Mal de mère : Rodéric Valambois

Cette bande dessinée est d’autant plus forte que c’est l’histoire personnelle de l’auteur qui nous raconte son enfance, sa vie de famille quand ses frères et sœurs et lui-même vivaient avec leurs parents.

C’est un sujet lourd car il y est question d’alcoolisme et si ce n’est pas la première fois que je lis sur le sujet, c’est la première fois que je lis l’histoire d’une mère alcoolique. Et cela n’est vraiment pas anodin.

Cette mère est d’abord présentée comme une femme parfaite, elle est la mère par excellence qui crée un environnement propice à toute la famille. Le père lui est plutôt froid et distant, les enfants comme souvent prennent cette vie comme acquise.

Mais petit à petit, il y a plus de disputes entre les parents, des rancœurs, et le comportement de la mère change. Elle se « laisse aller », se distancie de sa vie de famille et petit à petit tous les membres de la famille réalisent que c’est l’alcoolisme qui s’est installé.

On passe alors par des séries de chutes -morales et physiques-, des tentatives de s’en sortir, des bouteilles cachées absolument partout, des stratégies pour acheter de l’alcool, de l’abandon de soi… Et des enfants qui sont pris en otage de cette situation qu’ils ne comprennent pas forcément et qu’ils ne maîtrisent pas.

Cette BD met mal à l’aise car on sait que l’alcoolisme est une maladie mais c’est toujours difficile de se dire que cette mère n’arrive pas trouver d’issue pour ses enfants et en cela on a du mal à la comprendre et l’excuser pour le mal qu’elle fait à ses enfants. Et en même temps, on comprend aussi qu’elle subit cette maladie qui semble incurable, elle en souffre aussi.

La conclusion de l’auteur, adulte, est très touchante :

« Je me suis longtemps demandé comment ma mère avait pu imposer cela à ses enfants. C’est quand je suis devenu papa à mon tour que j’ai réalisé que je m’étais trompé. Elle n’était pas seulement ma mère, elle était aussi une femme, une épouse, une institutrice. Je ne l’avais jugée que comme mère, alors que c’est d’abord à elle-même qu’elle avait infligé tout cela. Même si je ne sais toujours pas exactement pourquoi elle a lentement mis fin à ses jours, certains événements me sont apparus sous un autre angle. Car à mon tour je ne suis plus seulement un fils, mais aussi un homme et un père. »

J’ai trouvé cette BD très touchante et émouvante même si je n’ai pas particulièrement les dessins que j’ai trouvé un peu « grossiers ». Mais pour le sujet, cet album mérite d’être découvert !

C’est aujourd’hui seulement que je réalise que ce billet tombe le jour de la fête des mères… Un hasard …

Petit Bac 2017 catégorie « famille »