Le Petit Prince cannibale : Françoise Lefèvre

C’est une histoire de femmes. La narratrice est deux femmes à la fois : elle est écrivain et mère, comme deux parties d’elle-même. Elle évoque tout le processus d’écriture, l’intrusion, presque malgré elle, des mots et des personnages dans sa vie, dans sa tête. Elle est d’ailleurs presque possédée par  Blanche, son personnage, mystérieux, qui va et vient au fil du récit.
 
Elle est également la maman d’un petit garçon autiste. Elle décrit la relation fusionnelle et conflictuelle qui existe entre eux. Elle organise une défense contre le monde extérieur pour protéger son fils. Elle est à la fois dans la tourmente et dans la joie des petites victoires.
 
Sa vie personnelle et sa vie d’auteur sont vampirisées, dévorées par ce « Petit Prince cannibale ». C’est un récit poignant, fort, sur cette relation très spéciale (qui m’a particulièrement parlé car il y a un enfant autiste au collège).
 
Il y a de magnifiques passages d’amour maternel et des passages d’une grande tristesse face à l’impuissance ressentie par cette  mère.
 
J’ai aussi beaucoup aimé la partie sur sa facette créatrice, de vecteur de personnages qui cherchent à s’exprimer à travers elle, mais qui n’arrivent pas toujours à s’imposer.
 
J’ai beaucoup moins aimé les parties sur le personnage de Blanche, le personnage du roman de la narratrice car sa présence ne m’apportait pas grand chose par rapport au reste du roman, d’autant que cela correspondait aussi aux passages moins réalistes, plus étranges qui me faisaient un peu décrocher.
 
Ce roman mêle un style poétique à un style plus concret. Ce qui m’a gênée ce sont les envolée irréelles qui ne cadraient pas avec le reste mais j’ai quand même beaucoup aimé le contenu.
 
Cet roman est ma lecture « Personne connue » de ma catégorie « Petit Bac Goncourt des lycéens » pour le Petit Bac 2012

    1990

J’inscris ce roman dans le Challenge Romans sous Influence de George et Sharon car l’auteur compare à plusieurs reprises son fils au Petit Prince de Saint-Exupéry : « Pour moi un enfant autiste, je l’ai appris en entrant dans ton univers, c’est un peu le Petit Prince de Saint-Exupéry. Un Petit Prince qui habite une autre planète et qui lorsqu’il se met à parler pose des questions sur la mort. Peut-être pose-t-il les vraies questions. Et trouve parfois les vraies réponses. » (p 77)

« -Mais c’est le prince Sylvestre voyons! Ne le savez-vous pas? Il habite un mystérieux royaume, dont il est seul à connaître les chemins qui mènent à un trésor caché. » (p 84)

J’inscris ce texte au Défi Livres de Argali   puisqu’on parle du processus d’écriture, de la place des personnages et des mots dans la vie d’un auteur mais aussi de la difficulté d’écrire quand on est aussi une mère : « Je me plains souvent de la difficulté d’écrire au milieu d’un tourbillon d’enfants dont les exigences, l’appétit de vivre, les cris joyeux mais stridents dont fuir les mots, les phrases naissantes. » (p 25)