Un bruit étrange et beau : Zep

Si vous connaissez Zep pour ses BD « Titeuf » oubliez tout de suite vos idées, ses BD adultes n’ont rien à voir, ni dans le trait ni dans l’ambiance! J’ai vraiment beaucoup aimé cette BD (j’avais déjà aimé « Une histoire d’hommes » mais j’ai trouvé celle-ci encore meilleure.

Cette BD est d’une grande finesse et pose un regard assez lucide sur le monde dans lequel on vit, avec beaucoup de poésie.

L’histoire commence dans la contemplation, dans les dessins et dans l’absence de texte puisque nous rencontrons Marcus, un moine chartreux qui vit dans son monastère depuis 25 ans, ayant fait vœu de chasteté, pauvreté et surtout, de silence. Mais son passé le rattrape quand sa tante meurt. Cette tante, qui n’a jamais accepté le désir de William (son nom d’avant) d’entrer dans les ordres, l’a mis sur son testament et qui rend sa présence exceptionnellement nécessaire à Paris.

Son retour au monde est très étrange pour lui, il redécouvre les sons et sa voix mais aussi les odeurs et les contacts humains. Dans le train, il rencontre une jeune femme malade et il se lie entre eux une belle relation, éphémère certes mais pleine de liberté. C’est une parenthèse dans leurs vies et pour Marcus, c’est un peu un test sur sa croyance et son désir de rester dans son silence.

Dans cet album, il est question donc du rapport au monde, des choix de vie, de la famille, de l’amitié et de l’amour mais aussi de la difficulté à trouver sa place dans un monde auquel on n’a pas forcément l’impression d’appartenir, c’est aussi une réflexion sur la croyance et sur les rencontres qui même brèves peuvent être très enrichissantes.

L’album est aussi graphiquement très réussi, tant par les dessins fins que par les couleurs pastels. C’est vraiment une BD pleine de douceur sur le fond et la forme. Je vous la recommande.

« son »

La presqu’île abandonnée (Les Jaxon Vol 2) : Guillaume Le Cornec

Voici le résumé de l’éditeur : « Lyon. Ses palais Renaissance, sa Croix-Rousse, ses traboules et sa gastronomie. Lyon, grande ville densément peuplée, presque à cheval sur la frontière italienne, cadre parfait pour sortir des radars après le demi-fiasco de L’île aux Panthères ? En théorie, oui… En pratique, c’est un peu plus compliqué. Car le Lyon que vont découvrir les JAXON, c’est aussi une vallée dopée à la chimie fine, des réseaux souterrains très secrets, des puissances sombres et tentaculaires et de l’argent radioactif… Un cocktail bien trop attirant pour que Judith, Amara, Xavier, Oscar et Nicolaï ne veuillent y goûter. Au risque de s’étouffer, une arête de poisson coincée dans la gorge ? Une deuxième aventure qui claque comme un coup de feu et qui résonne férocement avec l’actualité. »

*

Avant tout, il faut que je vous dise que j’ai abandonné ce roman au bout d’un tiers. Ce n’est pas parce que c’est un mauvais roman jeunesse, au contraire, mais ce n’était pas mon genre. Il faut aussi savoir que c’est un 2ème volume (ce que je ne savais pas quand je l’ai emprunté à la médiathèque. Tout ce que je savais c’est que l’auteur était un ami de jeunesse d’une de mes amies et que c’était l’occasion d’enfin le découvrir). Alors, les deux histoires sont séparées et les liens entre les personnages récurrents sont expliqués au fil de l’eau au début de l’histoire mais je pense quand même que cela m’aurait permis une entrée plus fluide dans l’histoire si j’avais lu le 1er tome et donc si j’avais connu les « Jaxon », la bande de jeunes héros de cette histoire.

Mais ce qui m’a fait abandonné sera sans doute ce qui plaira à d’autres lecteurs : c’est un vrai roman d’aventures avec un côté « Mission impossible » avec des jeunes héros et moi, je n’aime pas les histoires d’espionnage et d’aventures rocambolesques avec piratages informatiques, enquêtes et autres ramifications internationales… Mais je dois admettre que c’est bien amené pour ceux qui aiment et bien écrit aussi.

Et puis ce qui est, je pense, l’attrait principal de ce roman c’est la touche écologique dans un roman d’aventures et aussi le fait que ce soit orienté dans un environnement qui parlera aux adolescents.

Je ne l’ai pas proposé à Bastien car je l’ai trouvé un peu complexe pour ses 10 ans (surtout avec cette histoire de tome 2) mais je le conseillerai à partir de 12-13 ans.

catégorie « lieu »

Olympe de Gouges : Catel et Bocquet

Alors, je vais commencer par vous donner le résumé de l’éditeur : « De Montauban en 1748 à l’échafaud parisien en 1793, quarante cinq ans d’une vie féminine hors-normes, et l’invention d’une idée neuve en Europe : la lutte pour les droits des femmes. Née dans une famille bourgeoise de province, sans doute fille adultérine d’un dramaturge à particule, Marie Gouze dit Olympe de Gouges a traversé la seconde moitié du XVIIIe siècle comme peu de femmes l’ont fait. Femme de lettres et polémiste engagée, elle se distingue par son indépendance d’esprit et l’originalité parfois radicale de ses vues, s’engageant pour l’abolition de l’esclavage et surtout pour les droits civils et politiques des femmes. Opposée aux Robespierristes et aux ultras de la Révolution, elle est guillotinée pendant la Terreur. Comme ils l’avaient fait avec Kiki de Montparnasse, Catel et Bocquet retracent de façon romancée, mais avec une rigueur historique constante, le parcours de vie de cette femme d’exception, dont les idéaux très en avance sur son temps ont forgé quelques-unes des valeurs clés de nos sociétés d’aujourd’hui. En quelque trois cent planches de création exigeante et généreuse, un magnifique portrait féminin et un hommage vibrant à l’une des figures essentielles du féminisme. »

*

De ces auteurs j’avais aimé deux autres BD alors quand j’ai fait ma moisson de livres à la médiathèque avant le confinement, je me suis dit que c’était la bonne occasion de se lancer sur cette BD pavé… Mais je dois dire que j’ai abandonné à la moitié (mais vu la taille, je me suis dit que j’allais quand même en parler 😉

Si je n’ai pas accroché c’est sans doute parce cette BD est très historique et concerne une période historique que je connais mal et qui ne m’intéresse pas beaucoup  (et dans laquelle j’ai du mal à me projeter). Ne connaissant pas bien les personnalités rencontrées dans l’album, je suis passée à coté de beaucoup de choses…

Mais surtout, j’ai trouvé que c’était une BD qui met beaucoup de temps à installer les personnages et l’histoire. Certes c’est une biographie mais j’ai trouvé que l’on passait trop de temps sur l’enfance et la jeunesse et je me suis arrêtée au moment où Olympe de Gouge commence à prendre son ampleur cela devient vraiment encore plus « bavarde » qu’elle ne l’était au début…

Au bout d’un moment, je me suis dit qu’il était quand même dommage de se forcer…

Pourquoi est-ce que j’en parle quand même? Pour vous conseiller « Kiki de Montparnasse«  et « Joséphine Baker » et pour mon challenge « Petit Bac » 😉

catégorie « personne célèbre »

Vie de Gérard Fulmard : Jean Echenoz (Lu par Dominique Pinon)

Résumé de l’éditeur : « La carrière de Gérard Fulmard n’a pas assez retenu l’attention du public. Peut-être était-il temps qu’on en dresse les grandes lignes. Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s’est retrouvé enrôlé au titre d’homme de main dans un parti politique mineur où s’aiguisent, comme partout, les complots et les passions. Autant dire qu’il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l’a fait, qu’il est tombé là par hasard, c’est oublier que le hasard est souvent l’ignorance des causes. »

*

Je dois avouer que je n’ai pas vraiment envie de parler de ce roman… Si je ne l’ai pas abandonné c’est uniquement parce que c’était un roman court mais vraiment je me suis ennuyée… Je n’ai pas aimé l’histoire qui se voulait loufoque, faussement politique, faussement une critique de la société. Je n’ai pas trouvé drôle ce qui était censé me faire rire… Bref, je ne vous le recommande pas même s’il est bien lu par Dominique Pinon qui le lit de façon pince sans rire qui sied bien au personnage de Gérard Fulmard mais je n’ai pas du tout été intéressée par ce personnage et Dominique Pinon malgré son talent n’a pas pu changer les choses…

J’étais d’autant plus déçue que j’avais aimé d’autres titres de l’auteurs : 14, Courir, Des éclairs

Chez Sylire

Catégorie « prénom »

De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles : Jean-Michel Guenassia

Encore une fois, voici un livre que j’avais dans ma PAL et que j’ai commencé à lire sans regarder la 4e de couverture ce qui est en fait assez rare chez moi! J’ai donc découvert l’histoire de Paul sans idée préconçue! Paul est un jeune homme qui revient sur sa vie et qui va se présenter et sa famille.

C’est une personne hors du commun qui vit dans une famille hors norme : il est androgyne et a subi dans son adolescence des brimades en raison de l’ambiguïté autour de sa sexualité et du fait qu’il n’ait pas de père… En effet, sa mère est homosexuelle et vit avec une femme qui est comme une mère pour Paul… D’autant plus que Léna, sa mère biologique est loin d’être maternelle… C’est une tatoueuse, biker, exubérante et anticonformiste… Ce n’est pas une femme facile à vivre!

Paul se découvre un talent musical, il apprend à jouer du piano très bien à l’oreille et tout seul chez son meilleur ami mais Léna refuse qu’il entre au conservatoire… Il abandonne l’école après le collège et commence à jouer du piano dans le restaurant de Stella sa belle-mère et apprend à se débrouiller.

Il se découvre aussi une passion pour les femmes, car tout androgyne qu’il soit, il est vraiment hétérosexuel (même si ce qui l’attire le plus c’est de séduire des femmes homosexuelles, il dit même qui’l est « lesbien ».) Mais c’est aussi une source de conflit avec sa mère qui ne peut pas tolérer les hétérosexuels et qui, contrairement à beaucoup de parents, ne souhaite qu’une chose : que son fils tombe amoureux d’une homme…

Et puis, Paul va se poser la question de ses origines … Qui est son père? Et ce père peut-il expliquer l’attitude de sa mère vis à vis de lui?

D’autres thématiques sont évoquées aussi mais je ne vais pas rentrer dans le détail. Ce roman est très plaisant à lire et vraiment original d’un point de vue sociologique.

 chez Antigone

catégorie « personne connue »

Les Danois : Clarke


Un phénomène étrange commence à faire jour au Danemark : des femmes d’origines ethniques non européennes donnent naissance à des bébés blonds aux yeux bleus, et ce ne sont pas des enfants adultérins, il y a même eu un test de paternité fait pour la première femme à qui s’est arrivé, Sorraya, une jordanienne. Mais c’est aussi le cas de Kirsten, une danoise -blanche- qui sait avec certitude que le père de son bébé est Mauritanien…

Ce phénomène commence à prendre de l’ampleur dans toute l’Europe et cela crée de grosses tensions entre les communautés issues de l’immigration. C’est considéré comme un virus, comme une épidémie qui vise à annihiler les origines et la culture de certaines populations…

Cet aspect de la BD est plutôt intéressant car il y a un questionnement sur la part du physique dans le sentiment d’appartenance à une culture et le fait que d’effacer toutes différences raciales effacerait aussi toute forme de racisme…

Mais l’histoire prend aussi un tour d’enquête journalistique mais aussi de sorte de complot avec des laboratoires qui cherchent à trouver un vaccin et je dois avouer que c’est là que cette BD m’a perdue car j’ai trouvé tout cet aspect extrêmement confus. J’ai trouvé que tout allait très vite, j’ai eu du mal à situer les liens entre les personnages et j’ai vraiment eu l’impression de n’avoir rien compris à l’aspect politico-scientifico-espionnage…

Et comme je n’ai pas non plus été particulièrement touchée par les dessins, je garde une impression assez mitigée de cette BD.

  chez Stephie

Pour le mois Belge chez Anne et Mina 

catégorie « lieu »

Pico Bogue Pico Love : Alexis Dormal et Dominique Roques

Pico Bogue et sa soeur Ana Ana sont deux enfants qui vivent avec leurs parents. Ils sont très jeunes mais ils ont un regard à la fois enfantin et très mature et même assez cynique ou philosophique sur le monde qui les entoure.

Dans cet album, la thématique est autour de l’amour, que ce soit l’amour romantique ou familial. Mais il y a aussi le fait que Pico déteste l’école et justifie toujours son manque de travail et ses mauvaises notes (même quand cela lui coûte l’amour…). Ses parents ont bien du mérite à vivre avec un petit garçon qui a réponse à tout 😉

Comme dans les autres albums que j’ai lus, c’est un savant mélange de planches drôles, tendres, touchantes ou râleuses. C’est en tout cas vraiment plaisant à lire! J’ai vraiment aimé aussi le personnage de Ana Ana, la petite soeur qui n’a pas sa langue dans sa poche non plus!

Et voici une page qui m’a parlé en pleine période de confinement :

 chez Antigone

catégorie « Relations amoureuses »

Pour le mois Belge chez Anne et Mina 

La vérité sort de la bouche de Bastien

Bastien a 10 ans et 6 mois et la vérité sort toujours de sa bouche 😉

(Curieusement malgré le confinement et toutes les heures de la journée que nous passons ensemble je n’ai pas forcément noté tout ce qu’il a dit soit parce que finalement je n’y pensais pas ou que je n’avais pas le temps avec la continuité pédagogique côté prof et côté élève car j’ai passé beaucoup de temps sur l’ordinateur… Et puis peut-être aussi que je n’avais pas totalement la tête à ça…

  • Je parle à Bastien de personnes qui vivent en EHPAD et il me répond :  » Hein ? En IPad ? »
  • Je lui dis que nous allons manger du poisson aux poireaux, et qu’il faut que je trouve une recette et il me répond : « J’ai idée, pour le poisson du fish and chips et pour les poireaux, à la poubelle ! »
  • Blague de confinement : « Ceux qui sont pas sages, ils vont être privés de sortie ! »
  • Comme on ne fait plus les courses qu’une fois par semaine, je dis à Bastien d’économiser un peu le fromage pour en avoir un peu tous les jours… « Et si on économisant plutôt les légumes ? On en mange jusqu’à temps qu’ils pourrissent ! » (Il n’aime toujours pas les légumes et en mangeant en famille midi et soir, il a doublé dose de légumes !!)
  • Bastien vient me demander s’il peut faire une séance Skype avec so copain G pour un message privé. Je lui trouve un air tout triste alors je lui demande pourquoi. Et il répond avec les yeux un peu rouge : « Je voudrai lui demander des nouvelles de sa mère parce que je viens d’écouter la chanson de Stromae sur le cancer et ça m’a fait penser à elle… » (Cette maman que nous connaissons bien nous a en effet annoncé un cancer du sein au début du confinement et j’en avait parlé à Bastien au cas où son copain lui en parlait par Skype. J’ai transmis ses inquiétude à cette maman qui a été touchée.)
  • Il n’aime pas l’école même quand c’est l’école à la maison mais il aime écrire et on le laisse faire un peu de traitement de texte et il a décidé de faire des petites rédactions. Il écrit une petite « autobiographie » de lui même sans que je n’intervienne sauf à la relecture en lui faisant remarquer quelques erreurs d’accords mais pas plus.

  • « Je n’aime pas l’histoire, on fait la même chose depuis le CE1… Et puis je retiens aucune date! A part la date de la révolution française : 1978! » (Je lui demande s’il est sûr de lui et il réfléchit : « ou 1879 ou 1798… je suis sure que c’est ces quatre chiffres là : Ah oui : 1789! Tu vois j’avais raison! »
  • Un point positif de ce confinement c’est que Bastien partage régulièrement un peu de jogging avec moi (dans la limite du périmètre d’un km autour de la maison et seulement 2km pour lui) et c’est quelque chose que j’aime partager avec lui!

  • Et toujours des positions de lectures improbables!

Et la chance de lire dans le jardin au soleil :

Et un petit « Bag Face » avec le sac de la médiathèque qui nous manque!

Girl : Edna O’Brien (Lu par Claire Cahen)

Le seul livre que j’ai lu d’Edna O’Brien était « Fille de la campagne » son autobiographie mais j’avais abandonné car je m’étais beaucoup ennuyée alors appréhendais un peu cette lecture mais comme je savais qu’il s’agissait d’une fiction dans laquelle elle raconte l’histoire d’une des lycéennes enlevées au Nigéria par Boko Haram en 2014 en en faisant son personnage principal, je me suis dit que ça irait. Tout le monde a entendu parlé des ces jeunes filles emmenées de force par des djihadistes armés et utilisées par eux, mariées, violées, abusées …  Ce sont les filles pour qui le mouvement « bring back our girls » avait été lancé.

Maryam, la narratrice, donne une voix à ces jeunes filles en racontant la terreur et la violence de ce rapt et de ses conséquences, les viols, l’esclavage et les humiliations mais aussi la vie d’avant, quand elle se remémore son passé et également les vies d’autres personnages croisés, rencontres horribles ou positives quand elle arrive à s’enfuir et qu’elle trouve de l’aide.

Mais une fois sauvée, les épreuves ne sont pas finies car elle a eu un enfant avec le mari qui lui a été imposé et cet enfant n’est pas le bienvenu dans sa famille et elle doit alors se refaire une place dans la société car elle est peut-être vivante mais marquée par cette expérience et jugée par de nombreuses personnes, dont sa famille car elle est souillée…

Alors, l’histoire est forte, la situation est documentée et terrible, vraiment éprouvante même parfois mais ce que j’ai trouvé le plus difficile c’est la difficulté pour la victime d’être acceptée à son retour comme si elle était fautive…

Mais si l’histoire est intéressante je dois avouer que je suis restée à distance… Je n’ai pas réussi à m’attacher à Maryam, comme si Edna O’Brien avait réussi à passer des faits mais pas d’émotions et donc je ne peux pas dire que c’est un mauvais livre mais il m’a vraiment manqué quelque choses pour que ce soit plus qu’un témoignage lu dans un magazine ou vu dans un documentaire… Surtout que tout le long de ma lecture je ne pouvais pas m’empêcher de me dire « en plus, ce n’est pas un « vrai » témoignage mais une fiction alors je n’arrivais même pas à avoir l’empathie pour le personnage que j’aurais sans doute eu si j’avais lu un témoignage d’une des vraies victimes.

Pour résumé je dirai que c’est une histoire et un sujet important qui n’a pas su me toucher.

La version audio est bonne et la lectrice n’est absolument pas responsable de ce détachement (au contraire sans elle j’aurais sans doute abandonné car je finissais par m’ennuyer un peu..)

 Chez Sylire

La vraie vie : Adeline Dieudonné

Et un petit « Book Garden » 😉

Résumé de l’éditeur : « C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.
D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing. »

*

Ce roman m’a été offert par ma belle-soeur pour mon anniversaire cet été et je l’ai gardé pour le mois Belge exprès mais j’avais très envie de le lire sans pour autant me souvenir de pourquoi je l’avais repéré. Je me souvenais avoir entendu parler d’une atmosphère lourde et quand je l’ai pris au moment de ma remise en route de lectrice confinée, je n’ai pas lu la 4e de couverture (ce qui est rare chez moi) et je me suis plongée dedans tête la première.

J’ai beaucoup aimé ce roman et comme toujours quand j’ai aimé c’est plus dur d’en parler pour dire ce qu’on a aimé sans trop en dire! Alors tout d’abord ce qui est marquant dans cette histoire c’est effectivement l’atmosphère : lourde, poisseuse, pesante… Tout le long du roman on attend les drames, on attend les explosions, on craint pour la narratrice (de mémoire, je ne sais plus si on connait son nom?).

Ca commence comme une histoire de famille « parfaite » -papa maman une fille un garçon- vivant dans une maison individuelle avec petit jardin dans un lotissement… On dirait une publicité sur papier glacé pour du café… Sauf que ce ne sont que des apparences. La petite fille de 10 ans ne vit que pour protéger son petit frère Gilles qui a 6 ans, sa mère était complètement effacée (elle parle de sa mère comme étant une amibe) et son père porte la peur en lui : chasseur de bêtes sauvage, il y a même une chambre réservée à ses trophées de chasse empaillés, mais aussi porteur d’une violence latente et même physique…

Quand Gilles se retrouve traumatisé par un accident et semble disparaître, sans que les parents ne s’en aperçoivent, la petite de 10 ans faire tout son possible pour remonter le temps et faire en sorte que cet événement s’efface et que tout reprenne comme avant. Après avoir cru à la magie, elle se tourne vers les sciences…

Mais la vie pesante continue, le père devient de plus en plus écrasant, mettant une pression sur la famille et en particulier sur le fils exacerbant ses traumatismes plutôt que de les guérir : la chasse, la domination, la violence sont toujours présentes.

La fillette devient une jeune fille et elle essaie de s’éloigner sans vouloir lâcher son frère…

C’est donc l’histoire d’une vie normale qui cache un roman noir derrière les portes closes…

Je n’en dirai pas plus mais je vous recommande cette lecture dans un style vraiment fort (mais je ne rejoins pas la quatrième de couverture : moi je n’ai pas trouvé ce roman « drôle ». Je l’ai trouvé « acéré » comme si on avançait sur une lame ou qu’on avait peur de tomber dans un précipice… Une bonne découverte!

chez Antigone

Pour le mois Belge chez Anne et Mina