Kill the Indian in the child : Elise Fontenaille

Comme je vous le disais dans mon billet sur « Le premier qui pleure a perdu », j’ai assisté à une conférence sur les Indiens d’Amérique du Nord (Canada inclus) et principalement sur la terrible injonction de « Tuer l’Indien dans l’enfant » (« Kill the Indian in the child ») qui consistait à retirer de force des enfants à leurs familles dans les réserves pour les envoyer dans les « Residential Schools » soit disant pour leur apprendre à lire et écrire en anglais mais qui consistait réellement à détruire leur culture à coup de religion catholique et de bourrage de crâne au mieux et de sévices physiques, sexuels, psychologiques dans les pires des cas… malheureusement les plus fréquents aussi… La conférencière nous a expliqué que ces destructions ont eu des conséquences terribles, pas seulement immédiates sur les enfants qui les subissaient mais bien au-delà car d’une part, les familles étaient détruites mais en plus, certains enfants étaient tellement bien « reformatés », qu’ils ignoraient tout de leur héritage Indien. Cela a terriblement contribué à une fragilisation psychologiques des descendants des peuples Indiens… Un véritable « génocide culturel » pour reprendre la soeur de Chanie Wenjack qui a connu ces écoles…

Quand j’ai vu qu’il existait un roman jeunesse intitulé « Kill the Indian in the child », je me suis jetée dessus pour en savoir plus car c’est un sujet fascinant et important, surtout quand on sait que ces « écoles » ont existé jusque dans les années 1990!

Pour commencer, je dois dire que ce roman m’a plu mais que je l’ai trouvé trop léger et court et que je ne suis pas sûr qu’il parlera à des lecteurs qui ne sont pas un peu informés au sujet de ce pan de l’histoire des Indiens d’Amérique. Il y a bien une postface qui donne des informations, mais c’est un sujet qui, à mon avis, ne devrait pas être survolé. Cependant, le roman est bien écrit et pourra certainement être un point de départ pour aborder ce sujet ou une conclusion mais je pense que le jeune lecteur devra être accompagné pour avoir un peu plus de fond sur le sujet.

Merci à l’auteur de le mettre en avant en France car c’est un sujet très important!

L’histoire est celle d’un jeune Ojibwé qui doit quitter sa famille pour être enfermé (car l’école ressemble plus à une prison) pour être « éduqué »… Mais là-bas, il subira des violences terribles, des humiliations et des privations de nourriture…  Il arrivera à s’échapper mais la mort sera malgré tout au bout de sa route…

Cet enfant fictif, est inspiré de Chanie Wenjack qui a réellement existé et qui a réellement souffert dans la pire « residential school » du Canada. La mort du jeune Chanie a marqué les esprits car un journaliste l’a mise en lumière. C’est devenu une figure importante de la lutte des Indiens.

Chanie Wenjack

La conférencière nous avait parlé de ce jeune garçon.

Pearl Wenjack parle de son frère

Un album musical et un roman graphique ont parlé de Chanie (cliquez sur l’image pour lire un article en français qui en parle)

Joseph Boyden a aussi parlé de lui (cliquez sur l’image pour lire un article en français qui en parle)

Merci à  et 

Le moindre des mondes : Sjón

J’ai acheté ce livre après ma rencontre avec l’auteur, Sjón, dans ma librairie, parce qu’il m’avait vraiment intéressé. Pourtant, j’avais dit que je n’achèterais plus de roman islandais car je me suis rendue compte à chaque fois que je n’étais pas du tout emportée dans leurs univers… Mais j’ai été faible car l’homme était vraiment passionnant… et après avoir lu ce très court roman, je déclare à nouveau et cette fois pour la dernière fois je pense : la littérature islandaise n’est pas faite pour moi!

Voici ce qu’en dit l’éditeur :

« Un jour tout blanc de neige et de glace, le révérend Baldur Skuggason, part à la chasse, fusil à l’épaule, fureur au ventre. Pendant ce temps, Fridrik le botaniste cloue un cercueil, celui d’Abba, handicapée de naissance. Ces trois personnages, la bête féroce, le lettré et la douce enfant vont de façon étonnant mêler leur histoire. »

Alors… comment vous parler de cette histoire… Le positif, c’est la langue, très poétique, un beau style qui fait vraiment voyager en Islande, géographiquement mais aussi dans l’esprit islandais, si je me base sur ce que l’auteur nous a dit de l’amour des Islandais pour les mots. D’ailleurs dans le texte on peut lire :

« Il déclara à ses compagnons de voyage :

-J’ai vu l’univers! Il est constitué de poèmes!

Les Danois se dirent qu’il avait parlé là en « rigtig Islænding », c’est à dire en authentique Islandais. »

Mais par contre en ce qui concerne l’histoire je ne peux pas dire que je sois sous le charme… Les trois personnages évoqués dans la quatrième de couverture sont bien présents mais les histoires sont assez cloisonnées et comme le roman est très court, on n’a pas vraiment le temps de s’attacher à eux et à prendre le temps de voir le lien. Ils sont un peu trop survolés à mon goût. Et puis il y a une scène un peu onirique de délire où une renard a aussi un rôle important…

Bref j’ai été un peu perdue dans ce roman que je ne conseillerais qu’aux amateurs du style islandais dont je ne fais décidément pas partie!!

 chez Cryssilda