Manikanetish : Naomi Fontaine

L’an denier, j’avais eu un coup de coeur pour la version audio du premier roman de Naomi Fontaine : Kuessipan alors je savais que je lirai celui-ci quand j’ai vu qu’elle en avait écrit un autre. J’ai eu la chance de l’acheter lors de son passage au Festival Amercica.

Et c’est à nouveau un coup de coeur. Quelle plume! Cette jeune auteur écrit vraiment bien, tout en finesse, avec une certaine poésie pourtant tout à fait ancrée dans la réalité. Elle dit les choses d’une belle façon, tout sonne juste. C’est d’une belle fluidité.

L’auteur sait s’effacer derrière son texte et pourtant, le texte parle d’elle. Pas uniquement d’elle car elle parle du peuple Innu (anciennement connu sous le nom des Montagnards), de la vie à la réserve de Uashat mais aussi plus particulièrement des jeunes avec qui elle travaille. En peu de mots, elle sait tisser une communauté

On suit Yammie, toute jeune enseignante fraîchement diplômée qui décide de quitter Québec et son petit ami pour retourner à Uashat, sur la Côte-Nord pour prendre son premier poste à l’école Manikanetish (Petite Marguerite). Elle vient de cet endroit, elle y est née mais sa mère est partie à Québec avec elle quand elle avait 7 ans et elle est dans une position particulière de celle qui EST Innue mais qui n’a pas vécu au sein de la communauté. Son retour pour y enseigner est autant pour elle le besoin de transmettre que d’apprendre de ceux qu’elle va côtoyer.

Cette histoire est donc celle de Yammie, de sa famille, de cette jeune femme de son époque qui apprend à s’approprier des codes et retrouver ses racines mais surtout, c’est l’histoire -les histoires- de ses élèves.

Elle rencontre des jeunes parfois en perdition, parfois qui s’accrochent pour s’en sortir malgré les difficultés rencontrées. Décrochage scolaire, maternité précoce, étudiantes élevant déjà un ou deux enfants, suicides, deuils familiaux…

Elle ne va pas essayer de les « sauver » mais de leur apporter une écoute, un enseignement qui les revalorise et aussi, un peu sous la contrainte de son directeur elle va les pousser un peu dans leurs retranchements en leur faisant monter et jouer « Le Cid » dans le cadre d’un atelier théâtre.

Ce roman est très touchant, pas du tout manichéen, il ne cache pas les difficultés à enseigner et les difficultés à vivre dans une réserve, il montre des personnages vraiment attachants et des situations de vie pas simples.

J’ai vraiment aimé et je sais que je lirai son prochain aussi!

Quelques extraits, mais j’aurais pu noter une page deux 😉 :

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Petite anecdote : Au festival America, dans la queue pour la dédicace, j’ai parlé quelques  minutes avec la personne devant moi, elle a évoqué qu’elle avait un blog mais je n’ai pas rebondi mais j’ai entendu le prénom qu’elle donnait à Naomi Fontaine et c’est une fois rentrée chez moi que j’ai réalisé que ce prénom correspondait à la blogueuse Sharon que je connais virtuellement depuis un moment alors on peut dire qu’on s’est rencontrées sans s’en rendre compte 😉

Je n’ai pas eu la chance d’assister à la table ronde sur la thématique des Premières Nations mais j’ai regardé la captation qui en a été faite et c’est passionnant. Cela ne concerne pas seulement les Premières Nations au Québec mais Naomi Fontaine intervient et à l’occasion de cette lecture commune autour de le littérature autochtone, je trouve que c’est très intéressant de se plonger dans leurs univers.

  chez Karine:) et  Yueyin

 autour de la littérature autochtone et sur ce titre plus particulièrement avec  Argali, Karine et Sharon : Allons voir leurs avis!