Les heures souterraines : Delphine de Vigan (Lu par Marianne Epin)

Dans ce roman, deux voix se croisent, deux vies sont racontées : celle de Mathilde et celle de Thibault.
 
Mathilde est une mère de famille, qui vit seule avec ses trois enfants et qui travaille dans une grande entreprise en tant que cadre. Elle avait des responsabilités, était reconnue et appréciée dans ce travail qu’elle aimait jusqu’à ce que son chef la prenne en grippe et lui fasse subir un harcèlement moral totalement destructeur qui l’affaiblit dans tous les domaines de sa vie.
 
Thibault est médecin pour les urgences médicales à Paris. Il passe sa vie dans sa voiture à aller soigner des gens : de la bobologie aux grandes détresses, il croise toute la société qui va mal dans sa journée de travail. Il doit se monter solide et pourtant, il vient de quitter la femme qu’il aime mais qui elle ne l’aime pas assez. Il souffre de cette rupture même s’il la sait salutaire.
 
Le récit se consacre à une journée qui, pour les deux personnages, chacun de leur côté, va être une journée de remise en question, d’introspection et de prise de conscience que la vie ne peut pas continuer ainsi.
 
J’ai été très touchée par ce roman. L’histoire de Mathilde est poignante et révoltante. C’est une femme forte et pourtant elle est affaiblie petit à petit. Il y a un côté presque « thriller » dans l’opération de destruction de son chef. Il est dur de se dire que des gens subissent ça tous les jours… Et pourtant…
 
Quant à Thibault, c’est plus un passage à vide, une impression que sa vie a été vaine, des interrogations sur ce que sa vie a été pour lui et ce qu’il est pour les autres.
 
J’ai aimé le style de Delphine de Vigan qui est précis et fluide (j’avais aussi beaucoup aimé « Rien ne s’oppose à la nuit »). Elle sait traiter ces thèmes forts avec beaucoup de justesse et et d’émotion retenue.
 
La lectrice, Marianne Epin, est excellente. J’avais vraiment l’impression d’entendre les personnages s’exprimer tant elle savait rendre leurs émotions, leur retenue, leur découragement et cela avec un rythme qui correspondait parfaitement aux situations.
 
A la fin, il y a un entretien avec Delphine de Vigan que j’ai trouvé très intéressant.