais rien n’atteint la gravité des émeutes de Los Angeles. Trop de ressentiment, de frustration et d’espoirs meurtris ne peuvent être contenus. »

Voici la bande annonce d’un documentaire National Geographic intitulé « L.A 92 » (en cliquant sur le lien vous pourrez trouver le documentaire complet sur Youtube) constitué uniquement d’images d’archives et de documents authentiques de cette période. La bande annonce est doublée en français dans cet article du National Geographic. Je dois dire que rien que la bande annonce est impressionnante…

Il y a aussi le documentaire « Let It Fall : LA 1982-1992 », réalisé par John Ridley (le réalisateur de « Twelve years a slave) :

Et j’ai découvert le film « Kings »  de Deniz Gamze Ergüven qui se situe à Los Angles en plein dans cette période et qui a l’air très fort aussi :

The hate U give (THUG – La haine qu’on donne) : Angie Thomas (+ Black Lives Matter)

Un Book face!

Résumé de l’édition française (chez Nathan Traduction Nathalie Bru) : « Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. Mais tout vole en éclats le soir où son ami d’enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s’embrase, tandis que la police cherche à enterrer l’affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu’elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère ; et à redresser la tête. »

Le résumé est très bon, je ne vais pas chercher à en faire un autre mais plutôt tout de suite vous donner mon avis à chaud car j’écris ce billet après avoir dévoré le roman.

C’est un roman ado mais il peut sans complexe être lu par des adultes car il est loin d’être simpliste. La vie de Starr est loin d’être manichéenne. Elle est tiraillée entre la Starr du quartier où elle a grandi, la Starr Noire et la Starr qui est éduquée dans un lycée huppé, la Starr -certes toujours Noire mais pas du « ghetto »… C’est compliqué pour elle car elle a des amis dans les deux parties de sa vie mais elle ne peut pas les rassembler…

Son père, gangster réformé est très fidèle au quartier pour des raisons idéologiques et sa mère, elle, souhaite surtout protéger ses enfants de la violence toujours latente de l’endroit où ils vivent. Starr, elle, se partage, ne voulant pas choisir…

Tout bascule lors d’un drame à la fois terrible et pourtant assez ordinaire : un policier blanc tire sur un jeune noir, sans raison, et Starr, qui était là, peut témoigner… Mais sa parole aura-t-elle assez de force pour dépasser les stéréotypes et faire passer le message qu’être jeune, Noir et vivre dans un ghetto ne sont pas des raisons suffisantes pour être assassiné par la police?

Dans ce roman, on ne fait pas l’impasse sur la violence du quartier dans le quel Starr et sa famille vivent, on n’édulcore pas la place des gangs, l’importance de la drogue et la difficulté à s’élever de sa condition sociale quand on vient de ce genre de quartier. De même, le racisme sous-jacent et souvent lié à l’ignorance est aussi évoqué et j’ai aussi trouvé cela intéressant. En effet les relations amicales et amoureuses de Starr avec les jeunes qui ne sont pas de son milieu sont aussi l’occasion pour le lecteur blanc de s’interroger sur sa vision de la situation et c’est important aussi.

J’ai beaucoup aimé ce roman, j’ai trouvé qu’il sonnait juste et qu’il était aussi instructif sur certains aspects de la vie des Afro-Américains tout en étant contrebalancé par beaucoup d’amour (dans une famille qui se serre les coudes et qui fait tout pour dépasser les difficultés et les préjugés) et aussi de l’humour. Mais surtout qui développe une certaine conscience politique/activiste.

Un très bon roman jeunesse.

Un film tiré du livre vient de sortir (je vais attendre un peu avant de le voir, mais j’essaierai de le voir pour février 2020 😉 mais d’après la bande annonce, il semble fidèle au livre.)

Dès le deuxième chapitre, Starr évoque le fait que ses parents l’ont prévenue de faire attention si elle était arrêtée par la police, d’obéir, de ne pas bouger etc… J’ai immédiatement pensé à la vidéo qui suit, qui montre des parents noirs qui parlent à leurs enfants pour les encourager à avoir confiance en eux sans se préoccuper de ce les gens disent d’eux en raison de la couleur de leur peau ou pour les mettre en garde contre des dangers propres aux Noirs aux Etats-Unis et je trouve que cette vidéo a sa place dans ce challenge :

Cette version est plus courte mais elle est sous-titrée en français :

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« THUG » : la définition de Tupack qui est au coeur du roman est expliquée ici :

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Ce roman fait évidemment tout de suite penser au mouvement « Black lives matter » et si vous ne savez pas ce que c’est, voici une vidéo qui vous en parle :

A la fin du roman, Starr fait une liste de noms qui sont concernés par son engagement et ces noms, on les retrouve aussi dans cet article qui explique aussi de façon très claire ce qu’est le mouvement Black Lives Matter :

Le mouvement Black Lives Matter expliqué en trois minutes

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Pour rester dans la thématique des émeutes raciales et des injustices liées à la police -car ce n’est pas nouveau aux Etats-Unis- j’ai préparé un billet qui revient sur Rodney King et  les émeutes de Los Angeles de 1992.

 chez Antigone

 avec Blandine et Nath Sci 

catégorie «gros mot» pour ma ligne jeunesse