« Yeghvala La belle sorcière » de Catherine Gendrin, illustrations de Nathalie Novi

C’est un très bel album jeunesse aux peintures vraiment belles, aux couleurs chaudes, pleines de mouvements. C’est très esthétique.

Ce conte est celui de Yeghvala, née sorcière dans une roulotte Tsigane. De nombreuses sorcières puissantes se sont penchées sur son berceau pour lui attribuer toutes sortes de pouvoirs.

Elle grandit, tombe amoureuse et jette un sort à l’homme qu’elle aime, a de nombreux enfants tout en restant jeune et belle. Son mari découvre un jour que c’est une sorcière et la prophétie du jour de sa naissance qui disait que « l’homme qui l’aimera voudra la tuer » se révèle vraie puisqu’il essaie de la brûler vive.

Ne craignant pas le feu, elle s’échappe et est sauvée par un vieil homme riche qui « lui offre tout ce qu’elle désire ». Mais elle s’ennuie : « Elle aimerait, elle aussi savourer cette vie de luxe où tout est facile et doux. Mais elle s’ennuie. »  Elle finit par retrouver sa famille mais son mari ne la reprend avec lui qu’après lui avoir coupé les cheveux par surprise car il savait que sa chevelure renfermait ses pouvoirs…

J’ai bien aimé la première partie du conte, particulièrement la scène où les sorcières de tous les horizons se réunissent autour de Yeghvala et le fait que le mari, par peur, se laisse influencer et décide de brûler sa femme malgré l’amour qu’il ressent pour elle…

Mais je dois avouer que je n’ai pas aimé la deuxième moitié, après que Yeghvala ait quitté sa famille. Elle vit avec cet homme riche qui semble aimant et mon impression est qu’elle profite de lui sans éprouver le moindre regret de ne plus voir son mari et ses enfants jusqu’à ce qu’elle s’ennuie de cette vie de luxe puis elle le quitte sans un mot… Cet aspect là me semble un peu amoral et égoïste car ce n’était pas un mauvais homme qui lui faisait du mal et Yeghvala ne semble pas très malheureuse sans sans famille…

L’autre aspect qui m’a un peu gênée, c’est que pour avoir le droit de rejoindre sa famille, son mari lui coupe les cheveux et par conséquent lui retire une partie d’elle, sa magie, sans lui demander son avis et cela m’a laissée un petit goût amer… pour être aimée par un homme, elle ne peut pas être elle-même? Il faut qu’elle renonce à sa personnalité, à ce qu’elle est? Ce n’est à mon avis pas une morale très féministe

J’ai lu ici ou là que ce conte était une magnifique histoire d’amour… Mais je ne suis pas tout à fait d’accord car cette histoire d’amour est fausse au départ, puisque Yeghvala obtient l’amour de l’homme par la magie, puis elle semble avoir oublié sa famille, et le mari ne l’accepte pas telle qu’elle est …

Mais je suis peut-être le vilain petit canard et la seule à avoir eu ces impressions là… Je précise que je ne suis pas une féministe militante mais vraiment en tant que femme ce conte ne m’a pas fait rêver et en tant que prof qui essaie d’inculquer un peu de respect entre les garçons et les filles, ça m’a un peu mise mal à l’aise…  Vive les bêtises et de ma collègue de français ont eu un peu le même ressenti et mais il faudrait avoir l’avis de jeunes lecteurs qui auront peut-être une toute autre lecture 😉

                 Pré-sélection CM2-6ème pour  2013-2014

« Les yeux au ciel » de Karine Reysset

Ce roman raconte un week end à Saint Lunaire, près de Saint Malo, dans la maison de famille où tout le monde -parents, enfants adultes avec ou sans conjoints et petits enfants, sont réunis pour l’anniversaire du patriarche.

Chaque chapitre correspond au point de vue d’un protagoniste de l’histoire, celle qui se déroule pendant ces quelques jours ensemble mais aussi l’histoire plus vaste de cette famille. Petit à petit, pièce par pièce, le puzzle de cette famille se met en place. Je ne vais pas rentrer dans les détails pour ne pas révéler les histoires dans l’histoire (le roman est court, pas la peine de le déflorer) mais je peux juste vous dire que c’est une famille qui a bien des problèmes à régler et qui cumule les situations particulières : familles recomposées, deuil d’un enfant, dépression post natale, homosexualité, immaturité de certains adultes et grande maturité des plus jeunes, désir d’être reconnu par ses parents…

Bref, c’est une famille plutôt ordinaire mais qui concentre des problèmes relationnels et les difficultés de communication.

J’ai bien aimé le style, l’écriture est simple et fluide que j’avais déjà apprécié dans « Comme une mère« . J’ai aussi bien aimé le fait de découvrir l’histoire globale d’une famille au travers des différents points de vue des membres de celle-ci. (J’avais déjà aimé ce procédé dans « Family Affairs » de Penelope Lively)

J’ai juste trouvé que c’était un peu « trop »… Cette famille ferait le bonheur des psychologues et thérapeutes familiaux tant il y a de choses à régler entre eux et d’un point de vue personnel…et chaque point d’achoppement n’est qu’effleuré et du coup, j’ai trouvé que cela manquait un peu de profondeur. Je reste sur une bonne impression du roman et de l’auteur mais j’en aurai voulu plus.

Repéré chez Canel. Merci à  Clara chez qui j’ai gagné ce roman!

   avec Géraldine ,  Aproposdelivres et Sandrine … Allons voir ce qu’elles en ont pensé!

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 Ceci est ma 2ème lecture « partie du corps » pour le