Un paquebot dans les arbres : Valentine Goby

J’avais eu un coup de cœur pour « Kinderzimmer » découvert en audio alors quand j’ai appris le même jour que Valentine Goby sortait un nouveau roman pour la rentrée littéraire 2016 et qu’elle venait près de chez moi fin août pour une rencontre, je savais que je lirais ce roman sans même savoir de quoi il parlait. Quand ma libraire m’a dit qu’elle aimait beaucoup sa lecture, je me doutais que j’allais aimer !

Vous avez vu le cœur en haut de mon billet et ce coup de cœur je l’ai ressenti avant même d’avoir fini ma lecture et je l’ai eu pour le style et pour l’histoire.

L’histoire c’est celle d’une famille dans les années 50-60. Des gens ordinaires, ou plutôt une famille ordinaire qui gravite autour d’un père qui est un personnage haut en couleur (en anglais on dit « larger than life »). Odile et Paulot tiennent le bar du village. Paulot dégage une joie communicative même si en réalité il est assez égoïste avec sa famille : Odile qui lui passe tout, Annie, la fille aînée qu’il idolâtre, Mathilde la cadette qu’il traite comme un garçon et qui fait tout pour se faire remarquer, même si ça veut dire faire des bêtises pour se faire disputer et se faire appeler «son p’tit gars » et Jacques le petit dernier qui ne connaîtra pas vraiment cette période faste. Car les choses vont soudainement prendre un tour tragique quand le père est atteint de la tuberculose .

Leur vie ne redeviendra jamais comme avant et quand les deux parents sont envoyés au sanatorium près de leur village, c’est aussi la vie des deux plus jeunes enfants qui est bouleversée . Mathilde doit grandir très vite pour prendre en charge toute la famille sur ses épaules au point de s’oublier. Elle a 18 ans mais elle devient la mère de tout le monde tout en essayant de vivre une vie de jeune fille.

L’écriture de Valentine Goby est vraiment belle : poétique et fluide. Elle évoque les pensées de cette toute jeune fille au fil de sa courte vie si remplie, tisse des liens entre les personnes et la nature. Elles crée des rencontres, met en avant l’envie d’être aimée, l’envie de bien faire, la peur d’être jugée et la culpabilité de parfois ne pas penser aux autres…

En parallèle de cette histoire de famille, il y a aussi la plus grande histoire. Celle de la France de cette époque : les trente glorieuses qui laissent quand même au bord du chemin ceux qui pourtant auraient besoin d’aide mais qui n’ont pas les moyens et puis la guerre d’Algérie.

Je ne pense pas que mon billet rende justice à ce roman que j’ai trouvé tout simplement beau et fort avec des personnages riches et finement traités. Je ne peux que vous encourager à le lire ! (Il fait parti de ses livres dont il est difficile de parler, ceux pour lesquels on a juste envie de dire « Lisez-le ! »;-)

ma Best