Le coeur régulier : Olivier Adam

J’aime beaucoup Olivier Adam et j’ai acheté ce roman sans attendre (alors que j’avais lu « Des vents contraires » peu de temps avant et que d’habitude, je préfère attendre un peu entre deux livres d’un même auteur) car une dédicace de l’auteur était prévue dans ma ville. J’avais lu (en diagonale) quelques critiques plutôt négatives sur la blogosphère et j’avais un peu peur d’être déçue…
 
J’ai aimé le style, très fluide et presque poétique d’Olivier Adam. Le thème est toujours assez sombre. Une soeur dont le frère presque jumeau est mort est persuadée qu’il s’est suicidé et a beaucoup de mal à se remettre de cette mort.
 
Le récit nous fait suivre Sarah au Japon où, en pleine crise de déprime, elle est allée chercher la trace de son frère aimé qui était allé dans une petite ville japonnais où les gens vont pour se suicider mais en était rentré changé… Elle même trouvera un réconfort inattendu dans ce lieu.
 
Elle revient aussi sur l’histoire commune qu’elle a vécu avec son frère, leur union face au monde quand ils étaient jeunes, leur éloignement quand son frère sombre dans un certain désespoir et qu’elle commence à s’installer dans une vie plus rangée.
 
J’ai d’abord eu du mal à m’attacher aux personnages. Comme si Olivier Adam lui-même ne savait pas trop ce qu’il voulait que l’on pense d’eux… Ils sont plein de clichés, assez manichéens… Et puis au fur et à mesure de la lecture, j’ai trouvé que le personnage de Sarah devenait plus touchant dans ses doutes et ses regrets, dans sa prise de conscience de ses contradictions. J’ai aussi apprécié de retrouver cette force, cette sorte de deuxième souffle qu’Olivier Adam sait donner à ses personnages qui semblent avoir besoin de toucher le fond pour pouvoir remonter à la surface. Avec du recul, je peux dire que j’ai plutôt aimé ce livre.
 
Je pense qu’il ne faut peut-être pas commencer à découvrir Olivier Adam avec ce roman mais plutôt avec « A l’abri de rien » ou « Des vents contraires ». Mais pour quelqu’un qui comme moi apprécie l’univers et le style de cet auteur, il vaut la peine d’aller au bout car si le début m’a un peu destabilisée, je me suis ensuite plongée dedans et je pense que c’est un livre qui se « mérite », qui a besoin qu’on le laisse murir en soi. Mais peut-être était-ce parce que j’avais beaucoup aimé « Des vents contraires » juste avant?
 
J’ai rencontré Olivier Adam lors d’une dédicace dans une librairie de ma ville fin août. C’est un homme charmant, très abordable qui semble avoir pas mal de recul sur le monde littéraire. Il a pris du temps pour discuter avec moi de ses romans. Je lui ai fait dédicacer « Des vents contraires » en lui expliquant que c’était celui que j’avais préféré et que j’avais été un peu déstabilisée par le dernier. Il m’a dit que « Des vents contraires » était son roman le plus direct et que « Le coeur régulier » est celui qui nécessitait sans doute le plus de recul. On a aussi parlé de ses enfants (j’avais Bastien dans l’écharpe de portage…ça crée des sujets de conversation!) et de la difficulté pour un enfant d’avoir un père écrivain connu : pour le plus jeune de ne pas voir son père pendant une tournée et pour la plus grande de savoir que son père est connu pour écrire des « livres tristes », même si pour lui, le fait que ses thèmes soient noirs n’est qu’une parcelle des romans. J’ai vraiment beaucoup apprécié cette rencontre, car au-delà de la signature, j’ai eu l’impression de le découvrir un peu!