Harcèlement : Guy Jimenes

Cette histoire raconte des événements qui se sont produits 2 ans auparavant dans un collège tout à fait ordinaire. Valentin est nouveau, il essaie de se faire des copains mais Bastien et Karim qui lui paraissent sympa au début se retournent très vite contre lui car il est un peu énervant. Ce dernier devient alors leur bouc émissaire. Il subit des brimades qui escaladent en violence et il se met de plus en plus en retrait, s’éteint…
 
Personne ne s’en rend compte, ou plutôt, personne ne devine ce qui ne va pas, ni ses parents, ni ses professeurs, ni le principal… mais les autres élèves, eux, savent très bien ce qui se passe. Il y a un clivage entre ceux qui participent activement à ce harcèlement et ceux qui le tolèrent.
 
L’originalité de ce roman c’est que le récit est fait des témoignages des différents protagonistes de l’affaire qui, quelques temps après se confient ou donnent leur point de vue à une psychologue qui fait un mémoire sur le harcèlement scolaire. Elle ne parle jamais, on entend juste les voix des élèves, enseignants et parents qui déroulent petit à petit l’année scolaire durant laquelle Valentin a souffert en silence.
 
C’est très réussi, vraiment poignant, tout en étant réaliste et comme c’est écrit sur le mode d’une enquête cela rend l’ensemble très accrocheur. J’ajouterai que même si les protagonistes sont presque tous des collégiens, ce roman est très bien écrit, l’auteur ne cherchant pas à créer un langage faussement « jeune ».
 
« Ce qui s’est passé cette année-là, ce que notre classe a fait subir collectivement à Valentin est dégueulasse. Parce qu’on peut toujours accabler Bastien, et je suis la première à le faire, et affirmer que, sans lui, ce ne serait pas arrivé… Il n’empêche que […] TOUTE LA CLASSE SAVAIT ET PERSONNE N’A RIEN DIT. » (p 133)
 
(La mère) « Notre premier réflexe a été d’en vouloir aux enseignants et à leur principal. Vous savez, c’est vieux comme le monde : quand le message est trop dur à avaler, on s’en prend au messager. Cela dit le collège a une lourde responsabilité dans cette histoire. Eux non plus n’ont pas su déceler ce que dissimulait le changement de comportement de Valentin, son repli. Mais comment pourrait-on leur jeter la pierre, alors que nous avons, nous les parents, fait preuve du même aveuglement. » (p 155-156)

 

 2012-2013, sélection 5ème – 4ème.

Les élèves de 4ème qui l’ont lu au Club Lecture l’ont beaucoup aimé et l’ont trouvé fort et dur.

Personnellement, en tant que professeur principale d’une classe de 4ème d’un petit collège, cette année, j’ai déjà eu à régler par 2 fois des problèmes de harcèlement (dont un cas assez lourd où la gendarmerie a été impliquée). Et ce n’est pas la première année que je traite ce genre de problèmes entre des élèves. C’est un sujet qui me tient depuis toujours très à coeur car je considère qu’aller au collège en souffrant est inadmissible. Le message que j’essaie de faire passer à mes élèves c’est qu’il faut se respecter et ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse mais aussi que ceux qui « laissent faire » sans rien dire sont presque aussi coupables que ceux qui agissent… J’essaie de leur faire comprendre qu’il faut briser cette loi du silence.
 
Après les problèmes très sérieux que nous avons eu dans ma classe, j’ai montré ces vidéos aux élèves et le site net écoute et je crois qu’ils ont été très touchés. Si vous avez des adolescents chez vous, ou si vous travaillez avec des ados, parlez en avec eux, ne croyez surtout pas que ça n’arrive qu’aux autres (que ce soit en tant que harceleur ou harcelé…) Ne croyez pas que votre enfant n’est pas capable de faire du mal… : on aurait donné « le Bon Dieu sans confession » aux « méchants » à qui j’ai eu affaire ces dernières années…

Les claques