Reconnaître les stéréotypes racistes aux Etats-Unis et célébrer l’African American History Month avec Black-ish

Si vous lisez l’anglais, je vous recommande cet article très riche et très complet sur tous les stéréotypes racistes qui sont ancré dans la culture et pop-culture américaine (mais pas uniquement américaine… et j’avoue que moi-même, enfant, sans que ma famille ne pense à mal, j’avais une poupée « Golliwog » car c’était un personnage du dessin animé / livre « Noddy » (« Oui-Oui »))

Recognizing Racist Stereotypes in U.S. Media

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Et puisque c’est le dernier jour de février, et donc la fin de l’African American History Month (même si je prendrai tous les liens que vous m’enverrez en mars pour finir tranquillement les découvertes!) je partage avec vous cet extrait de la série « Black-ish » avec pour personnages une famille Afro-Américaine, qui dit (en anglais) ce que représente ce mois consacré aux personnalités noires aux Etats-Unis :

Dans leur regard (When They See Us) : série Netflix

Cette série en 4 épisodes raconte une histoire vraie qui s’est déroulée à New York en 1989.

Un soir, une bande de jeunes Afro-Américains trainaient et chahutaient, effrayant les passants dans Central Park.

Le lendemain, une jeune femme blanche a été retrouvée violée et sauvagement battue dans Central Park.

Parmi les jeunes qui ont été arrêtés suite aux troubles de la veille, cinq (quatre Afro-Américains et un Hispanique) vont être interrogés et manipulés par la procureure qui sous prétexte de vouloir marquer un grand coup d’arrêt à des séries d’agressions sexuelles sur des femmes à New York fait tout pour mettre ces jeunes sur les lieux de l’attaque… Ces jeunes ne sont que des adolescents, un seul a plus de 16 ans et les enquêteurs vont leur mettre une telle pression, ainsi que les médias (et Donald Trump, qui à l’époque s’était impliqué dans une campagne raciste contre ces jeunes) qu’ils vont finir par être condamnés.

S’en suit leur vie en prison avec toute l’horreur d’être considérés à tort comme un violeur, la séparation de la famille, la particularité d’être Noir aux Etats-Unis et le sortie de prison, et la réinsertion presque aussi dure…

Ce téléfilm est vraiment poignant, complétement choquant et pourtant certainement très réaliste…

Pour en savoir plus voici un article qui en parle.

Pour le rendez-vous : « Autour du racisme »

Blanc autour : Wilfrid Lupano et Stephane Fert

Résumé de l’éditeur : « 1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah.

La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l’école si la jeune Sarah reste admise.

Prudence Crandall les prend au mot et l’école devient la première école pour jeunes filles noires des États-Unis, trente ans avant l’abolition de l’esclavage. Nassées au coeur d’une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d’un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu’elles incarnent et de la haine qu’elles suscitent dès lors qu’elles ont le culot de vouloir s’élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l’affaire devant les tribunaux du Connecticut. Prudence Crandall, accusée d’avoir violé la loi, sera emprisonnée…

La douceur du trait et des couleurs de Stéphane Fert sert à merveille ce scénario de Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux), qui s’est inspiré de faits réels pour raconter cette histoire de solidarité et de sororité du point de vue des élèves noires. »

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Prudence Crandall était une jeune femme blanche courageuse qui pour le bien de l’instruction pour toutes préfère risquer la ruine et le rejet par toute la population de sa petite ville en accueillant dans son école des jeunes filles noires alors même que l’esclavage existe encore dans le Sud des Etats-Unis.

Dans cet album on voit plusieurs univers qui s’opposent : celui de la population blanche qui rejette en bloc la présence des jeunes filles noires parce qu’elles seront instruites. Ils ont bien conscience que l’instruction est la porte ouverte à une évolution dans la société et qu’ils ne pourraient plus éternellement dominer les Noirs du pays, esclaves ou affranchis, si ces derniers étaient éduqués. Il y a également Prudence et son père, ainsi qu’une vieille femme qui vit dans les bois, sorte de « sorcière » bienfaisante, qui eux vont faire tout leur possible pour justement donner une chance à ces jeunes filles. Ils seront épaulés par des sociétés abolitionnistes un peu partout aux Etats-Unis et feront de leur mieux pour ne pas se laisser influencer par  la population hostile. Et puis, il y a les jeunes filles noires bien sûr, venant de tous les horizons, parfois aisées, parfois très conventionnelles, reproduisant un peu le schéma de la société blanche et celles qui sont plus anticonformistes et même un peu rebelles, dont l’une d’entre elle, la première à avoir voulu entrer dans l’école par soif d’apprendre, qui questionne le fait que son éducation doit obligatoirement passer par la connaissances « blanches ».

Un autre personnage a son importance, c’est celui d’une jeune noir un peu sauvage, qui vit dans les bois et qui a appris par coeur des passages des discours de Nat Turner, cet esclave instruit qui avait entraîné une bande d’esclaves et qui avaient massacrés des propriétaires blancs et leurs familles, même les enfants, ce qui avait entraîné une vague de panique dans tout le pays. Ce garçon, épris de liberté va faire peur au Blancs et va aussi titiller l’esprit des jeunes filles sur la place qu’elles veulent prendre dans la société.

Tiré d’une histoire réelle, l’album se termine par un dossier historique.

J’ai beaucoup aimé les dessins qui sont à la fois simples mais aussi plein de douceur. Je vous conseille cet album qui est très humaniste.

Melwasul l’a aussi lu ce mois-ci.

Pour aller plus loin, vous pouvez voir mon avis sur « Confessions de Nat Turner« .