Le petit Bonzi : Sorj Chalandon

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Cette histoire est une tranche d’enfance dans les années 60 à Lyon. Des histoires d’école, de copains, de famille qui pourraient relever du « petit Nicolas » si elles n’étaient pas teintées d’une grande douleur. En effet, Jacques Rougeron, élève de CM2, est bègue et il en souffre terriblement.

Il est prêt à tout pour guérir de ce mal -prêt à manger des herbes inconnues ou s’enferrer dans des mensonges qui le dépassent rapidement.

Il souffre aussi d’une ambiance familiale lourde -mère distante et père violent.

Le petit Bonzi, son ami, l’ami idéal, le seul avec lequel il ne bégaie pas, est celui qui l’encourage et le pousse à se dépasser.

Il y a aussi l’instituteur, un homme sensible qui sait écouter ses élèves dans ce qu’ils disent et ce qu’ils ne disent pas (ou ce qu’ils n’arrivent pas à dire.)

Ce roman est plein d’émotion et de poésie. C’est une histoire d’un enfant en guerre intérieure contre la parole qui n’est pas libre, qui se réfugie dans l’écrit et dans l’imaginaire.

Cette histoire est d’autant plus touchante quand on sait que c’est le premier roman de Sorj Chalandon. Lorsque je l’ai rencontré à Rennes, il m’a dit qu’il avait écrit cette histoire car lui même était bègue enfant. Il a écrit ce roman comme un besoin et il pensait même que ce serait son seul roman. Maintenant que j’ai lu ce roman, je sais que si je le rencontrais à nouveau j’aurai envie d’en savoir plus sur les liens entre Jacques et Sorj.

Voici la dédicace que Sorj Chalandon a écrite dans mon exemplaire de ce roman :  » Pour vous, cette blessure d’enfance qui a donné naissance à l’homme que je suis. »

P27 : « D’un coup, un matin, comme ça, il n’a plus craint les consonnes ni les voyelles, ni les syllabes, ni rien. ses mots étaient en fête, en propre, en habits du dimanche, élégants, soyeux, fiers, ils flânaient dans des phrases si vastes qu’ils y marchaient de front. La tempête était apaisée. Elle avait quitté son souffle. Chaque mot attendaient de dire. Ils patientaient en gorge comme on rêve au salon. Presque, il a failli jeter son dictionnaire de synonymes. […] Faire taire ces mots pour rien, ces mots appris par cœur, tous ces mots de rechange quand un mot bègue en lèvres. »

Cette lecture est mon livre « Prénom » pour le laurier-couronne-fdb39


commentaires laissés sur Canalblog :
  • Il faut que je le lise !Posté par claramardi 22 mai 2012
  • @Clara : oui! il est très touchant!Posté par enna, mardi 22 mai 2012
  • Noté ! depuis le salon de Rennes Posté par Sandrine(SD49)mardi 22 mai 2012
  • @Sandrine : Tu es témoin, Sorj en parlait bien, n’est-ce pas Posté par enna, mardi 22 mai 2012 |
  • Sorj parle bien de tout! Il nous vendrait même l’annuaire! Posté par Valériemercredi 23 mai 2012
  • @Valérie : ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’à Rennes, il a dit que pour l’instant il n’avait aucune envie d’écriture, pas d’inspiration maintenant qu’il en avait fini avec la trahison : j’espère que ce n’est que temporaire… sinon : le bottin! Posté par enna, mercredi 23 mai 2012 |
  • Ah ! On dirait que Sorj a encore frappé ! Je suis contente de voir que tu n’auras eu aucune déception avec cet auteur.Posté par Midolamercredi 23 mai 2012
  • @Midola : ma déception c’est que je n’ai plus rien à lire de lui… Il faut vite qu’il se remette à écrire Posté par enna, mercredi 23 mai 2012  
  • J’ai toujours un peu peur de lire des romans qui ont pour thème des trucs trop près de mon boulot (ici, le bégaiement). Mais parce que c’est Sorj Chalandon, je pense que je vais me laisser tenter.Posté par Karine:)vendredi 01 juin 2012
  • @Karine : plus que le bégaiement, c’est la souffrance de l’enfant. c’est un roman très bien écrit!Posté par enna, vendredi 01 juin 2012

2 commentaires sur « Le petit Bonzi : Sorj Chalandon »

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